David Amiel est élu dans la 13e circonscription de Paris. • © LUDOVIC MARIN / AFP

Entreprises

Député EPR, proche d’Emmanuel Macron, David Amiel dresse un bilan positif de la politique de l’offre et redoute la mise en sommeil des réformes jusqu’en 2027

L'Opinion - 3 juillet 2025 - Par Corinne Lhaïk

Les Français approuvent la politique pro-entreprise. En êtes-vous surpris ?

Non. Ils sont souvent en avance sur les politiques car confrontés à la réalité. Les ouvriers à la concurrence internationale. Les entrepreneurs au coût du travail. Les innovateurs à l’accélération de la Chine et des Etats-Unis. 

Les résultats font apparaître un net clivage droite gauche...

La gauche s’est radicalisée, ce qui n’était pas le cas il y a dix ans : c’est elle qui a fait voter le CICE (la baisse des charges des entreprises), une réforme du marché du travail (loi El Khomri) ou encore la loi Macron. La social-démocratie doit se faire entendre. 

Aujourd’hui, il faut accélérer sans attendre 2027. Le temps perdu ne se rattrape plus : l’hyper-accélération technologique avec l’IA, l’hyper-agressivité chinoise et américaine vont rebattre toutes les cartes. La politique de l’offre nécessite de la constance

Emmanuel Macron est-il allé au bout d’une politique de l’offre ?

Il a mené des réformes d’ampleur : baisse de la fiscalité sur l’entreprise et les entrepreneurs, du coût du travail, réforme du marché du travail, de l’apprentissage, etc. Il a pu le faire parce qu’il a eu le courage de porter la politique de l’offre dans sa campagne en 2017, de la maintenir depuis : avant lui, on avait la politique de l’offre honteuse, donc incohérente. Cette politique a mis fin au chômage de masse, relancé l’attractivité du pays, stoppé la désindustrialisation. Avec le soutien au nouveau nucléaire et aux renouvelables, le Président a jeté les premières bases d’une nouvelle grande électrification du pays. Aujourd’hui, il faut accélérer sans attendre 2027. Le temps perdu ne se rattrape plus : l’hyper-accélération technologique avec l’IA, l’hyper-agressivité chinoise et américaine vont rebattre toutes les cartes. La politique de l’offre nécessite de la constance. 

Ces acquis sont-ils menacés ?

Oui. La classe politique française vit en vase clos. Il y a une soif légitime de justice sociale, mais on ne la satisfera pas en étouffant les entreprises. Nous-mêmes, le bloc central, devons bien davantage parler de salaires, conditions de travail, école, logement. La gauche préfère parler de fiscal que de social. Mais augmenter les prélèvements sur les entreprises, c’est choisir la désindustrialisation et la destruction de la classe ouvrière. Une autoroute pour le RN. 

Comment concilier politique de l’offre et consolidation budgétaire ?

On ne peut pas réduire le déficit en augmentant encore les prélèvements obligatoires. Ce serait insoutenable. Economiquement pour les entreprises, politiquement pour les ménages. Ce débat fiscal perpétuel crée de l’instabilité pour les entreprises, est délétère pour l’activité. 

Quelles devraient être les prochaines étapes de la politique de l’offre ?

On peut avancer sur trois urgences d’ici à 2027 que j’appelle les trois I : industrialisation, innovation, instruction. Revoyons nos règles face à une Chine qui cumule désormais la technologie de la Californie et le coût du travail d’un pays émergent. Alors que Trump s’attaque à Harvard, donnons un nouvel élan à notre université, la grande école de notre classe moyenne, la grande oubliée du débat public. Simplifions et accélérons les investissements de rupture technologique.