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Finances Publiques

La Sécurité sociale est en train d'être démantelée par des politiques inédites d'austérité, entend-on souvent dans le débat public. L'examen des chiffres infirme cette lecture.

Les Echos - 30 mai 2024 - Par Dominique Seux

Mercredi, la Cour des comptes, à l'occasion de la publication de son rapport annuel sur le sujet, tire la sonnette d'alarme et avertit : le déficit de la Sécu risque de grimper à 17 milliards d'euros en 2027 . Ce jeudi, le gouvernement sort du bois : inutile d'atteindre 2027, ce chiffre sera atteint dès cette année 2024 . Les magistrats de la rue Cambon victimes d'une illusion optimiste, c'est peut-être une première !

Mercredi, les magistrats, toujours eux, formulent des propositions pour réaliser des économies, par exemple sur l'indemnisation des arrêts de travail pour maladie. Des médias ont fait le « buzz » autour de l'arrêt de l'indemnisation pendant les 7 premiers jours. Ce jeudi, la Cour a dû rectifier par communiqué. C'est la prise en charge par l'assurance-maladie qui serait retardée, les salariés resteraient indemnisés par leur employeur.

Ces petits événements confirment que les pistes d'économies ont toujours été brûlantes dès que l'on parle des sujets sociaux. Eh bien, cela risque de continuer au cours des prochains mois, avec des comptes publics qui dérapent à qui mieux mieux. Emmanuel Macron, sans majorité à l'Assemblée nationale, va de surcroît être en difficulté politique pour faire adopter ses budgets, avec le risque d'une motion de censure.

Un graphique construit avec les données fournies par la Cour des Comptes permet de comprendre l'ampleur de la hausse des dépenses de sécurité sociale ces dernières années. Elle est de 31% depuis 2017 - ce n'est pas la préhistoire, c'est hier. S'il s'agit d'euros courants dans un contexte inflationniste (1,6 en 2021 ; 5,2% en 2022 et 4,9% en 2023), cela n'infirme pas le diagnostic : l'idée d'austérité n'a aucun fondement.

Bien sûr, chacun sait que les besoins sociaux augmentent (le vieillissement de la population principalement), ce qui alourdit mécaniquement les dépenses de santé, par exemple hospitalières, et les dépenses de retraite - ce qui justifie les réformes successives. Il est peu envisageable que ces dépenses diminuent. Mais il est légitime de se demander si chaque euro dépensé est bien utilisé.