Fiscalité

La France reste le pays qui taxe le plus dans la zone euro, mais l'écart se réduit depuis 2017.

Les Echos - 2 novembre 2022 - Par Étienne Lefebvre

Il y a du mieux, mais la route est encore longue. Selon les dernières comparaisons publiées par Eurostat , la France reste le pays qui taxe le plus dans la zone euro - seul le Danemark faisant « mieux » en élargissant à l'Europe entière.

Les prélèvements obligatoires payés par les ménages et les entreprises ont atteint 47 % du PIB en 2021, soit 4,8 points de plus que la moyenne de la zone euro. Mais l'écart était de près de 6 points en 2020 et de 7 points en 2017. L'amélioration est liée principalement à la baisse des impôts de production (10 milliards dans le cadre du plan de relance), à la réduction du taux d'impôt sur les sociétés (passé de 33 % à 25 %), et à celle des cotisations sociales. La France revient dans la moyenne pour l'IS.

Le niveau miroir des dépenses

Il reste cependant beaucoup de chemin à parcourir, et l'on comprend mieux l'argumentaire martelé mercredi dernier par Emmanuel Macron sur France 2 , refusant la facilité du « taxer plus » dès qu'une difficulté se présente, comme pour le financement des retraites. Si les cotisations ont baissé pour les salariés et pour les employeurs sur les bas salaires, les cotisations patronales restent globalement nettement plus élevées.

De même, un écart de 2,2 points de PIB (soit l'équivalent de plus de 50 milliards d'euros) demeure en matière d'impôts de production. La suppression de la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), à hauteur de près de 10 milliards sur 2023-2024 paraît dès lors pertinente.

Elle ne sera pas suffisante, mais comme le souligne le site spécialisé Fipeco , pour réduire encore l'écart, il faudrait s'attaquer parallèlement au niveau des dépenses publiques. L'exécutif s'est engagé à réduire le poids de ces dernières dans le PIB d'ici à 2027, mais cela reste pour l'heure surtout des bonnes intentions (hormis sur l'assurance-chômage et les retraites).

Compétitivité énergétique en berne

Au contraire, des nouvelles dépenses s'accumulent au titre des boucliers énergétiques . Bercy rajoute ainsi 2,5 milliards de crédits dans le collectif budgétaire présenté ce mercredi, pour financer notamment le chèque énergie de fin d'année et la prolongation de la ristourne sur le carburant.

C'est d'ailleurs toute la difficulté de la période : la France regagne de la compétitivité fiscale, mais les entreprises la reperdent sur les tarifs de l'électricité et du gaz. Alors que pendant longtemps, l'accès à une électricité bon marché constituait un avantage comparatif pour la production dans l'Hexagone, compensant en partie les surcharges de cotisations et d'impôts de production, ce n'est plus le cas. Le risque de décrochage est même réel face aux Etats-Unis et à l'Asie. Dans cette course à la compétitivité semée d'embûches, la France doit plus que jamais tenir son cap.

Etienne Lefebvre