David Lisnard, président de Nouvelle Énergie. François BOUCHON

Législatives

Le maire LR de Cannes explique l’ambition des 70 candidats Nouvelle Énergie engagés aux législatives.

Le Figaro - 19 juin 2024 - Par Emmanuel Galiero

LE FIGARO. - Laurent Wauquiez s’engage dans ces élections législatives en se portant candidat en Haute-Loire. Pourquoi pas vous ?

David LISNARD. - Mais je suis candidat avec Alexandra Martin à Cannes au poste de suppléant ! En soutenant tous ceux qui se réclament de la liberté, de l’ordre et de la responsabilité.

Vous lancez 70 candidats, mais comment vont-ils se démarquer au milieu de l’offre éclatée de la droite, entre les LR pro-Ciotti et les LR anti-Ciotti ?

Tous les candidats Nouvelle Énergie engagés dans un temps extrêmement contraint, sont soit NE et LR (Les Républicains), soit NE et NC (Nouveau Centre), soit NE tout court. Je ne veux pas être sur des étiquettes, j’essaye de porter des convictions et des principes forts, quand le président de la République joue l’avenir de la France sur un coup de dés. Je vois bien que la situation chaotique actuelle confirme que l’on ne sort pas d’une impasse politique en passant par des alliances de circonstance, mais en changeant de direction. Tous ceux qui partagent nos valeurs peuvent nous rejoindre. Notre mouvement est celui d’une droite ferme et réaliste.

La droite est archipellisée depuis très longtemps mais la reconstruction est en cours. Elle ne se fera pas par du bricolage. C'est tout le contraire du « en même temps » provoqué par ceux qui sont à la fois les ingénieurs, les bricoleurs et les détonateurs du chaos

David Lisnard

Côté logos et slogans, quelle est l’identité politique de vos candidats ?

On ne m’a jamais rien imposé et je n’impose rien. C’est toujours le candidat qui sent sa campagne et sa circonscription. En revanche, ils ont tous reçu le credo de Nouvelle Énergie et je leur ai demandé de le valider.

Chez LR, deux camps s’accusent d’avoir vendu leur âme, soit au RN soit à la macronie. Comment observez-vous cette rupture ?

Nous, nous essayons de contribuer à l’émergence d’une droite indépendante qui veut ouvrir une voie entre, d’un côté, certaines manœuvres occultes avec la macronie, qui a conduit notre pays au bord du précipice, et, de l’autre, ceux qui nous poussent dedans. La droite est archipellisée depuis très longtemps, mais la reconstruction est en cours. Elle ne se fera pas par du bricolage. C’est tout le contraire du « en même temps » provoqué par ceux qui sont à la fois les ingénieurs, les bricoleurs et les détonateurs du chaos, comme l’est le président de la République. En face, l’extrême gauche a basculé dans le pire, telle une force destructrice.

Certains de vos amis déplorent la présence de candidats NE face à des candidats LR…

Ce n’est pas le cas, sauf pour deux ou trois qui ont déposé au dernier moment. Nous allons regarder les choses de près. Le but est que chacun s’y retrouve.

Avez-vous participé à des négociations avec Les Républicains ?

Il n’y a pas eu de négociations. Si j’avais voulu personnaliser ces élections, j’aurais pu lancer 577 candidats. C’était possible. Mais moi, ce qui m’intéresse, c’est de construire l’avenir, pas de me laisser entraîner par ceux qui ont une vision clanique et qui nous emmènent d’échec en échec depuis quinze ans. Le plus important aujourd’hui est de ne pas ajouter de désordre. Il faut parfois accepter d’être minoritaire, mais pas opportuniste.

C’est toujours au milieu du désordre que naissent les forces du renouveau. Ceux qui veulent porter nos couleurs sont des personnalités en rupture avec la doxa interventionniste et étatique. Pour être majoritaire, il faudra bien élargir et convaincre. C’est mathématique. Mais nous voulons être une force d’attraction par la force de nos propositions et sans se jeter sur des alliances contre-nature qui décrédibiliseraient notre projet.

Parfois, à droite, certains vous jugent déloyal à l’égard des LR et vous soupçonnent de rouler surtout pour vous-même. Que leur répondez-vous ?

Il faudra que ceux qui peuvent penser cela me le disent en direct. Nouvelle Énergie s’inscrit dans une démarche collective. Nous sommes dans le droit chemin et sommes irréprochables. Je l’ai démontré à la présidentielle, aux européennes et toutes ces dernières années. Dans ces moments-là, moi, j’ai toujours été devant et pas derrière. Le plus important est de rassembler, sinon nous deviendrons un clan. Ou un vague souvenir.

Une chose est sûre : nous avons besoin d'un parti héritier du gaullisme, du libéralisme et de la démocratie chrétienne, ancré dans son époque

David Lisnard

Les électeurs de droite ne risquent-ils pas de s’y perdre ?

Je ne le crois pas du tout, car, dans la majorité des cas, les choses seront simples : il y aura toujours un candidat du front de gauche, un macroniste, un LR ou un centriste et une extrême droite. Je ne vois pas ce que cela change. Surtout, il faut comprendre que ces élections sont une étape pour Nouvelle Énergie dans un mouvement de reconstruction de la droite.

Que dites-vous à ceux qui vous soupçonnent d’avoir tenté une captation des financements LR et de vouloir prospérer sur les ruines de ce mouvement fragilisé ?

Tout cela n’est que le fruit d’attaques malveillantes qui ne m’intéressent pas. Les faits les contredisent, car mon approche ajoute sans chercher à se superposer. Hélas, même dans ce désordre, ceux qui ont déjà réduit LR cherchent encore à l’affaiblir. Attention à la spirale infernale des accusations gratuites. Il faut en finir avec cela aussi. Mais je ne me laisse pas décourager et je veux rappeler l’enjeu de ces élections : répondre au chaos politique du pays. Nouvelle Énergie est un mouvement neuf et constructif. Nous croyons à ce que nous faisons et nous voulons recréer une espérance, dans la solidité et la constance.

Mais quid des rattachements financiers une fois vos candidats élus à l’Assemblée ?

Nous verrons demain quels seront les rapports de force. L’important est de créer un mouvement de droite le plus fort et le plus cohérent possible.

Souhaitez-vous avoir un groupe à l’Assemblée ?

Ce n’est pas l’optique, ni mon ambition dans la vie. L’enjeu est que nous puissions redevenir majoritaires en France pour redresser le pays. Ce qui compte, c’est un projet commun. Le reste n’est que circonstances.

Emmanuel Macron a réussi à nous mettre dans un étau écrasant, entre lui et les extrêmes. Ce qu'il a fait est impensable et dangereux

David Lisnard

Craignez-vous une disparition des LR ?

Pour l’instant, il faut se battre pour nos candidats. À cette heure, on ne sait pas qui est le président, ni quelles en sont les instances légitimes. Il ne s’agit pas de spéculer mais de sortir d’une impasse. Une chose est sûre : nous avons besoin d’un parti héritier du gaullisme, du libéralisme et de la démocratie chrétienne, ancré dans son époque.

Éric Ciotti est conscient du trouble provoqué à droite par son alliance, mais il veut croire que les résultats permettront le rassemblement. A-t-il raison ?

Il y a eu une rupture indéniable, sur la forme et sur le fond. Je ne peux pas promouvoir ce que je combattais il y a dix jours. Mais tout cela révèle l’exaspération des gens et des politiques face à l’impuissance publique.

Dans le cas où vos candidats ne seraient pas qualifiés pour le second tour, quelle sera l’attitude de Nouvelle Énergie ?

On fera barrage à l’extrême gauche.

Que craignez-vous en cas de gouvernement des affaires courantes qui impliquerait un État très administré durant un an ?

Ce serait une étape de plus qui nous conduirait dans un précipice, un nouveau bâton de dynamite dans le moteur à explosion dans lequel nous sommes. Emmanuel Macron a réussi à nous mettre dans un étau écrasant, entre lui et les extrêmes. Ce qu’il a fait est impensable et dangereux. D’autres solutions existaient. Mais quand tout est dans l’incertitude, la seule solution est de se concentrer sur ce que l’on maîtrise. C’est ce que je veux faire avec Nouvelle Énergie.