
Politique
Régulièrement cité pour Matignon, même s'il défend avoir été approché par l'Elysée, Jean-Louis Borloo défend une refonte complète de l'action publique face à une crise politique majeure.
Les Echos - 9 octobre 2025 - Par Claude Fouquet
Jean-Louis Borloo à Matignon ? Son nom revient avec insistance, à la veille de la décision d'Emmanuel Macron. Si l'intéressé dément avoir été approché par l'Elysée, son nom est poussé par certains, notamment à droite.
Mercredi, sur France 2, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a salué l'hypothèse d'une nomination de Jean-Louis Borloo à la tête du gouvernement. Ce jeudi sur France Info, le patron des Républicains Bruno Retailleau a estimé que le centriste, qu'il a eu au téléphone jeudi matin, était « disruptif » et n'était « ni de gauche ni macroniste », condition qu'il a fixée pour participer au prochain gouvernement.
Les origines de la crise
Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat, a estimé aussi que même si « ce serait un sacré pari » pour Emmanuel Macron, il aurait « plutôt envie de dire chiche ! ». Avant de revenir sur ses propos par la suite, plaidant une « boutade », le PS exigeant de fait la nomination d'un Premier ministre issu de la gauche.
En tout état de cause, l'ancien ministre de l'Ecologie sous Nicolas Sarkozy a récemment livré son analyse sur les origines de la crise politique que traverse la France. Dressant pour l'occasion un constat très sombre de la situation.
« On ne voit pas l'éléphant dans le milieu de la pièce »
Lui qui a été ministre presque sans discontinuer de 2002 à 2010, dit avoir « le sentiment qu'on ne prend pas la mesure de la situation », et que ce n'est pas une crise, mais plusieurs que la France traverse actuellement. « On a une crise du logement grave et qui va s'aggraver. Une crise de la jeunesse qui est fascinante. On a une crise de l'agriculture, des prisons, de la chaîne judiciaire », résumait-il ainsi sur Sud Radio, le 2 octobre dernier. Et d'enfoncer le clou en soulignant : « Ce qui me fascine, c'est qu'on ne voit pas l'éléphant dans le milieu de la pièce. »
Pour celui qui s'est défini ces dernières années comme un mécanicien de l'action publique française, la solution passerait par une réorganisation en profondeur de l'action publique : « La France est désorganisée […] tout le monde fait tout et personne n'y comprend rien. » Et Jean-Louis Borloo de critiquer sans ménagement la complexité, le morcellement et la redondance des structures publiques (communes, départements, régions, agglomérations, etc.). L'occasion pour l'ancien maire de Valenciennes de fustiger, comme il l'avait fait aussi au début de l'été, une « dérive française » qui a commencé lorsque l'on a confié l'économie française aux inspecteurs des finances.
Une désorganisation qui coûte « en moyenne 150 milliards »
Face à une telle situation, il propose de « mettre en débat la République fédérale à la française » comme alternative au modèle centralisé actuel, selon lui inefficace. Les provinces, ou collectivités territoriales, pourraient gérer ce que l'Etat ne gère pas, défend-il, évoquant également l'idée d'un parlement de province.
Au-delà des grands principes, l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy manie aussi les grands chiffres, affirmant que la désorganisation administrative du pays « nous coûte en moyenne 150 milliards d'euros ». Alors que mettre l'accent sur la formation de la jeunesse apporterait un coup de pouce non négligeable à l'économie. « La jeunesse, si elle était en forme et bien formée, c'est trois points de PIB en plus. » Un début de programme ?
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