Société Civile
Note pour le compte-rendu du déjeuner débat du 19 juin 2025
Les terres agricoles (Madame Martine Landon )
Chaque année l’agriculture française perd 55000 hectares de terres cultivées soit la superficie de 60 communes rurales ; au profit de l’extension de l’habitat, des zones industrielles, des parcs de loisir, des forêts (soit une perte équivalente à 500.000 tonnes de blé à effet cumulatif).
S’il n’est pas question de rejeter toute emprise que la démographie et l’extension des activités économiques rendent nécessaires, il est en revanche impératif de contrôler le caractère raisonnable des emprises.
Or ce n’est pas le cas.
Ce sont les meilleures terres agricoles qui disparaissent, celles dont le coût d’artificialisation est le plus faible, le plus souvent situées dans les plaines
Tout y concourt :
- le prix des terres constructibles cent fois plus élevé que celui des terres agricoles, un stimulant à la vente pour des propriétaires exploitants au départ à la retraite,
- la révision des POS en PLU plus gourmands en foncier par ambition des maires pour une industrialisation illusoire de leur commune,
- l’attrait des plus-values des sols porteurs d’éoliennes,
- et plus encore du voltaïque qui offre à l’exploitant 3000 euros/hectare par an d’indemnité pour toute superficie couverte de panneaux, soit huit fois plus que ce que le paysan peut tirer de sa terre en la cultivant.
(Pourtant le photovoltaïque est une aberration technique et financière quand on sait qu’il faut 16.000 hectares de panneaux pour produire autant d’électricité qu’à la centrale nucléaire de Cattenom -soit 20.000 terrains de football-).
Facteur aggravant : les SAFER ont oublié leur triple mission :
- celle de la destination des terres en faveur de ceux qui en ont le plus besoin pour éviter l’accaparement par les plus riches du disponible et pour cela elles disposent d’un droit de préemption sur les terres mises en vente,
- celle de la révision du prix des terres mises en vente pour éviter les surenchères,
- celle d’interdire par leurs interventions, l’acquisition de terres par des étrangers (chinois par exemple).
A ces failles s’ajoutent des dérives inacceptables dont on s’étonne qu’elles ne soient pas condamnées par le syndicalisme agricole.
François Guillaume
L’intelligence artificielle : Eric Lemaire
Mes observations et questions :
- c’est l’intelligence humaine qui est capable de créer l’IA et non l’inverse ; c’est un principe de base,
- je suis partagé entre l’admiration pour les progrès technologiques et l’inquiétude sur le nombre décroissant de ceux qui pourront maitriser l’usage de ces technologies en évolution permanente et en complicité grandissante,
- c’est un problème social et de société quand sont écartés des avantages d’un progrès une partie de plus en plus grande de la population,
Déjà le recours abusif à internet pour toute démarche administrative, financière ou commerciale écarte une partie grandissante de la population de l’accès aux systèmes technologiques qui deviennent indispensables à la gestion du quotidien
- les jeunes générations sont touchées autrement : par l’excès d’usage des tablettes sans lesquelles on ne sait plus faire une division, une multiplication ; et bientôt une soustraction ? Dans la frénésie du tout informatique qui pense à cela ? Allons-nous vers le « Meilleur des mondes » ?
L’Afrique (Junior Adiya)
L’Afrique a un potentiel agricole dont les atouts sont importants : une population agricole laborieuse, des terres fertiles et des cultures dont la production est exotique, donc limitée au cercle tropical ce qui la protège naturellement de l’agriculture des pays tempérés. C’est le cas du cacao, du café, de la banane… Mais elle subit la contrainte des traders notamment occidentaux et de la pression des Grands Groupes internationaux qui transforment leurs produits de base (par exemple pour le cacao les cinq Groupes chocolatiers) et indirectement la pression exercée sur eux par les
distributeurs. Ainsi pour 100 euros de chocolat vendu le distributeur en prend 40, le transformateur une vingtaine, les différents intermédiaires autant et au final l’Etat producteur 7 dont il donne au producteur la moitié.
La paupérisation des producteurs et le vieillissement des plantations en sont la conséquence. Comment y remédier ? En sécurisant les prix des matières premières. Ce qu’a réussi Le Président ivoirien Houphouêt- Boigny en organisant, sur la proposition de François Guillaume alors Ministre de l’Agriculture, une OPEP du café gérée par une Association mondiale des producteurs pour ajuster l’offre à la demande par répartition de la production à mettre sur le marché.
Le système a bien fonctionné jusqu’au retour du tout libéral réclamé par les Etats- Unis et soutenu par la Commission européenne (Delors) et la France (Juppé), et validé par le traité de Marrakech.
La libre confrontation de l’offre à la demande est de retour et les paysans africains en sont les victimes au bénéfice de la chaîne d’aval de leurs productions.
Deuxième piste de valorisation des produits tropicaux : la première transformation sur place par exemple des cerises de café et des fèves de cacao. Ex : Les cinq grands producteurs mondiaux de chocolat pourraient s’accorder à le faire.
Troisième piste
Revoir fondamentalement les pratiques et les financements de l’AFD qui dispose chaque année de 15 milliards d’euros au titre de l’aide au développement dont moins d’un milliard est accordé à l’agriculture des pays pauvres contre une dizaine pour le climat et la biodiversité. La Faim dans le monde, c’est où ?
F. Guillaume
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