Élections Municipales Paris
Alors que Renaissance a choisi de soutenir Pierre-Yves Bournazel dans la capitale, le patron de la fédération parisienne s’affichera avec la ministre de la Culture.
Le Parisien - 28 octobre 2025 - Par Elie Julien
Après des mois à tenter de convaincre son parti que Rachida Dati (LR) était la mieux placée pour faire basculer la mairie de Paris, en mars, Sylvain Maillard, le patron de Renaissance dans la capitale, ne peut que constater son impuissance.
La direction du parti présidentiel, Gabriel Attal en tête, a décidé de soutenir le candidat Horizons, Pierre-Yves Bournazel. Un choix que Sylvain Maillard regrette : il nous annonce se mettre en retrait de ses fonctions.
Votre parti vient d’entériner son soutien officiel à Pierre-Yves Bournazel. Comment y réagissez-vous ?
SYLVAIN MAILLARD. Je travaille depuis des mois à un rapprochement entre Renaissance et Rachida Dati. Une proposition d’accord a été transmise et la quasi-totalité du programme sur lequel nous avons œuvré pendant dix-huit mois correspond parfaitement au programme de Rachida Dati. Je regrette donc cette décision.
La suivrez-vous ?
Je fais le choix de faire campagne aux côtés de Rachida Dati. J’ai exprimé mon désaccord à Gabriel Attal et lui ai annoncé que je me mettais en retrait de mes fonctions de président de Renaissance Paris. Il a pris acte de mon choix définitif. Je reste dans le groupe de députés (Ensemble pour la République) à l’Assemblée nationale, mais j’ai une vraie divergence locale avec mon parti. J’en ai aussi informé le président de la République.
Quelle a été sa réponse ?
Il ne m’a pas donné tort. Cela m’a conforté dans ma décision.
Hormis le député et ministre Benjamin Haddad, d’autres vous suivront-ils ?
Je suis sûr que beaucoup, chez Renaissance, partagent mon analyse. La majorité de nos élus feront le choix de venir avec moi.
Redoutez-vous que ce choix conduise à l’implosion de Renaissance Paris ?
L’élection municipale parisienne est sacrifiée sur l’autel d’un accord national avec Horizons et de brouilles personnelles (entre Gabriel Attal et Rachida Dati), que je n’accepte pas. Je ne fais que rencontrer des Parisiens qui me disent : « On veut autre chose qu’Anne Hidalgo. »
Si vous pouviez revenir sur ces dix-huit mois de tractations, feriez-vous la même chose ?
J’ai fait tout ce que j’ai pu pour que l’on construise une candidature unique à Paris. On a changé la loi du mode de scrutin, j’ai construit, avec nos militants, un projet… Je crois que j’ai réuni et dynamisé l’ensemble de la fédération, des 17 conseils locaux, dans chaque arrondissement. Il faut aller au-delà de son parti pour pouvoir construire une alternance à Paris. La décision finale ne m’appartient pas, elle appartient à Gabriel Attal.
Une alternance, un programme en commun : vous pourriez dire la même chose en défendant Pierre-Yves Bournazel…
Je n’ai jamais entendu dans la rue quelqu’un me parler de Pierre-Yves Bournazel. Il faut être réaliste. La candidature de Rachida Dati, qui a rejoint le président de la République, à l’époque dans le gouvernement de Gabriel Attal, correspond à l’espace que nous devons créer pour pouvoir gagner Paris. Si on veut gagner, il faut être derrière la candidate la plus forte. Celle qui peut créer le rassemblement le plus important, c’est incontestablement madame Dati.
Soutenir Pierre-Yves Bournazel vous est donc impossible ?
Je connais Pierre-Yves depuis longtemps, le respecte, mais il a fait le tour des plateaux de télévision pour appeler à la démission du président de la République. Ce n’est pas compatible avec mes valeurs.
Une partie de vos militants s’inquiètent de certains aspects de la candidature de Rachida Dati qu’ils jugent « clivante »…
Paris a besoin d’un maire avec du caractère, d’autant que la situation financière est très dégradée (12 milliards d’euros de dette en 2026). Il y aura des discussions difficiles, y compris avec les syndicats à Paris. On a 42 000 fonctionnaires. Il faudra revoir la gestion de l’espace public, créer un choc d’autorité.
Serez-vous tête de liste dans un arrondissement ?
On n’en est pas encore à déterminer les places. Mais je veux jouer un rôle, être au cœur de la campagne.
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