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Fiscalité
Malgré un niveau inégalé en Europe de prélèvements obligatoires, nos dirigeants continuent de s'étourdir en manipulations fiscales dérisoires ou dangereuses à l’aune des désordres financiers du pays
L'Opinion - 11 février 2025 - Par Rémi Godeau
A peine adopté, le budget 2025 suscite des frondes fiscales : après les autoentrepreneurs, les dirigeants d’entreprises sous LBO dénoncent une manœuvre avec la taxation des « management packages ». A peine entamée, la discussion sur la loi de finances 2026 s’engage par un réflexe dogmatique : l’imposition du patrimoine des plus riches, via un super ISF déjà annoncé comme possible compromis entre la gauche et François Bayrou. Ce mercredi, l’article 49.3 de la Constitution consacrera un lourd déficit de la Sécu – il grossira une dette sociale que la France est seule au monde à faire payer aux futurs contribuables faute d’avoir le courage de réclamer un effort aux cotisants actuels.
Malgré un niveau inégalé en Europe de prélèvements obligatoires, de charges sur les salaires, de ponctions sur les hauts revenus et de retenues sur le capital, nos dirigeants continuent de s'étourdir en manipulations fiscales dérisoires ou dangereuses vu les désordres financiers du pays. Sans réfléchir sur l’efficacité de la dépense. Sans penser à l’impact sur la production, et donc sur la richesse de la nation. Sans s’interroger sur un modèle social coûteux dont le mode de financement interdit toute rémunération juste du travail des classes moyennes.
Voilà le vrai combat que, par paresse, renoncement ou fanatisme, nos petits marquis de la « justice fiscale » dissimulent. Pour 100 euros gagnés, l’employé payé au salaire moyen en gardait 69 en 1968 ; c’est 54 euros aujourd’hui. Pire, pour 60 % des actifs, une augmentation de 100 euros bruts se traduit par moins de 40 euros nets dans la poche. Comment s'étonner que les Français ne veulent pas travailler plus, plus longtemps ? Et comment croire que cibler 4 000 foyers, certes ultra-aisés, suffira à apaiser 16 millions de ménages au pouvoir d’achat bridé par une gestion calamiteuse de l’Etat providence ? L’excuse de l’urgence ne tient plus.
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