Politique
Éric Ciotti: «Je dis maintenant ce que je pense, mais que je ne pouvais pas dire!»
Le Figaro - 12 septembre 2024 - Par Carl Meeus
Depuis qu’il a franchi le Rubicon et scellé un accord avec le Rassemblement national de Marine Le Pen, Éric Ciotti affiche sa sérénité. À la tête des Républicains, il devait constamment ménager les uns, ne pas trop provoquer les autres et faire attention au bilan de Nicolas Sarkozy. Depuis qu’il a créé son mouvement, l’Union des droites pour la République (et même s’il est encore factuellement patron des LR), le député des Alpes-Maritimes se sent libre: «Je dis maintenant ce que je pense, mais que je ne pouvais pas dire!» Sur Laurent Wauquiez, bien sûr, mais aussi sur Nicolas Sarkozy.
Éric Ciotti estime que le péché originel des LR a été l’absence de droit d’inventaire de son quinquennat. «Il a échoué et empêché la droite de se renouveler. C’est la première raison de l’hémorragie de notre électorat: on n’a pas fait ce qu’on aurait dû faire sur la sécurité et l’immigration.» Sa décision de passer un accord avec Marine Le Pen, Éric Ciotti assure la prendre quand il voit que la gauche se rassemble autour de la bannière du Nouveau Front populaire (NFP). Il a compris que la droite risquait d’être broyée électoralement par les blocs en présence: RN, NFP et bloc central.
Pour lui, Laurent Wauquiez arrime LR au bloc central quand lui s’associe au RN. Son groupe de 16 députés ne lui permet pas de peser véritablement face aux 126 du RN. Mais il assure avoir négocié une autonomie totale. Ainsi, lors de la niche du RN du 31 octobre, qui prévoit l’abrogation du texte retraite, il votera différemment, estimant impossible d’abroger la loi en raison des mesures positives sur les petites retraites ou celles sur les carrières longues.
Valérie Hayer: «J’ai envie de continuer à m’impliquer dans le débat national»
Un peu plus de trois mois après les élections européennes, Valérie Hayer fera sa rentrée à Bruxelles la semaine prochaine. La tête de liste de la majorité présidentielle, qui a accompagné cette semaine Gabriel Attal en Ukraine, ne compte pas abandonner le terrain politique hexagonal en se concentrant uniquement sur les questions européennes. «J’ai envie de continuer à m’impliquer dans le débat national», assure la présidente de Renew, le groupe des élus macronistes au Parlement européen.
La bataille pour le contrôle du parti présidentiel sera essentielle cet automne et Valérie Hayer peut y jouer un rôle aux côtés de l’ancien premier ministre, s’il devait décider de se lancer dans la campagne pour la présidence. «Je suis convaincue par le dépassement initié par Emmanuel Macron. Ce n’est pas qu’une parenthèse. Je n’ai pas quitté l’UDI pour y revenir après le mandat d’Emmanuel Macron.»
Mieux que le PS en 2014
Persuadée que Gabriel Attal reste le meilleur atout pour le bloc central dans les années à venir, celle qui a bénéficié d’une formation accélérée aux campagnes électorales se tient prête à l’aider. Après tout, même si le bilan de la campagne des européennes n’a pas été tiré par les partis de la majorité, Valérie Hayer n’est pas loin de considérer que son score n’est pas aussi calamiteux que les observateurs ont pu le qualifier. Et c’est vrai qu’elle a obtenu 14,6 % après sept années de pouvoir, quand, en 2014, après deux années de pouvoir de François Hollande, la liste du PS arrivait en troisième position avec moins de 14 %! Elle a pâti du vote sanction à l’encontre d’Emmanuel Macron. Figure de la majorité aux européennes, elle ne compte pas être effacée du paysage politique, même si la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin a gommé la séquence pour en ouvrir une autre aux conséquences nationales plus importantes.
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