Interview

Le député parisien, Sylvain Maillard, élu à la tête de la fédération parisienne de son parti, détaille sa stratégie de reconquête de la capitale en vue des élections municipales pour 2026.

Le JDD - 6 février 2023 - Par Bertrand Gréco

Les macronistes parisiens se sont dotés d’un chef dimanche dernier. Sylvain Maillard, député de la première circonscription de Paris (1er, 2e, 8e, 9e arrondissements) et premier vice-président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, a été élu à la tête de la fédération du parti présidentiel avec 79,5 % des voix (1 440 votants sur 2 330 adhérents).

Votre première proposition pour Paris ?

Je propose l’instauration d’un système de votations différent de celui d’Anne Hidalgo – comme cela existe en Suisse – qui permettrait aux Parisiens de trancher des sujets impactants, validés par une commission spéciale du Conseil de Paris. Une fois par an, celle-ci pourrait soumettre aux habitants une à quatre questions transpartisanes, portées au minimum par un groupe de la majorité municipale et un groupe de l’opposition. Ces votations à l’urne, dans les mairies d’arrondissement, seraient réservées aux habitants de Paris, contrairement au budget ­participatif, où n’importe qui peut voter.

Sur quels sujets souhaitez-vous demander leur avis aux Parisiens ?

Je pense, par exemple, au changement de mode de scrutin à Paris ou au pouvoir des mairies d’arrondissement, mais aussi à la gestion de la propreté, l’armement de la police municipale, l’avenir du périphérique, l’ouverture des commerces le dimanche, etc. Autant de sujets que nous portons.

Approuvez-vous le « vote citoyen » annoncé par Anne Hidalgo sur l’interdiction, ou non, des trottinettes en libre-service ?

Non, c’est un coup de pub qui va coûter plusieurs millions d’euros. Je ne comprends pas pourquoi la maire ne prend pas la décision elle-même sur un tel sujet.
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Quelles sont vos priorités en vue des élections municipales de 2026 ?

Accompagner techniquement et financièrement des actions militantes ultra-locales dans les arrondissements ; créer de vrais réseaux sociaux structurés et efficaces, comme le fait LFI ; s’inspirer de ce qui marche dans les autres villes européennes ; organiser des conférences tous les quinze jours avec des sociologues, architectes, urbanistes… pour réfléchir à la ville de demain.

Et sur le fond ?

L’idée est de préparer un projet pour Paris, d’ici à la fin 2024, autour de nos thématiques prioritaires : logement, propreté, sécurité, lutte contre l’isolement, circulation, bruit, pollution, place de Paris dans l’Europe… Cette ville a été abîmée par plus de vingt ans du même pouvoir. Beaucoup d’habitants, notamment des familles, la quittent. Et pas seulement à cause des prix de l’immobilier.

Le but est-il de concocter un projet clés en main pour le futur candidat ?

Non, pas un projet clés en main. Notre candidat reprendra les mesures qu’il souhaite et apportera les siennes. Le principe est de partir en « départ lancé » le moment venu. Nous devons être clairement identifiés comme une force de proposition, montrer que d’autres alternatives plus crédibles qu’Anne Hidalgo et Rachida Dati existent à Paris.

Comment gérer les ambitions débordantes des ministres candidats, Gabriel Attal, Clément Beaune, Olivia Grégoire, Marlène Schiappa ?

Il n’y a pas de candidat Renaissance à ce stade ! On se donne deux ans pour travailler sur un projet. Ensuite viendra le temps de l’incarnation.

Comment sera désigné le candidat ?

Ce n’est pas prévu dans nos statuts. Tout dépendra du dynamisme que nous aurons créé fin 2024. On peut imaginer une désignation par les militants. Ce serait logique. À moins qu’un candidat naturel n’émerge, c’est possible.

Envisagez-vous un rapprochement avec la droite parisienne ?

Notre objectif est de créer un espace politique où chaque ­Parisien puisse se retrouver.

Comment convaincre les Parisiens qui ont voté pour Emmanuel Macron aux scrutins nationaux et pour Anne Hidalgo ou pour les Verts aux municipales ?

Nous devons faire en sorte qu’ils perçoivent – ce que nous n’avons pas réussi à faire en 2020 – l’élan réformateur, entraînant, réenchanteur de notre mouvement. Notre modèle, c’est la campagne ­d’Emmanuel Macron de 2016-2017. À nous d’insuffler de l’espérance pour Paris.