Eric Ciotti, le 30 juin 2024 à Nice. (/ SIPA)

Tribune

Encore président des LR mais rallié au Rassemblement national, il affirme que le parti de Jordan Bardella a désormais une ligne libérale et pro entreprises. Il promet la suppression des droits de succession pour les entreprises familiales, des baisses de charges salariales, l'allègement des impôts de production et la relance de l'industrie nucléaire.

Les Echos - 4 juillet 2024 - Par Eric Ciotti

L'instabilité inédite provoquée par la dissolution de l'Assemblée nationale a profondément impacté les marchés et ralenti l'activité économique en France. Le lendemain de la dissolution, le CAC 40 a chuté de plus de 2 % et, depuis, 48 % des acteurs immobiliers ont observé un ralentissement dans le comportement des acheteurs.

À très court terme le risque est clair, plusieurs dixièmes de points de croissance menacés, beaucoup plus en cas de victoire d'un bloc d'extrême-gauche. La menace d'un chaos institutionnel provoque une tension directe sur les taux d'intérêt des obligations d'Etat, donc sur les taux d'intérêt des crédits.

Cette menace grondait déjà, la dissolution et ses conséquences la rendent plus prégnante que jamais. Elle fait de la baisse des dépenses publiques une priorité absolue. Seule garantie de notre stabilité et d'une croissance retrouvée.

Risque de paralysie politique

Le risque est là pour notre économie et il est béant : en cas d'augmentation de 20 points de base, la charge de la dette dépasserait les 74 milliards d'euros en 2027. Si l'augmentation atteignait les 200 points de base, celle-ci atteindrait 97,5 milliards d'euros.

Sans notre victoire et notre action résolue pour le désendettement de la France, cet argent n'ira ni à la réindustrialisation, ni à la digitalisation de l'économie, ni à la baisse des charges. L'économie française s'effacera et nous raterons des virages technologiques structurels majeurs.

Le risque de paralysie politique inquiète en premier lieu les chefs d'entreprise qui ont besoin de stabilité et de visibilité. L'alliance contre nature entre l'extrême gauche et le camp présidentiel sème la confusion parmi les décideurs et acteurs économiques.

L'incertitude de la dissolution pourrait se transformer en péril mortel face au programme du Nouveau Front Populaire. Le risque d'un gouvernement anti-entreprises à gauche risque de mettre l'économie française à genoux. Leur projet est le plus hostile à l'économie de marché depuis le Programme Commun de la gauche dans les années 1970.

Virage libéral

Il prévoit une explosion des impôts pour les classes moyennes et les entreprises - près de 100 milliards d'euros supplémentaires en un an -, de nouvelles tranches d'impôt sur le revenu allant jusqu'à 90 %, une augmentation du SMIC mortifère pour les entreprises et leurs salariés, la destruction de notre parc nucléaire.

Face à cette vague décroissante, collectiviste et confiscatoire, une union des droites s'est constituée pour apporter stabilité et prospérité à une économie française plus que jamais menacée. Président des Républicains, famille historiquement la plus favorable au monde économique, j'ai choisi de mener ce combat législatif aux côtés du Rassemblement national.

Ce choix n'est en rien un reniement. Le parti de Jordan Bardella a considérablement évolué ces dernières années à travers un virage libéral assumé qui place l'entreprise au coeur de son projet économique. Je me réjouis de pouvoir travailler aux côtés d'élus qui partagent mon attachement à la liberté d'entreprendre, à la force de la monnaie unique, au libre-échange régulé, à la lutte contre la bureaucratie et à la protection de nos intérêts nationaux.

Notre union est celle de la liberté économique enfin revendiquée et appliquée au sommet de l'Etat. Notre priorité sera d'établir un audit complet objectif de l'état de nos comptes publics, mis à mal par les mandats successifs de François Hollande et d'Emmanuel Macron.

Audit des comptes publics

Avec 5,5 % de déficit public, 3.100 milliards de dette, 110 % du PIB, notre pays est entravé dans la maîtrise de son destin. Chaque année, nous empruntons sur les marchés financiers des sommes colossales pour payer les salaires de nos fonctionnaires, pour financer notre protection sociale, plus absurde encore pour rembourser nos dettes passées.

L'audit des comptes publics permettra de dégager des marges de manoeuvre financières par la baisse des dépenses publiques et la rationalisation de l'Etat. Dès l'automne nous procéderons à de puissantes réformes : suppression des droits de succession notamment pour les entreprises familiales, baisses de charges salariales, allègement des impôts de production, relance de notre industrie nucléaire.

Nous garantissons de la visibilité et de la stabilité aux acteurs économiques. En libérant les énergies des entrepreneurs et en allégeant les contraintes fiscales et normatives qui pèsent sur leur activité, nous favorisons leur développement.

En réduisant le poids de la fiscalité sur les salaires français, nous soutenons le pouvoir d'achat. En réduisant le poids de l'Etat et des normes dans l'économie, nous favorisons l'épanouissement du secteur privé. En luttant contre l'immigration dérégulée et l'insécurité, nous assurons l'ordre et la tranquillité indispensables à une vie économique prospère.

Face au bilan présidentiel du record mondial de prélèvements obligatoires, record d'Europe des dépenses publiques et l'ouverture par la Commission européenne d'une procédure pour déficit excessif, nous sommes la seule voie pro-entreprises dans cette élection.