Fiscalité

« La France, pays le plus taxé dans le monde développé, est aussi et surtout celui dans lequel la redistribution est déjà la plus forte, celui où la correction des inégalités par l’impôt est la plus radicale de tous les pays riches »

L'Opinion - 23 septembre 2024 - Par Nicolas Beytout

Si les programmes électoraux des macronistes d’Ensemble pour la République et des Républicains se sont toujours ressemblé sur plusieurs aspects, c’est bien sur la fiscalité qu’ils ont été le plus en phase et le plus déterminés. Il ne saurait y avoir, disaient-ils en chœur, un seul euro d’impôt ou de taxe supplémentaire.

Mais ça, c’était avant… Avant de faire mine de découvrir que la situation budgétaire de notre pays était « grave ». Avant de se retrouver en situation de gouverner. Avant d’avoir à assumer politiquement une inévitable et impopulaire chasse aux déficits dans un pays drogué à l’argent public.

Avec la nouvelle coalition droite et centre au pouvoir, le serment « Pas de hausse des impôts » a donc vécu. Un petit mot, « sauf », s’est glissé dans les discours : il n’y aura pas de fiscalité supplémentaire « sauf pour les plus riches », aussi bien les grandes entreprises que les ménages.

Le plus stupéfiant dans ce glissement sémantique, n’est pas tant que la confiance des électeurs ait été abusée (c’est tellement courant). Non, c’est que cet accroc dans la doctrine défendue depuis sept ans par la majorité et l’opposition de droite se produise au nom de la justice fiscale, ce qui sous-entend qu’il y a une situation d’injustice fiscale qu’il est urgent de corriger. La France, pays le plus taxé dans le monde développé, est aussi et surtout celui dans lequel la redistribution est déjà la plus forte, celui où la correction des inégalités par l’impôt est la plus radicale de tous les pays riches.

Mais voilà, la gauche morale a imposé son vocabulaire sur la justice fiscale. Et la droite paresseuse, oublieuse de son serment, a négligé de regarder la réalité. Rêve-t-elle que cela lui vaudra la reconnaissance des électeurs de gauche ? Au lieu de cela, ce sont ceux de droite et du centre, riches ou pas, qui comprendront vite que, comme toujours, leur tour viendra.

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