Tribune
Sans doute saura-t-on gré au nouveau Premier ministre d’avoir l’honnêteté des faits et des chiffres. Mais où sont les simplifications et les économies de l’Etat le plus dépensier du monde ? Où sont les décisions sur les vrais enjeux : réforme de l’Etat, immigration, fiscalité, éducation ?
L'Opinion - 22 janvier 2025 - Par David Lisnard
« Quelque chose s’est passé hier qui pourrait bien marquer l’histoire politique, voire démocratique de notre pays. » En ces termes triomphants, le porte-parole du gouvernement relatait en août 2023 une simple réunion du président de la République avec des chefs de partis. Un an après, avec encore plus de solennité, le Président annonçait un grand « moment de clarification » par la dissolution de l’Assemblée nationale. Notre exécutif serait-il frappé d’une malédiction où chaque annonce produirait systématiquement son contraire ?
Soupe social-étatiste. Une chose au moins est claire : la situation dans laquelle se trouve la France exige la solution libérale. Nous étions quelques-uns à le dire, nous sommes désormais bien plus nombreux, « par un prompt renfort » de nouveaux convertis au libéralisme. Tant mieux. Car il y a ardente nécessité de rompre avec la bouillie néokeynésienne, la soupe social-étatiste et le régime carencé en exécution régalienne.
Jamais en effet, en temps de paix, les prélèvements obligatoires, les dépenses et la dette publiques n’ont été aussi élevés en France.
Jamais le nombre d’immigrés, en valeur absolue comme en pourcentage, n’a été aussi important et, plus grave encore, l’immigration hors de contrôle.
Jamais depuis au moins un demi-siècle, malgré toutes les contorsions statistiques, les violences contre les personnes n’ont été aussi fréquentes, aussi répandues sur le territoire et jamais leurs auteurs n’ont été aussi jeunes
Jamais depuis au moins un demi-siècle, malgré toutes les contorsions statistiques, les violences contre les personnes n’ont été aussi fréquentes, aussi répandues sur le territoire et jamais leurs auteurs n’ont été aussi jeunes.
ZFE. Jamais, les résultats de nos élèves n’ont été aussi faibles en mathématiques et en lecture. Jamais le nombre de lois, de règlements, d’obligations n’a été aussi élevé. Depuis le 1er janvier 2025, de nouvelles interdictions majeures sont d’ailleurs entrées en vigueur, que ce soient les ZFE qui excluent des millions d’automobilistes de la libre circulation (« zones à faibles émissions »), dont Alexandre Jardin prend la défense avec panache, ou l’interdiction de placer des centaines de milliers de logements sur le marché locatif en raison du DPE (« diagnostic de performance énergétique »).
Jamais depuis 1958, la voix de la France dans le monde n’a été si peu audible, de l’Extrême-Orient au Sahel en passant par le Moyen-Orient et le Maghreb, sans oublier les zones du Pacifique et l’océan Indien.
Et rarement depuis 1945 le contexte international n’a été aussi explosif, avec la montée en puissance et l’alliance d’empires illibéraux, les assauts redoublés des dictatures qui attaquent nos intérêts partout, recourant à la déstabilisation numérique, au chantage nucléaire, à l’abomination terroriste ou à la prise en otage de nos propres compatriotes, de Téhéran, à Alger en passant par Gaza.
Sans doute saura-t-on gré au nouveau Premier ministre d’avoir l’honnêteté des faits et des chiffres. Mais où sont les simplifications et les économies de l’Etat le plus dépensier du monde ? Où sont les décisions sur les vrais enjeux : réforme de l’Etat, immigration, fiscalité, éducation ? Où est la stratégie internationale de la France pour devenir une puissance d’initiatives, forte et claire dans ses alliances, et non le fantôme de la puissance d’équilibre qu’elle n’est plus depuis longtemps ?
A l’heure où les Etats-Unis développent une puce informatique quantique et préparent la conquête de Mars, nous faisons un conclave sur la retraite à 62 ans en continuant la perfusion de la répartition
Richesse. A l’heure où les Etats-Unis développent une puce informatique quantique et préparent la conquête de Mars, nous faisons un conclave sur la retraite à 62 ans en continuant la perfusion de la répartition. Et, quel que soit le gouvernement, revient la litanie du catéchisme de Bercy, bien sûr au nom de la « justice fiscale » et de « l’effort » (triplement de la taxe sur le transport aérien, augmentation de la flat tax, prélèvements sur les hauts revenus, les profits, etc.), dont la seule conséquence sera de faire fuir les talents, le capital, donc l’investissement et la richesse.
Je fais donc le vœu d’un sursaut politique radical et puissant, une vraie « clarification » au service des forces de la liberté, de l’ordre et de la dignité. Baisse drastique de l’immigration, remise en cause de la carte scolaire, instauration d’une part de retraite par capitalisation, suppression des lois qui interdisent les problèmes plutôt que de les régler, réforme structurelle de l’Etat pour en faire un outil moderne et performant, décentralisation radicale sur le principe de subsidiarité… Il faut faire gagner ce projet nouveau.
La clarification ne pourra s’effectuer que par le peuple, c’est-à-dire les urnes, qu’il s’agisse de nouvelles élections ou de référendums. C’est sans doute la raison pour laquelle la consultation directe du peuple semble enfin sérieusement envisagée par le président de la République.
Encore faut-il que les sujets choisis soient réellement décisifs pour l’avenir de notre pays. Or, nous pouvons craindre la tentation de questions sociétales, au départ qui semblent consensuelles, puis deviennent des motifs pour s’écharper, et surtout ne répondent pas aux grands enjeux qui nécessitent la légitimation du référendum : l’économique, le social et le régalien.
La France a tout pour réussir au XXIe siècle. A l’âge de l’IA, la valeur viendra de la création. Alors que bientôt, les machines sauront coder bien mieux que nous, c’est notre capacité à décoder le monde, notre raison critique, la richesse de notre culture et de nos principes qui feront la force de notre nation
La France a tout pour réussir au XXIe siècle. A l’âge de l’IA, la valeur viendra de la création. Alors que bientôt, les machines sauront coder bien mieux que nous, c’est notre capacité à décoder le monde, notre raison critique, la richesse de notre culture et de nos principes qui feront la force de notre nation.
A l’ère de l’écologie, c’est la production locale et massive d’énergie décarbonée et pilotable qui sera déterminante. A l’heure de la mondialisation et de l’urbanisation accélérée, c’est la qualité de vie de nos villes et villages millénaires qui fera rêver le monde. La France a tous ces atouts. Il ne faut donc plus que le courage de ceux qui détiennent l’avenir du pays pour que « l’obscure clarté tombe des étoiles ». Ainsi va la France.
David Lisnard est président de Nouvelle Énergie et maire de Cannes.
- Hits: 33