Amélie de Montchalin a annoncé plus de transparence sur le rééquilibrage des régimes de retraite des fonctionnaires. Benoit Tessier / REUTERS

Dépenses publiques

Chaque année, l’État doit injecter de l’argent pour remettre d’équerre les régimes de retraites de ses agents, dont certains s’avèrent particulièrement en tension.

Le Figaro - 28 octobre 2025 - Par Pierre-Loeiz Thomas

 

Opération transparence. Dans une période budgétaire floue, le gouvernement choisit de jouer carte sur table, du moins sur le financement de la retraite des fonctionnaires. Dans une annexe du projet de loi de finance 2025 publié à la veille du week-end, le gouvernement détaille le déséquilibre systémique des régimes de retraite de ses agents. «Les caractéristiques démographiques de ces régimes sont marquées par un fort déséquilibre cotisants/pensionnés», note l’exécutif dans son rapport. «Il n’y a que 0,9 fonctionnaire pour un retraité aujourd’hui. Or, comme on compte plus de retraités de la fonction publique d’État que d’agents fonctionnaires titulaires qui travaillent, il est nécessaire de concevoir un système nous permettant de tenir nos obligations», complétait Amélie de Montchalin devant les parlementaires la semaine dernière.

Des régimes en tension

Certains régimes sont particulièrement en tension, notamment ceux qui n’accueillent plus de nouveaux entrants, comme celui des mines (où 773 cotisants font face à près de 94.000 bénéficiaires), de la Société nationale d’exploitation industrielle des tabacs et allumettes (0 cotisant pour 4512 bénéficiaires). Le rapport pointe également du doigt les régimes de la SNCF et de la RATP, eux aussi déficitaires. Dans l’entreprise ferroviaire publique française, 112.621 employés cotisent aujourd’hui pour 165.097 bénéficiaires. Dans la régie parisienne, ils sont 39.956 actifs pour 40.927 retraités.

Pour remédier à ce système structurellement déficitaire, l’État verse des «surcotisations patronales» élevées. Dans le secteur privé, ces cotisations sont fixées à 16,5% contre 74,28 % dans le public. De cette façon, l’État subventionne lui-même le régime de retraite pour combler le déficit. Lors d’une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale le mardi 21 octobre, la ministre des Comptes publics avait détaillé le montant des subventions allouées chaque année pour équilibrer ces régimes. «Sur les 52 milliards d’euros de contribution de l’État destinés à payer les retraites des fonctionnaires, 11 milliards sont liés à des cotisations employeurs normales et 41 milliards à la cotisation d’équilibre», avait avancé Amélie de Montchalin.

Après cette première étape vers plus de transparence, la ministre des Comptes publics ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. «Dans le projet de loi de finances pour 2027, nous irons un cran plus loin en réorganisant tous les tuyaux budgétaires », a-t-elle assuré. Une manière d’éclaircir les débats sur les budgets alloués à chaque ministère. «En 2025, sur les 87 milliards d’euros votés pour le budget de l’éducation nationale, 24 milliards ont servi à payer des retraites, ne laissant que 63 milliards pour les dépenses d’éducation proprement dites. Cette surévaluation de nos dépenses d’éducation nous amène à croire que nous y consacrons une part du PIB supérieure à la moyenne de l’OCDE, alors que la situation est inverse : nous n’investissons pas suffisamment dans une mission essentielle de l’État», regrettait Nathalie Coggia, députée des Français de l’étranger, qui interpellait la ministre sur le sujet.