Présidentielle

Etre ferme sur le régalien, démonter le bilan, partir des préoccupations concrètes des gens : voilà comment la candidate LR va tenter de se démarquer d'un président qu'apprécie une part de son électorat.

Les Echos - 26 janvier 2022 - Par Cécile Cornudet

S'il y a une personne qui ne se plaint pas du faux plat de la campagne et de la candidature tardive d'Emmanuel Macron , c'est bien Valérie Pécresse. Car dans ce drôle de vide, on peut amender, proposer, aller sur le terrain, se dévoiler, fait-elle tout à la fois. Elle a été désignée tardivement - pas totalement prête sans doute -, elle a un déficit de notoriété à combler et une réponse à donner à cet électorat droite/centre droit qui la regarde tout en s'accommodant d'Emmanuel Macron depuis cinq ans : mais qu'apporte-t-elle de plus que le président ?

Leur positionnement, économique notamment, n'est pas si éloigné. Ses qualités sont souvent les siennes (sérieuse, volontaire). Elle ne comble pas forcément ses manques : techno elle aussi, parisienne, figure de la réussite. Elle n'a ni son expérience à l'international ni sa présidentialité. Femme ne suffit pas, elle le sait. Valérie Pécresse a trois stratégies pour mettre de la différence entre elle et lui.

Elle mise sur le régalien, on l'a beaucoup dit, qu'elle estime être le point faible de son adversaire. « Le pays est fracturé, Macron l'a abîmé, il faut refaire Nation », confie-t-elle. Elle en a fait un point fort dans la primaire LR, elle continuera dans la campagne présidentielle. « Je suis la femme qui se lève pour redresser la France ». Sauf que sa crédibilité sur le sujet est trop fragile pour qu'elle puisse le faire totalement seule. Wauquiez, Ciotti, le Kärcher de Sarkozy sont convoqués, quand, elle le sait, c'est elle que les Français veulent connaître.

La France « affaissée »

S'attaquer au bilan ne nécessite pas de chaperon. Elle entend le démonter, point par point, « prendre le temps ». « La France s'est affaissée », insiste-t-elle en citant l'énergie, le logement, la « décroissance agricole ». Après deux ans de Covid, les Français sont peut-être las des discours sur le « déclin ». Qu'importe, elle prononce le mot. Mais pour mieux donner des « ailes » au pays, dit-elle, par des propositions fortes.

Successions , allocations familiales , heures sup , elle a commencé. « La ménopause et la santé des femmes » seront une grande cause, annonce-t-elle. D'autres sont à venir. Avec un point commun : elles parlent.

Elles parlent aux gens, comme elle veut leur parler. Quand « lui est à Bruxelles, moi je suis dans la vie », dit-elle. Valérie Pécresse veut privilégier le dialogue avec les Français, direct, sans filtre, dans les médias et dans les territoires. « Présidente connectée », espère-t-elle, par contraste avec Emmanuel Macron. Même si, comme lui en 2017, elle veut « parler vrai », ne pas dire « oui » à tout, réduire la dette et la dépense publique . Difficile à concilier ? Entre-temps, les Français sont devenus accros au « quoi qu'il en coûte ».