Société civile
Dépenses de personnel, subventions allouées à des associations sans rapport avec les attentes des Parisiens, logements sociaux... Catherine Lécuyer, conseillère divers droite du VIIIe arrondissement de Paris, dresse la liste des économies qui permettraient de réduire la dette de la capitale.
Le Figaro - 14 mars 2024 - Par Catherine Lécuyer*
La dette de Paris a atteint 8,2 milliards d'euros en 2023. Elle atteindra 8,8 milliards en 2024, 9,9 milliards en 2025. Elle n'était «que» de 4,18 milliards en 2014. Elle a donc déjà plus que doublé en moins de dix ans. Depuis l'explosion des taux d'intérêt, la durée de désendettement et la charge de la dette ont dangereusement augmenté.
Côté recettes, la ville a sous-estimé, avec beaucoup de légèreté, la chute des transactions et des frais de notaires résultant de la crise immobilière. En 2023, le manque à gagner s'est élevé à 200 millions. Or, elle peut difficilement actionner à nouveau le levier fiscal. Elle a déjà relevé de +52% la taxe foncière des propriétaires parisiens en 2023. Elle a également majoré la taxe d'habitation sur les résidences secondaires. Elle a par ailleurs augmenté tous les tarifs municipaux (cantine, conservatoire, stationnement...), jusqu'à tripler les tarifs de stationnement des SUV.
Dans ces conditions, comment Anne Hidalgo peut-elle retrouver des marges de manœuvre budgétaires, sans creuser la dette, sans augmenter la pression fiscale, sans réduire le service municipal rendu aux Parisiens ? Elle se trouve au pied du mur budgétaire. Elle ne peut plus reculer. Pour équilibrer le budget et réduire la dette, elle doit réduire d'urgence les dépenses dont l'utilité n'est pas avérée.
La maire de Paris préfère créer des logements sociaux avenue George V et avenue des Champs-Élysées, alors qu'elle pourrait en réaliser deux à trois fois plus dans des quartiers moins chers.
Catherine Lécuyer
Il faut d'abord réduire les dépenses de personnel. C'est le premier poste des dépenses de fonctionnement. Paris compte 58.000 fonctionnaires pour 2,1 millions d'habitants. Elle a encore recruté 650 agents en 2023. Environ 400 personnes travaillent pour la seule communication de la mairie ! Si le taux d'administration de la capitale est plus élevé qu'à Londres ou Rome, c'est pour compenser le faible temps de travail et le fort taux d'absentéisme des agents. Il faut donc augmenter le temps de travail, lutter contre le fléau de l'absentéisme et ne pas remplacer un départ à la retraite sur trois dans certaines fonctions d'encadrement.
Il faut ensuite réduire les dépenses de subventionnement. Elles s'élèvent chaque année à plus de 200 millions d'euros. La ville soutient des milliers d'associations et d'organisations dont l'objet est souvent éloigné, parfois même sans rapport, avec les besoins, les préoccupations et les attentes des Parisiens. Les exemples sont légion : 210.000 euros pour un projet d'étude sur les pratiques langagières des Araméens, 50.000 euros pour l'émission d'une monnaie locale à Paris, 10.000 euros pour former et sensibiliser à l'utilisation de «marmites norvégiennes»... Le système est dévoyé… Il est temps de nettoyer les écuries d'Augias !
Il faut aussi optimiser les dépenses de logement social. La politique menée, celle de la préemption de copropriétés pour les transformer en logements sociaux à des fins électoralistes, est un fiasco. De surcroît coûteux pour les contribuables : le budget 2024 y alloue 550 millions d'euros. Mais chaque année, il y a toujours plus de demandeurs de logement social et toujours plus de logements sociaux dégradés, toujours moins de diversité sociale et toujours moins de logements disponibles sur le marché locatif privé. La maire de Paris préfère créer des logements sociaux avenue George V et avenue des Champs-Élysées, alors qu'elle pourrait en réaliser deux à trois fois plus dans des quartiers moins chers. Une provocation gratuite… dispendieuse !
Le futur maire de Paris devra faire mieux, mais avec moins, pour le cadre et la qualité de vie des Parisiens.
Catherine Lécuyer
Il faut également réduire les dépenses de grands travaux d'urbanisme et de voirie. Anne Hidalgo continue de mener des travaux dont le coût élevé pour les contribuables est généralement inversement proportionnel à l'utilité pour les Parisiens : «réenchantement» des Champs-Élysées, transformation des abords de la Tour Eiffel et de la place du Trocadéro, multiplication des opérations «Embellir votre quartier», etc. Ces travaux siphonnent le budget dédié à l'entretien du patrimoine de voirie. La maire investit dans l'accessoire aux dépens du principal. Pendant ce temps, les nids-de-poule éclosent un peu partout et l'espace public est à l'abandon.
Une meilleure gestion des finances parisiennes sera une gestion plus soucieuse des biens et des intérêts des contribuables. Elle financera l'investissement en mobilisant davantage le patrimoine municipal. Elle planifiera un programme d'investissement de la mandature, auquel la maire a aussi renoncé depuis 2020. Elle n'hésitera plus à déléguer au privé ce que le public fait mal. La collecte des ordures est emblématique. Le service public rendu n'est pas à la hauteur alors que la taxe d'enlèvement rapporte plus que ne coûte l'enlèvement. Il faudra donc étendre la privatisation de cette collecte des ordures ménagères à tous les arrondissements.
En fin de mandature, un audit indépendant des finances municipales devra être réalisé. En tout état de cause, le futur maire de Paris devra faire mieux, mais avec moins, pour le cadre et la qualité de vie des Parisiens.
*Catherine Lécuyer est conseillère du VIIIe arrondissement de Paris (divers droite).
- Hits: 477