Dette
79% des Français pensent qu’« on ne peut plus attendre pour régler le problème de la dette » et 87% d’entre eux que le budget de l’État devrait être géré « comme n’importe quel ménage doit gérer le sien ».
Le Figaro - 6 décembre 2025 - Par Guillaume Tabard
Au moment de voter le budget, les parlementaires gagneraient à se mettre « dans la tête des Français », titre de la grande étude annuelle OpinionWay-Nexity publiée dans Le Figaro. Ils découvriraient une conscience de la gravité des enjeux plus forte qu’ils imaginent.
Sur les grandes tendances de fond relatives à leur vie, on constate une grande stabilité sur les années écoulées. L’une des rares évolutions significatives concerne précisément « la priorité de la politique économique de la France ». Il y a encore un an, la lutte contre la hausse des prix arrivait très largement en tête (40 %). C’est désormais, et nettement, la réduction de la dette publique (32 %). Ce renversement est d’autant plus spectaculaire qu’un souci abstrait d’intérêt général prend le pas sur une préoccupation concrète et particulière.
Est-ce l’impact de la pédagogie de Michel Barnier, puis de François Bayrou, sur cette question de la dette ? On touche ici à une question récurrente de l’action politique lorsqu’elle en appelle à l’effort. Pour avoir mis en avant une potion inévitablement amère, les deux hommes ont été renversés. Alors qu’en privilégiant l’accord avec les socialistes, Sébastien Lecornu a - jusqu’au vote de ce jour sur les recettes du PLFSS - échappé à la censure. N’existerait-il aucune issue satisfaisante ?
Pourtant, 79 % des Français pensent qu’« on ne peut plus attendre pour régler le problème de la dette » et 87 % d’entre eux que le budget de l’État devrait être géré « comme n’importe quel ménage doit gérer le sien » - ce que disait Bayrou - et 82 % estiment que la dette doit être réduite « en baissant les dépenses publiques et pas en augmentant les impôts » - ce qui n’est pas le chemin emprunté. Plus inattendu : près de trois Français sur quatre (72 %) sont favorables à l’interdiction pour le Parlement de voter un budget en déficit. Quand le gouvernement présente comme un objectif de ne pas dépasser les 5 % du PIB dans le PLF et voit dans le trou annoncé de la Sécurité sociale à 20 milliards un moindre mal par rapport aux 30 milliards possibles en cas de budget non voté.
Recompositions partisanes
D’une manière globale, alors que la promesse macroniste de 2017 était de réenchanter la vie politique, jamais le regard des Français n’a été aussi désabusé. Les députés sont accusés à 87 % d’être « d’abord intéressés par leur propre visibilité médiatique », de donner une mauvaise image de l’Assemblée nationale (83 %) et de chercher « avant tout à créer des polémiques » (78 %). D’où l’impatience des électeurs autant que des élus à tourner cette laborieuse séquence budgétaire.
Sans surprise, les Français continuent de plébisciter des alternatives à la démocratie représentative (référendums, conventions citoyennes…) mais semblent sans illusion sur les recompositions partisanes. Modérément favorables aux primaires (de 54 % à 56 % quel que soit le parti), partagés sur un « front républicain » (30 % en veulent un contre le RN, 29 % contre LFI), et sceptiques sur des alliances en vue de la présidentielle. LR-RN, « bloc-central »-LR, LFI-gauche, PS-macronistes : aucun attelage n’est souhaité par au moins un tiers des électeurs. En 2027, le premier défi de tout aspirant à l’Élysée sera de convaincre que la politique a encore une utilité.
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