Renaissance, le parti présidentiel, organise ce lundi une convention sur le partage de la valeur. (Jacques Witt/SIPA pour Les Echos)

Entreprises

La première ministre s'est engagée ce lundi à respecter le compromis trouvé par les partenaires sociaux, lors de la convention du parti Renaissance sur le partage de la valeur.

Le Figaro - 20 février 2023 - Par Loris Boichot

C'est un accord qui est tombé à pic pour le camp Macron. Sur fond d'inquiétudes autour de la flambée des prix, les soutiens du chef de l'État ont vu d'un bon œil la récente entente entre les partenaires sociaux pour redistribuer les profits aux salariés des petites entreprises.

Lundi, Élisabeth Borne a tenu à consacrer une « avancée historique », depuis le siège de la licorne Qonto, à Paris, lors d'une convention de Renaissance organisée sur le partage de la valeur ajoutée - hasard du calendrier. La première ministre a promis aux syndicats et au patronat de « respecter » le « compromis trouvé » et de « proposer la transcription fidèle et totale de cet accord dans la loi ». Une manière de les rassurer, un jour après la mise en garde du président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, contre tout « détricotage ».

«Le dialogue social continue et porte ses fruits»

Une demi-douzaine de ministres présents, dont Bruno Le Maire (Économie), Gérald Darmanin (Intérieur) et Olivier Dussopt (Travail), deux tables rondes, un parterre d'élus et d'entrepreneurs invités pour l'occasion… Les responsables macronistes ont soigné la mise en scène de leur événement, le premier de ce type depuis la fondation du nouveau parti présidentiel, en septembre.

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Il faut dire qu'ils cherchaient, depuis octobre, le moyen de « sortir par le haut » d'un débat relancé par l'inflation et les importants bénéfices des géants de l'énergie. Après une série d'initiatives - mission confiée à des parlementaires, consultation des adhérents de Renaissance -, la solution est finalement venue des organisations syndicales et patronales.

Leur accord, ouvert à leur signature jusqu'à mercredi, prévoit de généraliser la redistribution des profits aux salariés dans les entreprises de 11 à 50 salariés - sous la forme de participation, d'intéressement ou de prime défiscalisée de type « prime Macron ». Résultat, 80 % des salariés seront couverts par l'un de ces mécanismes, souligne-t-on dans la majorité présidentielle. « Jamais le partage de la valeur n'avait autant associé les entreprises de plus petite taille », a insisté Élisabeth Borne.

Valoriser le «travailler mieux»

Cet accord suffit-il à juger honorée la promesse d'Emmanuel Macron de généraliser le versement d'un « dividende salarié » ? Des responsables du parti présidentiel, comme l'eurodéputé Pascal Canfin, appellent à aller plus loin, via le versement obligatoire d'une « superparticipation » en cas de bénéfices exceptionnels, dans les entreprises de plus de 50 salariés. D'autres, comme le centriste du MoDem Jean-Paul Matteï, présent lundi, n'ont pas renoncé à exiger la surtaxation des « superdividendes » au nom de la « justice sociale ».

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Autour du chef de l'État, on veut tirer le fil de cette première « avancée » pour dérouler un nouveau cycle politique autour du travail. Après le « travailler plus » de la réforme des retraites, il s'agit d'adoucir le discours en valorisant le « travailler mieux », nouvelle formule en vogue en macronie. Proche d'Emmanuel Macron, le chef de Renaissance, Stéphane Séjourné, a évoqué une « loi Macron II » pour « moderniser » le code du travail.

Télétravail, expérimentation de la semaine de quatre jours… « Le monde du travail, nos modes de travail ont profondément évolué, mais notre cadre réglementaire est souvent resté figé », estime-t-il. Dans l'esprit des macronistes, il s'agit de relancer la lutte contre les rentes et l'« assignation à résidence », thèmes chers à Emmanuel Macron depuis sa première campagne de 2017.

Les regards se tournent désormais vers la loi sur le « plein-emploi », promise par Olivier Dussopt et annoncée pour le printemps. Avec ce texte, Élisabeth Borne entend « améliorer la qualité de vie au travail et trouver les conditions du “bon emploi” », en offrant des « perspectives d'évolution » aux salariés. Les responsables de la majorité veulent aussi s'en servir pour répliquer à la gauche, coupable de faire l'« éloge de l'oisiveté », selon l'expression de la première ministre.