Libertarien. Le président Javier Milei, le 3 février dans son bureau, à la Casa Rosada, avec sa tronçonneuse offerte par Las Fuerzas del cielo (« les forces du ciel »), mouvement de jeunes miléistes.

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Chantre du libéralisme, adepte de la tronçonneuse budgétaire, ami de Trump et de Musk, le président argentin fascine et suscite la controverse. Le Point l’a rencontré dans son palais présidentiel. Interview et enquête sur sa méthode.

Le Point -  - Par Olivier Ubertalli, envoyé spécial À Buenos Aires

Javier Milei n’est pas un président comme les autres. C’est lui-même qui nous envoie un message vocal puis un émoji de lui, pouce levé, lorsqu’il accepte de recevoir Le Point en exclusivité. Premier chef d’État étranger reçu par Donald Trump après sa victoire à la présidentielle, le président argentin échange régulièrement avec Elon Musk.

C’est une évidence : il est devenu une star en matière de redressement économique et de lutte contre la bureaucratie. « Tu as fait un travail fantastique en très peu de temps. D’ailleurs, Make Argentina Great Again, cela fonctionne », s’enthousiasme Donald Trump. Même le Fonds monétaire international (FMI) tresse des lauriers à celui qui était naguère son plus mauvais élève. Cocasse ! 

Thérapie de choc

« Vous en connaissez des politiques qui font campagne sur un plan de rigueur et l’appliquent à la lettre ? Javier, lui, l’a fait avec une minorité d’une quarantaine de députés au Congrès », se félicitent Martin Menem et Bertie Lynch, députés du parti présidentiel La liberté avance. 

Après une thérapie de choc, qui a consisté en une baisse de 30 % des dépenses publiques et un énorme plan de rigueur – aux 5 points de PIB de déficit de l’État, Javier Milei ajoute 10 points, qui correspondent aux pertes de la Banque centrale argentine, ce qu’on appelle le « déficit quasi fiscal » –, les Argentins commencent à respirer et à se projeter. 

Inspirant ?

Le taux de pauvreté a reculé à 36,8 % en décembre, un niveau encore élevé, comme en témoigne la foule de personnes indigentes qui fouillent dans les poubelles et dorment dans les rues de Buenos Aires. Après les efforts consentis par l’État et la population, notamment les retraités, la croissance devrait atteindre 5 % cette année ainsi qu’en 2026, selon le FMI. 

Et si la France, qui lutte pour réduire son déficit et s’avère incapable de boucler un budget sans augmenter les impôts, s’inspirait des recettes de Javier Milei ? Cheveux hirsutes et regard bleu intense – un look inspiré de Wolverine, le super-héros de Marvel –, le président nous reçoit chaleureusement dans son bureau. Il a pris soin de laisser la tronçonneuse sur la table. 

Le Point : Quels principes vous guident pour réduire la bureaucratie en Argentine ?

Javier Milei : Le fait d’avoir un État toujours plus grand n’implique pas qu’il fonctionne mieux. C’était même le contraire avec ce qu’il se passait auparavant en Argentine : plus l’État était grand, plus les choses fonctionnaient mal. La question clé n’est donc pas de savoir comment faire fonctionner l’État efficacement, mais plutôt si l’État doit s’occuper de telle ou telle chose. Comme le disait l’économiste Milton Friedman, il y a quatre façons de dépenser l’argent : vous pouvez dépenser votre argent ou celui des autres, pour vous-même ou pour les autres. Quand vous dépensez votre propre argent pour vous-même, cela a deux avantages : vous savez combien cela a été dur de le gagner, et personne ne sait mieux que vous comment le dépenser pour votre propre bénéfice. La pire combinaison possible consiste à dépenser l’argent des autres pour les autres. Pourquoi ? Parce que vous n’avez pas conscience du travail nécessaire pour accéder à ces ressources et vous les dépensez en faveur de personnes que vous ne connaissez pas. Petite devinette : qui dépense ainsi de la pire des manières ? L’État. 

Doctrine. « J’appartiens à l’école autrichienne d’économie, qui pense que le marché n’est jamais défaillant », affirme Javier Milei.

Jusqu’à quel point souhaitez-vous tronçonner l’État ?

Je veux réduire sa taille le plus possible. Selon moi, l’État doit être considéré comme une question d’ordre technologique. La taille de l’État devrait diminuer au fur et à mesure que le progrès technologique avance. L’État existe pour deux raisons. La première, c’est parce que l’être humain a échoué à coexister pacifiquement. Il s’agit d’une solution technologique en termes d’organisation pour protéger les droits tels que les droits à la vie, à la liberté et à la propriété privée. L’autre raison est plus pernicieuse. Il s’agit de créer une sorte d’« assurance », ce qui revient à modifier le rôle qu’on assigne à l’État. C’est à partir de ce moment-là que l’État se met à s’introduire dans les moindres recoins de la vie des gens, en délivrant des médicaments bien pires que la maladie elle-même. 

Vous avez supprimé plus de 35 000 emplois publics sans que la rue s’enflamme. Comment avez-vous fait ?

Je dois une fière chandelle à la ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich. Il y avait auparavant 9 000 coupures de route chaque année [référence aux piqueteros, qui bloquaient les axes routiers du pays pour protester contre leurs conditions de vie, NDLR]. Plus aucune aujourd’hui. Tout le monde disait que l’Argentine allait exploser, mais le pays a tenu bon. 

En France, nos politiques ne parviennent pas à réduire les dépenses publiques. La solution consiste presque toujours à augmenter les impôts. Quels sont vos conseils pour sortir de la paralysie budgétaire ?

Le fait que la France pense à augmenter ses impôts sans réduire drastiquement ses dépenses publiques m’interpelle. Pourquoi ? Parce que tout le monde vit aux crochets d’un État qui va à l’encontre des intérêts des gens de bien. Je m’explique. Il y a ceux qui vivent de l’effort de leur travail et ceux qui vivent de l’effort des autres. Ceux qui paient leurs impôts et ceux qui tirent un avantage de ces impôts. Tant que ceux qui gouvernent bénéficient du système, ils n’ont aucun intérêt à changer la donne. Lorsque j’ai pris mes fonctions en décembre 2023, nous faisions face à un déficit fiscal consolidé de 15 points du PIB argentin : 5 points dus au Trésor et 10 dus à la Banque centrale. Si nous avions traité uniquement le déficit du Trésor, nous n’aurions pas réussi à freiner la forte inflation. Nous avons opté pour un ajustement des dépenses publiques. Pas des impôts. Nous avons en particulier taillé dans les lignes budgétaires qui alimentaient la corruption de ce que nous appelons la « caste politique » et que j’aime aujourd’hui appeler le « parti de l’État ». La caste, ce sont les politiciens voleurs et corrompus ; les entrepreneurs qui vivent des faveurs de l’État ; les syndicalistes qui travaillent contre les travailleurs ; les journalistes corrompus et les employés des secteurs public et privé qui gravitent autour du système et se nourrissent sur la bête. Peu importe leur étiquette politique, ils opèrent tous en faveur de l’État car c’est de lui qu’ils tirent leurs avantages et leurs revenus. Pourquoi pensez-vous que j’ai réussi ? Parce que je suis un outsider qui aime la liberté et qui déteste l’État. Or l’État, c’est presque la négation de la liberté. 

Une ascension fulgurante

22 octobre 1970. Naissance à Buenos Aires (Argentine).

1993. Master en économie à l’Université privée de Belgrano. Il enseignera la politique monétaire et fiscale par la suite. 

1996. Économiste sénior à la banque HSBC.

2010. Éditorialiste économique au quotidien La Nacion.

26 juillet 2016. Première apparition télévisuelle lors d’un débat. 

2020. En pleine pandémie de Covid-19, il appelle à manifester contre les mesures de confinement du président Alberto Fernandez.

14 novembre 2021. Élu député national. 

19 novembre 2023. Élu président de la nation argentine, avec 56 % des voix, face au péroniste Sergio Massa (contre 44 % des suffrages). 

Que devrait faire la France, selon vous ?

Ce que je sais, c’est ce que nous avons lancé en Argentine le plan de rigueur le plus important de l’histoire de l’humanité en remettant notre pays sur le chemin de la croissance. Cela sans augmenter le chômage et même en sortant environ 10 millions de personnes de la pauvreté ! Contrairement à ce que prédisaient les économistes, il n’y a pas eu de catastrophe. Si on a réussi en Argentine, d’autres pays plus stables que nous peuvent très bien y parvenir aussi. 

Le président Emmanuel Macron doit-il mettre en place une thérapie de choc ?

J’ai une excellente relation avec Emmanuel Macron, et je ne me sens pas en position de donner mon avis sur ce qui se passe chez lui. Je comprends la difficulté d’être dans un pays comme la France, qui a tant de régulations et qui ploie sous le poids des normes imposées par l’Union européenne. C’est une situation assez complexe, le président français et moi avons des points de vue différents, notamment sur le rôle de l’État. Je ne suis pas de ces libéraux qui pensent que l’État doit réguler les erreurs du marché. J’appartiens à l’école autrichienne d’économie, qui pense que le marché n’est jamais défaillant. 

Que pensez-vous des déboires actuels de l’Union européenne ?

Le principal problème de l’Europe reste l’excès de régulations, qui tue la croissance. J’évoque ce sujet dans mon dernier livre, Capitalismo, socialismo y la trampa neoclasica[« Capitalisme, socialisme et le piège néoclassique », Planeta, 2024, non traduit en France, NDLR]. La croissance économique n’apparaît que durant les 250 dernières années de l’histoire de l’humanité avec des rendements toujours plus élevés. Or l’interprétation néoclassique des marchés a dérivé vers un ensemble de régulations dont l’objectif est d’éviter aux entrepreneurs de réaliser des profits trop importants pour des raisons morales. On peut avoir l’illusion que les entreprises sont compétitives alors qu’on les contraint et qu’on tue leur croissance. Le gouvernement argentin a été le premier à évoquer le problème de la régulation. Son ministre de la Dérégulation et de la Transformation de l’État, Federico Sturzenegger, est désormais invité partout pour en parler, notamment par le Fonds monétaire international. 

Que pensez-vous du fait que Donald Trump et Elon Musk s’inspirent de l’expérience argentine pour leur Doge (Department of Government Efficiency) ?

J’en suis fier. J’applaudis le fait que nous exportions notre tronçonneuse et notre manière de déréguler dans le monde entier. J’échange d’ailleurs souvent sur ces sujets avec Donald Trump et Elon Musk. 

On vous compare souvent au président américain. Alors qu’il mène une politique protectionniste, vous supprimez les barrières douanières…

Donald Trump n’est pas un protectionniste. Il utilise la politique commerciale comme un levier géopolitique, ce qui est différent. Regardez comment il a contraint le Mexique à agir contre l’immigration clandestine en le menaçant de sanctions économiques. Idem pour la Colombie et son président, Gustavo Petro, qui a voulu jouer au plus malin. Quand Trump lui a dit qu’il arrêtait le commerce avec Bogota et stoppait les visas, Petro a dû faire marche arrière en sandales ! Il faut arrêter de se fier à ce que disent les médias progressistes contre Trump. Selon CNN, tout ce qu’il fait est mal. Ici, pour 80 % des médias argentins, auprès desquels j’ai stoppé les dépenses de communication gouvernementale, tout ce que je fais est mal. En revanche, ces médias ne vous diront rien de négatif sur la province de Buenos Aires, qui continue à les financer en publicité officielle, bien que la province soit un Far West gangrené par l’insécurité. 

Rencontre. Le président argentin le 3 février avec notre journaliste Olivier Ubertalli.

Comment réagissez-vous quand vous êtes qualifié de président d’« extrême droite » ?

Je m’en fiche éperdument ! Mais faisons une analogie de microéconomie : tout est relatif. Gulliver est peut-être un géant au pays des Lilliputiens, mais c’est un nain au pays des grands géants. Cette qualification qui se veut péjorative montre en réalité le degré de gauchisme qu’il y a dans la tête des personnes qui me définissent ainsi. Plus on me voit à droite, plus celui qui parle est à gauche ! 

Souhaitez-vous sortir du Mercosur afin de signer des accords de libre-échange séparément ?

Sur les questions de sécurité régionale, notamment de lutte contre le narcotrafic et le terrorisme, les pays membres du Mercosur peuvent progresser ensemble. Sur le front commercial, il faut non seulement réduire les droits de douane communs, mais aussi permettre à chaque pays membre de négocier individuellement des accords. Je ne permettrai pas au Mercosur ni à personne d’empêcher l’Argentine de commercer avec le reste du monde. Je veux évidemment signer un accord de libre-échange avec les États-Unis. J’ai bon espoir que le Mercosur ne soit pas un obstacle pour y parvenir. 

Envisagez-vous de sortir de l’accord de Paris ?

J’y pense, oui. Vous savez pourquoi : je n’adhère pas à l’agenda environnementaliste, qui me semble une véritable fraude. La manière dont on parle aujourd’hui du changement climatique est complètement erronée. Le réchauffement global n’a rien à voir avec la présence humaine. C’est un problème lié aux cycles de température de la planète. Nous vivons actuellement le cinquième cycle de températures élevées, et l’homme n’était pas présent lors des quatre cycles précédents. Cet agenda est inspiré par le marxisme culturel, qui pense que l’oppresseur est l’être humain et l’opprimé est l’environnement. Je trouve, à ce titre, génial que le président Donald Trump ait arrêté de financer avec l’argent public les articles universitaires sur le changement climatique. De nos jours, si vous ne parlez pas de changement climatique, on vous qualifie de platiste ou de conspirationniste, et, en conséquence, on vous censure et on vous réduit au silence. C’est cela, la censure woke qui nous bâillonne et que j’ai dénoncée au Forum de Davos. 

À Davos, vous avez même accusé la « gauche woke » de s’infiltrer dans tous les secteurs…

La gauche woke représente le marxisme culturel, qui transpose l’idée de la lutte des classes à d’autres aspects de la vie, avec la logique de l’opprimé et de l’oppresseur. Elle assigne à l’État un rôle de libérateur, qui résout les conflits. La contrepartie à payer est que cela augmente la taille de l’État. On restreint alors tellement la liberté qu’on perd l’un des plus grands acquis de l’humanité, obtenu grâce au libéralisme : l’égalité devant la loi. Commencent alors à apparaître des discriminations positives avec des normes spéciales. Va-t-on se mettre à créer des normes pour chaque individu ? Cela n’a pas de sens. 

Vous avez en particulier une dent contre les organisations internationales… 

Beaucoup d’entre elles devraient être supprimées. Je salue d’ailleurs le retrait des États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé [OMS]. Il s’agit d’une organisation criminelle. Je pèse mes mots. L’OMS a, en effet, été responsable de crimes contre l’humanité à grande échelle durant la pandémie de Covid, au sens défini par l’article 7 du statut de Rome de la Cour pénale internationale. Les confinements imposés dans de nombreux pays ont constitué des atteintes à la liberté et à la propriété privée qui auraient pu faire disparaître l’homme de la Terre. La planète continue d’en payer le prix aujourd’hui. Pensez à ceux qui ont concocté l’Agenda 2030, un prétendu programme de développement durable à l’horizon 2030 qui se transforme en Pacte pour l’avenir. Qui a voté pour ces bureaucrates fils de p…, leur donnant le droit de décider de la vie de plus de 8 milliards d’êtres humains ? Personne ! Il suffit de dire cela pour qu’on vous traite d’antidémocrate. L’Agenda 2030 est pourtant la chose la plus antidémocratique du monde ! 

VIP. Donald Trump a fêté sa victoire à la présidentielle américaine le 14 novembre 2024, lors du gala de l’America First Policy Institute. Parmi ses soutiens : Javier Milei.

L’environnement est-il un obstacle aux activités industrielles et économiques, comme dans les secteurs minier et énergétique, que vous voulez développer ?

Allez parler avec les entreprises minières, et vous verrez qu’elles ne veulent pas seulement produire. Elles ont aussi une conscience environnementale. Personne, pas même les entreprises, ne souhaite vivre dans une décharge à ciel ouvert. 

La France pourrait-elle un jour appartenir à l’axe libéral Argentine-États-Unis-Italie que vous évoquiez récemment au Forum de Davos ? 

Je ne suis pas venu pour guider des moutons, mais pour réveiller des lions. Il y a donc toujours la possibilité que les gens se réveillent un jour. Savez-vous d’ailleurs que beaucoup de personnes sont libérales sans même le savoir ? Pourquoi ne le savent-elles pas ? Parce que la définition même du libéralisme a été détournée et rendue péjorative par nos adversaires socialistes. 

Y a-t-il néanmoins une chose qui vous plaise dans le socialisme ?

Absolument rien. Il ne me sert que de cadre de référence à tout ce qu’il ne faut pas faire. 

Quels sont vos pays ennemis ?

Toutes les autocraties. 

Il se trouve que je suis allé récemment au Venezuela… 

Vous avez-là un bon exemple d’autocratie. 

Et la Chine ?

Nous avons une excellente relation avec la Chine, avec laquelle nous sommes complémentaires sur le plan commercial, et nous travaillons très harmonieusement avec eux. Ce sont des partenaires commerciaux qui n’imposent aucune restriction. 

Que vous manque-t-il encore pour remettre l’Argentine debout ?

Le pays se relève déjà. Le taux d’inflation baisse, l’économie croît fortement, la pauvreté diminue, l’indigence baisse. Si vous prenez le PIB par habitant mesuré en dollars, il a déjà augmenté de 120 % en 2024. Cependant, il est stupide de croire que les changements se font instantanément. Mon objectif est que l’Argentine redevienne une puissance mondiale de premier plan grâce à la liberté économique. L’Irlande y est parvenue en trente-cinq ans. 

Quelles sont vos priorités pour cette année ?

Vous savez, la description de mon boulot est simple : je dois baisser l’inflation, mettre fin à l’insécurité et donner aux gens plus de libertés économiques en déréglementant et en baissant les impôts. Si, en plus de cela, la croissance revient après quinze ans de crise, tant mieux ! Ensuite, pour les élections de mi-mandat qui auront lieu en octobre 2025, chaque Argentin est libre de voter comme cela lui chante. 

Allez-vous bientôt supprimer le contrôle des changes, dollariser et fermer la Banque centrale argentine, comme vous l’aviez évoqué ?

En 2026, le contrôle des changes sera de l’histoire ancienne. Quant à la dollarisation, c’est un processus qui prend au moins quatre ans. Nous devons d’abord reconstituer les réserves de la Banque centrale, ce que nous espérons faire cette année. La vitesse d’exécution dépendra des financements que nous obtiendrons, notamment à travers le FMI. 

Une grande manifestation LGBT vient de se tenir en réponse à vos propos à Davos sur les « versions extrêmes de l’idéologie du genre ». Certains craignent de perdre leurs droits. Que leur dites-vous ? 

Je regrette que cette manifestation ait été provoquée par un montage mensonger de seize secondes de mon discours à Davos, qui a duré plus de vingt-neuf minutes. Je suis un libéral. Or le libéralisme, c’est le respect absolu du projet de vie d’autrui, fondé sur le principe de non-agression et la défense du droit à la vie, à la liberté et à la propriété. Chacun peut se lier avec la personne de son choix. Cela m’est complètement égal. 

Concernant la notion de féminicide, qui a fait son entrée dans le droit pénal argentin, allez-vous changer la loi ? 

Considérez-vous que les femmes valent plus que les hommes ? On en revient au principe d’égalité devant la loi. Si pour un même délit vous créez une peine différente, c’est parce que vous considérez que les femmes sont des citoyennes de première classe, et les hommes, des citoyens de seconde classe. Un homicide est un homicide. En Argentine, 75 % des homicides concernent des hommes qui tuent d’autres hommes. 

Quels sont vos plans pour la science argentine ?

Je ne veux plus d’une science qui sert à la propagande politique, mais d’une science qui promeut la technologie de pointe. Nous faisons actuellement des recherches en matière nucléaire et dans l’intelligence artificielle. J’estime que toutes les recherches liées aux sciences sociales ne font que favoriser des parasites qui écrivent en faveur de l’État et contre les gens pour maintenir un niveau de vie qui n’a pas de contrepartie sur le marché. Quel intérêt, par exemple, d’étudier, comme cela a été le cas, les dynamiques des groupes WhatsApp des mères argentines ? 

Que faudrait-il enseigner aux jeunes aujourd’hui ?

Je ne suis pas arrogant au point de dire aux jeunes ce qu’il faut faire. 

Et si vous deviez envoyer un message à Emmanuel Macron, quelle en serait la teneur ?

Vous savez, je lui parle directement. Je n’ai pas besoin de passer par des intermédiaires. 

Que dites-vous aux Français, qui se montrent encore sceptiques à l’encontre du libéralisme ?

Ça, c’est plus facile ! Les pays qui sont plus libres sont 12 fois plus riches que ceux qui sont réprimés. Ils ont 25 fois moins de pauvres dans ce que j’appelle le « format libre standard », et même 50 fois moins dans le format dit « extrême ». Les pays les plus libres ont aussi le plus de libertés politiques. Les sociétés qui embrassent les idées de la liberté sont en croissance. Elles deviennent beaucoup plus tolérantes et plus heureuses que les sociétés socialistes, qui, elles, s’abreuvent de jalousie, de haine et de ressentiment. Embrasser les idées de la liberté, c’est marcher vers le bonheur. Ah ! tiens ! Je crois que vous avez le titre de votre interview ! §