Fiscalité

C’est un bon impôt et un des rares qui soit plutôt faible en France

L'Opinion - 27 octobre 2025 - Par Hakim El Karoui

Les budgets 2026 et 2027 vont toucher le pouvoir d’achat, quoi qu’il arrive. Hausse des impôts et baisse des prestations seront nécessaires. L’idéal serait de traiter enfin les anomalies démocratiques et économiques (les pensions sont trop hautes, le taux d’épargne des retraités (23 % en est la meilleure preuve) plutôt que les forces productives.

Reste une piste jamais évoquée : la TVA, cette taxe qui a mauvaise réputation parce qu’elle est visible, parce qu’elle touche la consommation, et parce qu’elle semble injuste. C’est pourtant un bon impôt et un des rares qui soit plutôt faible en France. Depuis la hausse de 2014 (de 19,6 % à 20 %), plus personne n’ose y toucher. Pourtant, notre taux normal est inférieur à celui de la plupart de nos voisins : 23 % au Portugal, 23 % en Irlande, 24 % en Finlande, 25 % en Suède et au Danemark, 27 % en Hongrie.

Elle a pourtant un avantage décisif : elle taxe la consommation, pas la production. Elle ne pénalise ni l’investissement, ni l’emploi, ni l’exportation. Dans un monde ouvert où la compétitivité se joue sur les coûts, mieux vaut taxer ce que l’on consomme que ce que l’on produit. Contrairement à l’impôt sur le revenu, elle n’incite pas à la délocalisation. Contrairement aux cotisations sociales, elle ne pèse pas sur le travail. Et contrairement à l’impôt sur les sociétés, elle ne décourage pas l’investissement. C’est aussi un impôt efficace à collecter : en France, le taux de recouvrement dépasse 98 %. Peu d’impôts peuvent en dire autant.

Selon l’Insee, les 10 % de ménages les plus riches acquittent plus de 25 % de la TVA totale collectée, les 20 % du haut de la pyramide des revenus 45 % quand les 10 % les plus modestes en supportent moins de 5 %

Injustice. L’argument le plus souvent avancé contre la TVA – son injustice – ne résiste pas à l’analyse. Oui, elle frappe tout le monde. Mais dans les faits, les ménages aisés consomment beaucoup plus, et donc paient bien plus de TVA. Selon l’Insee, les 10 % de ménages les plus riches acquittent plus de 25 % de la TVA totale collectée, les 20 % du haut de la pyramide des revenus 45 % quand les 10 % les plus modestes en supportent moins de 5 %.

La TVA n’est pas un impôt progressif, mais elle suit le niveau de consommation réelle. Elle est donc progressive en valeur absolue : ceux qui consomment plus paient plus. Par ailleurs, les biens essentiels (alimentation, énergie, santé, transports) bénéficient de taux réduits (5,5 % ou 10 %), ce qui atténue largement l’impact sur les ménages modestes. Enfin, la TVA est payée par les touristes qui viennent dans notre pays.

Une hausse d’un point de TVA (de 20 % à 21 %) rapporterait environ 8 à 10 milliards d’euros par an. C’est plus que la plupart des mesures fiscales débattues ces dernières années. La TVA a un défaut : elle ne flatte personne, les démagogues lui sont donc toujours opposés. Mais elle a une vertu rare : elle dit la vérité sur le lien entre consommation et financement collectif.

A un moment où au Parlement les partis font assaut de clientélisme électoral (« oui aux hausses d’impôts mais pas pour nos électeurs ! », « oui aux baisses de dépenses pour les autres »), une hausse limitée de la TVA serait moins dangereuse pour l’économie et plus efficace que les folies fiscales à la Zucman ou le retour d’un ISF mal calibré.