Société

L'ancien député LR et maire de Meaux déplore une «erreur d'analyse totale» du président de la République, qui consiste à «surtout ne rien dire de mal de ce qui se passe dans les quartiers» pour ne pas «énerver» les électeurs de Jean-Luc Mélenchon.

Le Figaro - 31 mai - Par Jean Cittone

Le ministre de l'Intérieur serait contraint d'avaler des couleuvres. C'est ce qu'explique en filigrane Jean-François Copé ce mardi sur France Info, à la suite des incidents qui ont émaillé la finale de la Ligue des champions au Stade de France, en Seine-Saint-Denis. L'actuel maire LR de Meaux et ancien ministre de Jacques Chirac affirme que «personne ne pense une seconde que ce sont les hooligans anglais qui à eux seuls ont commis ce qui s'est passé». Selon lui, «des consignes ont été données par le président de la République, sur la base d'une analyse complètement fausse, qui est de ne pas énerver les électeurs de Mélenchon et donc surtout ne rien dire de mal de ce qui se passe dans les quartiers».

Pourtant, le gouvernement persiste et signe dans sa version des faits. Avec sa collègue des Sports, Amélie Oudéa-Castera, et après un entretien avec les parties prenantes intervenues dans l'organisation de cette rencontre sportive, Gérald Darmanin met en avant ce lundi une «fraude massive, organisée et industrielle», qui serait le «mal-racine» à l'origine de ce chaos. Jean-François Copé juge que «cette explication n'est pas crédible, quand on connaît l'atmosphère de la banlieue parisienne et notamment de ce qui se passe en Seine-Saint-Denis», mais que «le mal vient de beaucoup plus loin».

«On n'ose plus parler de sécurité en France»

Pour l'ancien président de l'UMP, «ça ne sert à rien de s'acharner sur Gérald Darmanin». Selon lui, ce n'est pas le ministre qui est en tort en maintenant une version édulcorée des faits, qui met principalement en cause les supporters de Liverpool, et non les Séquano-Dionysiens. C'est un choix du président de la République de «ne pas dire du mal de la délinquance du quotidien, pour ne pas énerver les électeurs de Mélenchon», ce qui est selon lui «une erreur d'analyse totale». Il ajoute qu'il n'est pas possible de «nier la réalité qu'il y a une violence dans cette partie de l'Île-de-France et que des voyous ont débarqué et ont fait les pires choses». Une version d'ailleurs confirmée par les forces de l'ordre sur place.

Malgré des sondages qui placent la Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale) en bonne position dans les intentions de vote aux élections législatives, la stratégie du président de la République de ne pas froisser cet électorat serait, selon Jean-François Copé, un argument complètement fallacieux. «Les électeurs de Mélenchon, de toute façon, ils ne voteront pas pour les candidats de Macron, il faut arrêter de se tromper de débat», ajoute-t-il.

Pour le maire de Meaux, «le problème est plus profond : on n'ose plus parler de sécurité en France». Il incite donc à mettre en avant le thème de la sécurité dans le débat public, et dénonce un «déni absolu sur l'impuissance des pouvoirs publics par rapport à l'impunité des délinquants». L'ancien député de Seine-et-Marne rajoute enfin qu'«on ne peut pas vivre ensemble si on a peur les uns des autres».