David Lisnard, vendredi soir. Ville de Cannes.

Politique

Lors de sa rentrée politique, vendredi soir à la Butte de Saint-Cassien, le président de Nouvelle Énergie n’a pas écarté l’hypothèse de jouer un rôle à Matignon. À condition d’avoir les moyens d’agir réellement.

Le Figaro - 31 août 2024 - Par Emmanuel Galiero

«Nous sommes dans un blocage politique et institutionnel», lance David Lisnard vendredi soir, devant plus d’un millier de soutiens réunis sur la Butte de Saint-Cassien, à Cannes. Le constat du maire et président de l’Association des maires de France est une évidence largement partagée mais serait-il prêt, lui, sous ses habits de président de Nouvelle Énergie, à assumer une responsabilité nationale en ces temps d’instabilité ? «Il faut sortir le pays du blocage dans lequel il est», insiste l’élu de droite, membre des Républicains, avant d’ironiser sur la situation d’un gouvernement démissionnaire. «Oh temps, suspends ton vol...» 

En coulisses, ses proches assurent que depuis sa rencontre avec Emmanuel Macron à l’Élysée jeudi, dans le cadre des consultations engagées par le chef de l’État avec plusieurs responsables politiques, nombre de ses amis le verraient bien à Matignon. «Ce serait une opportunité. David ne se défausse jamais. Il le ferait en posant des conditions programmatiques», assure l’un d’eux. Pendant ce temps-là, le maire se félicite des réussites cannoises, une «ville tonique», selon lui, où la dette «baisse» et où il se réjouit de voir fleurir des cours de grec et de latin très fréquentés. «L’avenir de nos enfants est prioritaire», insiste-t-il. «Il est fondamental de libérer la capacité d’action de la société et des collectivités territoriales».

«Lutter contre la fatalité»

En l’écoutant résumer la problématique nationale en trois questions (Faut-il réformer le pays ? Comment ? Et comment gouverner maintenant ?), on pourrait deviner chez lui une forme d’impatience à agir. Il assure que le projet de son parti, piloté par l’ancien ministre Hervé Novelli, sera bientôt capable de répondre à ces questions et à proposer des moyens de relever les défis écologiques, démographique, économique et géopolitique du pays. Il veut que Nouvelle Énergie soit le mouvement de «lutte contre la fatalité» de toutes les crises françaises. Par exemple, il propose de «diviser par huit» l’immigration légale. «Le quantitatif détermine le qualitatif». Il affirme avoir plaidé auprès d’Emmanuel Macron contre une «politique molle» et croit avoir perçu un acquiescement présidentiel.

Mais que répondrait-il si le poste de premier ministre lui était proposé ? «Évidemment oui si nous avions la possibilité d'agir. La droite doit essayer de faire valoir ses idées. Le but d’un politique n’est pas de commenter», explique-t-il. Autrement dit, si la droite avait l’assurance de pouvoir agir comme elle l’entend sur quelques urgences majeures, il ne faudrait pas hésiter. Membre des Républicains, David Lisnard accorde à Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau le «mérite» d’avoir bâti un pacte législatif depuis leur position de législateurs mais lui ne se voit avec les mêmes obligations et perçoit une opportunité pour la droite, dans une situation politique totalement nouvelle, privée de majorité. «La pire des erreurs serait d’y aller pour des postes. Et il ne faudrait pas que cela se traduise par un énième en même temps», poursuit-il en exhortant sa famille politique à oser, même si la «fenêtre de tir» lui semble étroite. Mais il croit à la possibilité de construire des réformes en s’appuyant sur l’opinion et les élus tout en évitant la censure croisée de LFI et du RN. Au fond, il rejoint l’analyse de Nicolas Sarkozy, exprimée vendredi dans les colonnes du Figaro. Sans avoir eu le temps de lire l’intégralité de l’entretien, il confie: «Ce que j’ai entendu me paraissait plein de bon sens».

D’ailleurs, avant ces quelques confidences, il a lancé publiquement une mise en garde à ses partisans vendredi soir. «Attention au syndrome de la droite Don Quichotte... Emmanuel Macron ne peut plus gouverner. Il s'agit de donner un gouvernement à la France. On ne peut pas regarder le train de la France dérailler. Le débat politique ne peut pas rester dans cette logique sordide. Il faut sortir des hypocrisies». Puis le chef politique d’insister: «Prenons les choses. Soyons leader. Prenons des initiatives. Le temps est à l'audace. Il faut renverser la donne, renverser la table et bâtir une nouvelle espérance pour la France. C'est aujourd'hui que tout commence !»

Quant au risque d’une nouvelle tentative élyséenne de diviser la droite, comme ce fut le cas depuis 2017, David Lisnard n’y croit pas. «Celui qui est fragmenté c'est Macron. On est dans un temps zéro de création», juge enfin le président de Nouvelle Énergie.