Finances publiques
L’agence américaine anticipe que le gouvernement qui émergera des négociations post-élections sera sous la menace « persistante » d’une censure.
L'Opinion - 10 juillet 2024 - Par la Rédaction
L’agence de notation S&P Global a déjà le doigt sur la gâchette. Elle est la dernière à avoir dégradé, fin mai, la note de la dette française (la rétrogradant de AA à AA-) quelques mois après l’annonce d’un déficit public bien plus élevé qu’attendu en 2023. Dans un mémo post-élections législatives, ses analystes ont prévenu quelques heures après le dépouillement des bulletins de vote, que cette note de crédit France serait « sous pression si la croissance était sensiblement inférieure à nos projections pendant une période prolongée, ou si la France ne parvenait pas à réduire son important déficit budgétaire ». Et que le poids des intérêts de sa dette en pourcentage des recettes publiques s’envolait « au-delà de nos attentes actuelles ».
Budget. Pour S&P, l’un des tests majeurs sera le projet de budget 2025. Il devrait être présenté au Parlement début octobre et il « donnera une indication de la volonté du nouveau gouvernement de réduire les importants déficits budgétaires de la France et de se conformer aux règles budgétaires de l’Union européenne ».
Evidemment, le résultat du scrutin législatif « est susceptible de compliquer l'élaboration des politiques » et « crée une incertitude quant aux détails de la stratégie de politique économique et fiscale » dans les prochains mois, déplore l’agence. De fait, à l’issue du vote, ni le Nouveau Front populaire (gauche, 193 sièges), ni le camp présidentiel (163 sièges), ni le Rassemblement national et ses alliés (extrême droite, 143 sièges) n’ont obtenu la majorité absolue et sont loin du seuil des 289 députés qui libère l’action de l’exécutif.
De ce fait, l’agence constate comme tout le monde que le gouvernement qui émergera des négociations « aura du mal à mettre en œuvre des mesures politiques significatives », étant sous la menace « persistante » d’une censure. C’est le premier avertissement envoyé par l’une des Pythies des marchés financiers.
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