Politique
Le ministre des Comptes publics qui continue de gérer les affaires courantes préconise un rendez-vous rapide avec tous les groupes politiques sur le budget. Il met en garde sur l'évolution du déficit en cas d'inaction cette année, et alerte sur les « graves conséquences » d'une impasse pour 2025.
Les Echos - 2 août 2024 - Par Étienne Lefebvre
Thomas Cazenave, ministre délégué aux Comptes publics dans le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal, met en garde, dans une interview aux « Echos », contre le risque d'impasse politique sur le projet de loi de Finances 2025 et en appelle à un dialogue avec tous les groupes politiques : « Il faut passer aux travaux pratiques », prévient-il.
Dans l'attente de la nomination d'un nouveau gouvernement, la préparation du budget 2025 prend beaucoup de retard. Y aura-t-il un projet de loi de finances présenté début octobre ?
Le gouvernement est démissionnaire mais nous sommes au travail. Nous assurons au quotidien le bon fonctionnement de l'Etat, et nous préparons les éléments techniques nécessaires à l'élaboration du projet de loi de finances 2025. Mais je crois qu'il faut que tout le monde intègre davantage le contexte politique inédit auquel nous sommes confrontés et regarde la séquence budgétaire avec des lunettes différentes.
On parle beaucoup du calendrier des lettres plafonds fixant les crédits des ministères pour l'année prochaine. Mais le sujet numéro un, c'est de savoir quelle peut être la voie de passage à l'Assemblée nationale pour un budget, qui obtienne une majorité ou bien une majorité relative et qu'il ne soit pas censuré. Il faut remettre les choses à l'endroit.
Emmanuel Macron a appelé à l'ouverture d'un dialogue, mais celui-ci peine à se nouer. Comment sortir de l'impasse ?
Je pense que c'est autour du budget que ce dialogue peut et doit se nouer. C'est autour du budget que se construira ou pas une coalition ou un pacte législatif.
Je propose qu'après les Jeux olympiques, d'ici fin août, le gouvernement mette à la disposition des groupes politiques tous les éléments à date sur la situation budgétaire. A savoir, où en est-on en 2024 et que se passera-t-il d'ici à la fin de l'année si on n'agit pas ? Quelles sont les perspectives pour 2025 et quel serait le niveau de déficit en l'absence de mesures d'économies ou de recettes ? Et enfin quelles seraient les conséquences de l'absence d'un projet de loi de finances ?
Il faut passer aux travaux pratiques, que chaque groupe fasse des propositions et affiche ses priorités.
Où en est-on de l'exécution budgétaire cette année ?
Il est encore un peu tôt pour se prononcer sur les recettes, qui sont globalement conformes aux prévisions pour l'instant. Le prochain gouvernement devra se prononcer sur la question de la taxation des rentes, notamment des énergéticiens, sur laquelle des travaux parlementaires avaient été lancés.
Côté dépenses, il y a eu des éléments nouveaux qui vont peser comme l'organisation des élections législatives, les mesures prises pour la Nouvelle-Calédonie , etc. Nous avons par ailleurs lancé un deuxième train d'économies après l'annulation de 10 milliards de crédits en début d'année, mais pour les mettre en oeuvre, il y a encore des décisions à prendre d'ici à la fin de l'année. Cela fait partie des choses à discuter lors du rendez-vous politique sur le budget que j'appelle de mes voeux.
Que se passerait-il en cas de blocage sur le budget ?
Les conséquences seraient graves. J'entends dire qu'il est possible de reconduire les crédits à l'identique, mais certaines dépenses dynamiques augmentent chaque année comme les prestations ou la masse salariale, cela signifierait donc qu'on arriverait à cours de crédits en cours d'année. Et puis il y a des programmations engagées, des projets déjà lancés à financer.
Un budget reconduit à l'identique ne ferait que repousser très temporairement l'impasse !
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