Fiscalité
Les prélèvements obligatoires ont atteint 45,3 % du PIB en France en 2024 selon Eurostat, légèrement moins qu'en 2023. La moyenne de l'Union européenne s'établit à 40,4 % du PIB.
Les Echos - 3 novembre 2025 - Par Stéphane Loignon, Sébastien Dumoulin
Ce n'est pas le résultat du championnat d'Europe de handball, mais bien le palmarès des prélèvements obligatoires en Europe. La France cède de peu sa place de championne de l'Union européenne au Danemark, selon les derniers chiffres annuels d'Eurostat.
Les prélèvements obligatoires - comprenant les impôts et les cotisations sociales - ont atteint 45,3 % du PIB en France en 2024, soit légèrement moins qu'au Danemark (45,8 %) mais un peu plus qu'en Belgique (45,1 %). Sur l'année précédente, 2023, la France devançait les deux pays, avec un niveau de prélèvements obligatoires légèrement supérieur, à 45,6 % du PIB.
Remontée dans 22 pays européens, baisse en France
Même s'il a baissé depuis 2016, le niveau de prélèvement en France demeure supérieur d'environ 5 points de PIB à la moyenne européenne. En 2024, cette moyenne s'est établie à 40,4 % du PIB dans l'Union européenne (soit un demi-point de PIB de plus qu'en 2023) et à 40,9 % du PIB dans la zone euro. L'Irlande reste de loin le pays de l'Union où les impôts et cotisations sont les plus bas, à 22,4 % du PIB.
Cependant, la spécificité française peut être légèrement nuancée, car la manière dont l'Etat comptabilise les cotisations retraite de ses fonctionnaires aboutit à surestimer à la fois les prélèvements obligatoires et la dépense publique d'environ 1 point de PIB (30 milliards d'euros), selon une note du Conseil d'analyse économique, publiée fin septembre.
La France est l'un des cinq pays européens où le niveau des prélèvements obligatoires a baissé entre 2023 et 2024. Il a, au contraire, augmenté dans 22 pays de l'Union. En France, l'exercice 2024 avait été marqué par des recettes fiscales particulièrement décevantes par rapport aux prévisions de Bercy.
Hausses à venir en France en 2025 et 2026
Les prélèvements obligatoires ont remonté dans l'Hexagone en 2025 - ce qui devrait se traduire dans le prochain classement d'Eurostat - et cette hausse pourrait se poursuivre l'an prochain. Selon le texte initial du projet de loi de finances (PLF) 2026, en cours de discussion au Parlement, le taux de prélèvements obligatoires - calculé selon une méthode différente d'Eurostat - a atteint 42,8 % en 2024, 43,6 % en 2025 et doit s'élever à 43,9 % l'an prochain.
En incluant les mesures jusqu'ici adoptées par les députés, ce taux serait encore supérieur. « Il fut un temps où l'on parlait de ras-le-bol fiscal. Si je prends en compte l'ensemble des amendements votés, notamment la taxation des multinationales, des rachats d'actions et des superdividendes, le taux de prélèvements obligatoires atteindrait au moins […] 45,1 % du PIB », a déclaré la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, vendredi. Soit plus qu'en 2013. « Je pense qu'il faut que nous arrêtions de créer des impôts. […] Quel signal voulons-nous envoyer à l'économie ? » s'est-elle interrogée.
Certaines mesures adoptées par les députés sont toutefois considérées par le gouvernement comme inapplicables, comme la taxe sur les multinationales et ses 26 milliards de rendement affiché. De nombreuses dispositions, dont cette taxe, risquent de disparaître ou d'être modifiées dans la suite des discussions.
Sébastien Dumoulin et Stéphane Loignon
- 35 Lectures

