Éric Ciotti à l'Assemblée nationale ce mardi 21 octobre 2025. © Hélène Roué

Politique

À l’Assemblée nationale, lors du 4e Grand Forum des Libertés, Éric Ciotti a plaidé pour une épargne plus libre et une fiscalité allégée sur l’héritage, avant de relancer son appel à l’union des droites. Il annonce d’ores et déjà un prochain rendez-vous, début décembre, consacré au coût de l’immigration.

Le JDD - 21 octobre 2025 - Par Hélène Roué

« Nous sommes un groupe modeste en nombre mais puissant en idées ». Pour la 4e édition du Grand Forum des Libertés, ce mardi 21 octobre, Éric Ciotti a choisi l’Assemblée nationale pour aborder, en début de soirée, les thèmes de l’épargne, du PEA et des droits de succession. Dans la salle 6 217 – prêtée par son allié, le RN – qui compte 160 places, le président de l’UDR donne le ton d’entrée : « C’est plus serein que dans la salle du dessus », glisse-t-il avec humour. À l’étage, la commission des Finances planche depuis la veille sur la partie recettes du budget 2026, dans une ambiance nettement plus tendue. « Ici, ce n’est ni la foire à l’impôt ni le concours Lépine de la taxe, précise Éric Ciotti. Nous travaillons à rendre notre économie plus prospère, à orienter l’épargne des Français vers l’investissement productif et à conjurer l’enfer fiscal ».

Dans le public, plusieurs députés UDR, dont Pierre-Henri Carbonnel — récemment élu et chaleureusement applaudi —, côtoient militants, adhérents et curieux venus écouter attentivement le député niçois. Devant les drapeaux français et européen, Éric Ciotti se félicite que l’UDR soit le groupe comptant le plus d’élus issus du secteur privé, soit 75 % de ses membres. Il évoque ensuite la proposition de loi déposée en juin par le député Alexandre Allegret-Pilot pour réformer le PEA. Le texte entend libéraliser ce dispositif en supprimant son plafond de 150 000 euros et en fusionnant le PEA classique, le PEA-PME et le PEA Jeunes en une formule unique, accessible dès 16 ans et cumulable entre établissements. Il propose également d’aligner les règles successorales du PEA sur celles de l'assurance-vie — maintien du contrat au décès, abattement de 152 500 euros et transmission directe des titres — afin de lever les freins fiscaux à l’investissement, notamment pour les seniors, et de faire de l’épargne un moteur durable pour l’emploi et l’innovation.

Éric Ciotti profite de son intervention pour adresser une pique à la présidente des lieux, Yaël Braun-Pivet. La semaine précédente, cette dernière avait plaidé pour une hausse de la fiscalité sur les successions, suscitant l’agacement du député des Alpes-Maritimes. « N’en déplaise à Yaël Braun-Pivet, l’héritage ne "tombe pas du ciel" : c’est le fruit du travail de femmes et d’hommes qui veulent bâtir un avenir. Je défends les vertus d’un héritage, pilier de l’équilibre social », affirme-t-il. Dénonçant un impôt jugé confiscatoire, Éric Ciotti propose de supprimer les droits de succession pour 90 % des Français, sur le modèle italien. Et de conclure : « Avec nous, l’impôt sur la mort disparaîtra ».

La soirée se poursuit avec deux tables rondes d’experts. La première, consacrée au constat d’une épargne française « abondante mais mal orientée », réunit l’économiste Christian Saint-Étienne, Hughes Beuzelin (BDL Capital Management), Dominique Chesneau (MEDEF) et Germain Simmoneau (CPME). Sans détour, Christian Saint-Étienne déclare que « l’économie française est plantée depuis vingt ans » et qualifie le pays de « colonie des GAFAM ». L’intervention suivante apporte une touche d’humour : Hughes Beuzelin fait sourire l’auditoire en soulignant que « le privé a des écrans plus grands pour projeter les slides ». La seconde table ronde, tournée vers les propositions concrètes et les perspectives patrimoniales, réunit Martin Decanter, jeune cofondateur de Finneko et tout juste diplômé de l’ESSEC, Adhémar Autrand, fondateur du cabinet de conseil Diligencia, et Frédéric Douet, professeur de droit fiscal.

La prochaine édition du Grand Forum des Libertés sera consacrée au coût de l’immigration

Mais chassez le naturel, il revient au galop. Entre cet interlude technique et économique, Éric Ciotti renoue avec son terrain de prédilection : la politique. Le patron de l’UDR égratigne d’abord le gouvernement, qu’il accuse de se « maintenir en vie grâce au PS » et de « céder aux menaces socialistes ». Les piques ne tardent pas à fuser : « LR est tombé dans le piège. Le chantage n’aura pas de fin. Dès qu’on verse une rançon, pourquoi s’arrêter ? », lance-t-il. Très vite, Éric Ciotti aborde un thème qui lui est cher : l’union des droites. « Nous, à l’UDR, nous l’avons faite, cette union, quand d’autres se contentent d’en parler », glisse-t-il, visant sans les nommer Reconquête et la députée européenne Sarah Knafo. Et d’ajouter : « Quand on n’a pas de député à l’Assemblée nationale, c’est facile de faire des contre-budgets. Mais les acteurs de l’union, c’est nous ». Interrogé par le JDD, Éric Ciotti se montre critique envers la proposition de Sarah Knafo – avec laquelle il dit entretenir « peu » de relations. Il juge certaines de ses suggestions « irréalistes », notamment la suppression totale de l’aide au développement. « Une grande nation comme la France ne peut renoncer à toute influence économique. Avec notre coalition qui aspire à gouverner, nous privilégions des réductions ciblées », précise-t-il. 

Pour l’heure, l’union totale des droites demeure donc une ambition plus qu’une réalité. Mais Éric Ciotti entend poursuivre le mouvement. Il annonce d'ores et déjà au JDD la prochaine édition du Grand Forum des Libertés, prévue entre fin novembre et début décembre, consacrée à un thème qui lui est familier : « Le coût de l’immigration, qui doit enfin avoir sa place dans le budget, un sujet trop souvent occulté pour des raisons idéologiques ». Un sujet, assurément, cher à toutes les droites.