Politique

Le CNR existe à peine qu’il est déjà vidé d’une partie de sa substance.

L'Opinion- 7 septembre 2022 - Par Nicolas Beytout

Une méthode nouvelle, disent-ils ? Un renouvellement de la vie démocratique ? Mais comment croire que le machin, pompeusement baptisé Conseil national de la refondation (CNR), sera le moins du monde à la hauteur de ces enjeux ?

On le sait avant même son lancement officiel par Emmanuel Macron : le CNR a beau se parer avec vanité du sigle prestigieux du Conseil national de la résistance qui relança la machine France au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il n’a aucune chance d’avoir le même destin. Pas seulement parce que, loin de l’ambition initialement affichée, il n’aura séduit qu’une minorité des partis politiques et des syndicats qui y étaient conviés, soit beaucoup moins d’un électeur sur deux qui pourrait se sentir concerné. Pas seulement parce qu’il sera dirigé par quelqu’un, François Bayrou, dont la seule trace comme gestionnaire d’un ministère (celui de l’Education nationale) sera celle d’y avoir tout immobilisé. Mais surtout parce que, loin de clarifier ce que devrait être le chemin de la réforme, il promet de le compliquer durablement.

Sur le sujet, pourtant longuement débattu et largement documenté de la réforme des retraites, le zigzag est permanent : la faire, pas la faire ? Tout de suite ou plus tard ? Ce n’est évidemment pas le travail du CNR sur le « bien vieillir » qui lèvera ce doute fondamental. Sur un autre dossier pourtant crucial, celui de la fin de vie, le CNR sera dépossédé par la création d’une Convention citoyenne, promise inopinément par le chef de l’Etat et lancée dans l’instant. Comme si la question de la dignité de la mort dans une société occidentale n’était pas un des piliers de la vie en commun, objet d’un nécessaire diagnostic partagé.

Le CNR existe à peine qu’il est déjà vidé d’une partie de sa substance. Et s’il était le révélateur d’un président de la République qui ne sait pas quoi faire de son second mandat ?