Finances Publiques

La France a collecté 1 501,6 milliards d'euros d'impôts en 2024... et en a dépensé 1 670 milliards. Déficit record de 168,6 milliards d'euros, soit 5,8% du PIB. Mais d'où vient cet argent exactement ? Et surtout, où part-il ? Qu'ont fait les autres pays ?

Filite_KesselMedia _ 4 octobre 2025

Tout commence par les recettes fiscales, la base de tout.

💶 Les recettes

Les recettes fiscales nettes atteignent 326 milliards d'euros en 2024. Trois impôts dominent largement : la TVA (96 Mds €, soit 28% des recettes), l'impôt sur le revenu (90 Mds €, 26%) et l'impôt sur les sociétés (60 Mds €, 17%). Ces trois taxes représentent à elles seules 72% des recettes fiscales de l'État. Les 33 milliards restants proviennent de taxes indirectes, droits d'enregistrement et autres prélèvements.

A bien se noter pour la suite que l’ensemble des recettes fiscales ne suffisent pas pour calculer le PIB. Il faut ajouter la somme de valeur ajoutée brute et soustraire les subventions.

Le PIB en France en 2024 était de 2 920 milliards d’euros, soit le deuxième plus important d’Europe.

En revanche, si on regarde le PIB par habitant nous décendons à la 11e place.

Maintenant, regardons côté dépenses.

💸 Les dépenses publiques

Pour 1000€ de prélèvements obligatoires, voici où va notre argent.

Elles atteignent 1 670 milliards d'euros en 2024, soit 57,1% du PIB. C'est 62,8 milliards de plus qu'en 2023 (+3,9%). La masse salariale de l'État augmente de 8 milliards d'euros, les effectifs continuent de progresser (+6 719 ETP sur le budget général). Malgré l'extinction des "boucliers tarifaires" sur l'énergie (-17,3 Mds €), les dépenses ordinaires "pilotables" augmentent de 10,6 milliards.

Conséquence directe, la dette de l'État atteint un nouveau pic. À la fin du deuxième trimestre 2025, la dette publique s’établit à 3 416,3 Md€, soit 115.6 % du PIB (vs 113.9% au premier trimestre). L'encours total a augmenté de 1 075 milliards en 10 ans et de 780 milliards depuis 2019. Chaque année, le déficit s'accumule et la facture s'alourdit.

La France se classe 2ème des pays européens pour le poids de ses dépenses publiques (57,1% du PIB), juste derrière la Finlande (57,6%). L'Allemagne est à 49,5% (-7,6 points), l'Italie autour de 52%, l'Espagne à 51%. La moyenne de l'Union européenne est de 49,2%. Les États-Unis, seulement 39,2% - difficilement comparable étant donné qu’ils ont choisi de privatiser la majeure partie de la retraite et de la santé.

Côté déficit, la France atteint les -5,8% du PIB, loin devant l'Italie (-3,4%) et l'Allemagne (-2,8%).

La charge d'intérêt grignote 31€ sur chaque 1000€ prélevés, une facture qui augmente avec la remontée des taux. La Cour des comptes tire la sonnette d'alarme : sans inflexion majeure des dépenses, la trajectoire est insoutenable.

L’écart se creuse et le covid nous a fait mal.

La comparaison avec l'Allemagne est frappante : avec 7,6 points de PIB de dépenses en moins, nos voisins allemands affichent un déficit de seulement 2,8% contre 5,8% en France. Cet écart représente 222 milliards d'euros. La différence réside principalement dans les retraites (système par capitalisation partielle en Allemagne), la santé et le poids de la fonction publique.

🔍 Comment font les autres ?

Plusieurs pays ont redressé leurs finances ces dernières décennies. Leurs recettes inspirent — sans solution miracle.

🇮🇹 L'Italie

Parti d'une situation catastrophique avec 155% de dette en 2020, le pays a ramené son déficit à -3,4% en 2024 grâce à des réformes ciblées : durcissement des retraites anticipées (4-5 Mds € économisés), restriction du revenu de citoyenneté aux seules personnes inaptes au travail (3-4 Mds €), digitalisation administrative et lutte renforcée contre la fraude fiscale. La dette italienne se stabilise et les marchés font à nouveau confiance à Rome. Le gouvernement Meloni a réussi ) réduire le déficit de 6 points en 4 ans sans provoquer de crise sociale majeure. En ciblant les abus et inefficacités plutôt que couper aveuglément, tout en maintenant les services publics essentiels.

🇸🇪 Suède

Dans les années 90, la Suède était au bord du gouffre avec un déficit de 11% du PIB. Leur réponse ? Une refonte complète du système de retraites passant à un modèle par comptes notionnels (mixte répartition-capitalisation), une rationalisation drastique de la fonction publique et la mise en concurrence de certains services publics. Résultat : la dette est passée de 70% à 35% du PIB en 15 ans.

🇨🇦 Canada

En 1995, le Canada affichait un déficit de 6.6%. Le gouvernement a appliqué une règle simple : réduire les dépenses de 10% sur 3 ans dans tous les ministères, sans exception. Les effectifs de la fonction publique ont baissé de 15% environ. Parallèlement, la croissance a été stimulée par des baisses d'impôts ciblées sur les entreprises.

🇩🇰 Danemark

Le Danemark dépense 50% de son PIB (contre 57% en France) tout en maintenant des services publics de qualité grâce à une administration ultra-digitalisée qui a permis des économies récurrences (~130 M€/an). Chaque citoyen dispose d'un identifiant unique pour tous les services publics. Les gains de productivité sont réinvestis dans les services de première ligne. Ce n’est pas énorme mais ça mérite d’être cité.

🇩🇪 Allemagne

Depuis 2009, l'Allemagne s'est imposé un "frein à l'endettement" constitutionnel : le déficit structurel ne peut dépasser 0,35% du PIB. Cette discipline a forcé les gouvernements successifs à arbitrer en permanence entre nouvelles dépenses et économies. Résultat : une dette contenue à 63% du PIB malgré les crises.

Le Canada a perdu 15% d’emplois publics. La Suède a relevé l'âge de la retraite de 5 ans en 10 ans. Le Danemark a privatisé certains services publics.

Tous ces pays ont tous accepté des réformes impopulaires à court terme.

Bayrou a tiré la sonnette d’alarme avec un plan pour économiser 1/6 de ce qu’il fallait vraiment faire, et il a sauté.

Le vrai sujet est qu’il faut trouver la personne qui aura le courage de prendre le taurreau par les cornes et surtout que les français vont accepter de suivre.