Edito

Avec son obsession à vouloir taxer les « riches » et les entreprises qui réussissent, la gauche va affaiblir l’économie et contribuer à l’augmentation de la pauvreté en France.

Le Point - 17 septembre 2025 - Par Franz Olivier Giesbert

Vivement la présidentielle ! En attendant l'échéance de 2027 ou d'avant, le festival des sornettes bat son plein. À gauche, surtout, qui s'en donne à cœur joie face à un « bloc central » tétanisé. Rocard, reviens, elle est devenue folle ! 

Le niveau d'Éric Coquerel en économie : grande section de maternelle. Président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale (mais oui !), l'élu LFI, soucieux de faire rendre gorge aux riches avec la taxe Zucman, confond tout, les stocks et les flux, les patrimoines et les revenus. Zéro pointé.

Le ridicule ne le tuera pas après son naufrage télévisé face à notre consœur Hedwige Chevrillon : nous sommes en France, le pays où il est de bon ton de n'entraver que couic à l'économie. Que l'idéologie ait pris le pas sur la réalité, c'est ce qui explique sans doute la paupérisation et la tiers-mondisation en marche dans notre pays.

Le débat sur la taxe Zucman restera comme un grand moment de délire collectif. Une honte pour le pays et la classe politique qui prend les vessies pour des lanternes. Sans parler des moutons de Panurge des médias. Tous les fumistes et les faquins de France ont trouvé la solution pour sauver notre modèle social : achever la désindustrialisation du pays en s'attaquant davantage encore aux… entreprises, c'est-à-dire à la production !

Qu'est-ce que le modèle social français ? Une nouvelle version du tonneau percé des Danaïdes. En battant des records d'Europe ou du monde en matière de prélèvements obligatoires (42,8 % de la richesse nationale) ou de dépenses publiques (57,2 %) parmi lesquelles il faut compter les dépenses sociales (25,6 %), nous avons réussi à augmenter la pauvreté, après avoir fait un certain temps bonne figure : selon l'Insee, elle frappe aujourd'hui 9,8 millions de personnes, soit près de 15 % de la population (1) – moins quand même qu'en Bulgarie ou en Roumanie –, comme si trop de social tuait le social.

La pauvreté est l'éléphant dans la pièce : on ne devrait voir que ça, mais on n'en parle jamais, surtout pas dans la gauche parlementaire où l'on a abandonné depuis longtemps les plus défavorisés au RN ou aux islamistes. On y préfère, vieille marotte française, s'époumoner contre les écarts de niveaux de vie qui, contrairement à la légende, « n'explosent pas », notait récemment l'Observatoire des inégalités, même si « la tendance historique à la baisse s'est retournée ». Voilà pourquoi les riches doivent participer, au premier rang qui est le leur, à l'effort national qui s'impose, c'est l'évidence. Mais pourquoi cette avalanche de balivernes à leur sujet ?

« Un mensonge peut faire le tour de la Terre le temps que la vérité mette ses chaussures », disait l'écrivain américain Mark Twain. C'est pourquoi l'économiste Gabriel Zucman a gagné la première manche quand il martèle, oubliant volontairement les mécanismes de redistribution à la française : « Les milliardaires, tous prélèvements obligatoires compris, paient deux fois moins d'impôts que la moyenne des Français. » Qu'importent les faits pourvu que le Grand Soir arrive. Les économistes de gauche honnêtes, comme Gilles Raveaud, peuvent s'arracher les cheveux, rien n'y fait : pour vendre sa taxe, la gauche française est devenue, par cynisme ou ignardise, une fabrique de fake news.

La taxe Zucman, qui frappe l'outil de travail, appauvrira le pays en faisant fuir les grands entrepreneurs. Prenons l'exemple de l'énorme start-up Mistral AI, joyau français, dont la valorisation est de 11,7 milliards d'euros. Les actionnaires seront contraints de s'acquitter préventivement, avant même de sortir le moindre argent de l'entreprise, d'une taxe de 2 % (autour de 234 millions). Problème : leur société est aujourd'hui déficitaire, comme l'ont été longtemps Tesla ou Amazon avant de faire des bénéfices. Tant pis, ils devront céder chaque année une partie de leur capital. Au choix : au Qatar, à l'État – qui investira peu à peu le lieu – ou aux 350 salariés, qui, en ce cas, devront verser chacun 800 000 euros qu'ils emprunteront, la bonne blague. Les patrons seront donc condamnés à partir. La valise ou la faillite…

Les pauvres sont la dernière roue du carrosse de la gauche, qui négocie sa taxe antiriches avec le nouveau Premier ministre en échange de son soutien au budget. Elle n'a rien appris : elle préfère toujours une redistribution éphémère à une vraie réindustrialisation !  

1. L'Insee fixe le seuil de pauvreté à 60 % du revenu médian, soit 1 288 euros pour une personne seule.