21 % de la population française est liée à l’immigration, révèle notamment la seconde édition de l’enquête « Trajectoires et origines » de l’Insee et l’Ined. Marc OLLIVIER/Archives Ouest-France | OUEST-FRANCE

Immigration

L’Insee et l’Ined (Institut national d’études démographiques) dévoilent la seconde édition d’une enquête baptisée « Trajectoires et origines ». Qui révèle, notamment, qu’un tiers des moins de 60 ans ont un lien avec l’immigration sur trois générations. L’enquête décortique aussi le niveau d’éducation des familles immigrées (qui globalement progresse). Et la confrontation aux discriminations (qui augmente également).

Ouest France - 5 juillet 2022- Par Carine Janin

Soucieux de confronter à la réalité des enquêtes statistiques les débats qui traversent la société, notamment sur l’immigration, l’Insee et l’Ined (Institut national d’études démographiques) dévoilent les résultats de la seconde édition de son enquête baptisée « Trajectoires et origines », menée auprès de 27 200 personnes.

Qu’y apprend-on ? En 2019-2020, 21 % de la population française est liée à l’immigration​, explique Jérôme Lê, chercheur à l’Insee : 9 % sont immigrés (5,8 millions de personnes) et 12 % sont des descendants d’immigrés de 2e génération. Et 10 % des moins de 60 ans sont des petits-fils d’immigrés. De nombreuses familles ont, aujourd’hui, un lien à l’immigration parce que la mixité des unions à chaque génération multiplie la présence immigrée dans les ascendances : un tiers des moins de 60 ans a ainsi un lien avec l’immigration sur trois générations.

Diplômes égaux, carrières inégales

Coté éducation ? « Le niveau d’éducation progresse sur trois générations, mais les inégalités sociales persistent »​, pointent les chercheurs. Les descendants d’immigrés obtiennent des diplômes sensiblement plus élevés que ceux de leurs parents et se rapprochent des niveaux de diplômes de la population sans ascendance migratoire. 72 % des enfants d’immigrés obtiennent un diplôme plus élevé que celui de leurs parents​, illustre le chercheur à l’Ined, Mathieu Ichou. Avec des bémols. À diplômes égaux notamment, carrières inégales : les diplômés (bac + 2 ou plus) issus de l’immigration accèdent moins souvent à des professions intermédiaires ou de cadres que ceux sans ascendance migratoire.

Sentiment de discrimination en hausse

Enfin, l’enquête se penche sur les discriminations. En dix ans, le sentiment de discrimination a augmenté. 19 % des 18-49 ans disent en avoir subi en 2019-2020, contre 14 % en 2008-2009. En cause, une hausse réelle des discriminations, mais peut-être aussi une plus grande sensibilité à ces questions​, préviennent les chercheurs.

Les femmes se disent plus concernées que les hommes. Le motif sexiste est devenu la principale source de discrimination pour les femmes​, dépassant ceux liés à l’origine, à la nationalité ou à la couleur de peau (majeurs chez les hommes).

À noter par ailleurs que 11 % des personnes de confession musulmane rapportent des discriminations religieuses, contre 5 % il y a dix ans. Patrick Simon, directeur de recherche à l’Ined, y voit l’expression de la crispation autour de l’islam dans le débat public ». ​L’enquête révèle aussi la perception d’un racisme anti-asiatique ​qui s’est exprimé durant la pandémie de Covid.