Tribune
Politique du 1er décembre des Républicains de base
01 décembre 2025 - Par Didier Dufau
- Les farces et attrapes médiatiques oiseuses d’un président toxique
- L’opération Glucksmann tourne court
Dans nos notes politiques précédentes nous avons analysé en détail l’énorme manœuvre médiatique mise en place par le président Macron pour permettre l’extension de sa base parlementaire en y incorporant les socialistes. Pour cela il avait besoin de s’appuyer sur un levier et on sait que les conseillers de l’Élysée lui ont suggéré que le groupuscule de M. Glucksmann, avec l’aide de l’ex-président Hollande, lui permettrait d’obtenir le pendant à gauche nécessaire à court terme pour obtenir la « stabilité ». Plus tard, en tombant à gauche, comme il se doit, et en se transformant en faiseur de roi, il pourrait assurer sa survie politique et éventuellement son retour.
Nous avions conclu : « La direction du PS doit composer avec Glucksmann, son groupuscule et Hollande. La suite dans les semaines à venir ».
La suite, on vient de la voir ces derniers jours : la mise sur orbite médiatique de Glucksmann avec le soutien de Hollande.
En deux jours, on les a vus littéralement saturer les médias télévisés. Près de 5 heures d’émission. France Info et France Inter n’ont pas fait semblant de ne pas s’être concertées. Le bandeau est strictement identique montrant une opération commune et synchronisée, préparée avec les mêmes éléments de langage fournis par ses promoteurs à l’Élysée.
Malheureusement l’opération a tourné court. M. Glucksmann n’a pas été à la hauteur !
Divers commentateurs n’ont pas hésité à affirmer que l’émission sur LCI avait été pour lui « un bide » retentissant. Le héros répondait constamment à côté et semblait constamment sur la défensive. Les phrases étaient longues, complexes, évasives. Le genre : « mais oui, mais non, mais oui, mais bien sûr ». Sur aucun sujet, sauf un, il n’a prononcé une réponse claire. Faut-il une taxation sur les riches, façon ISF ? Oui ! Là ce fut clair. C’est le cœur du deal avec Macron qui lâche sur les retraites et sur l’ISF !
Tout a explosé avec l’intervention d’Éric Zemmour. Entre coreligionnaires tout est toujours plus difficile. Zemmour n’a pas mâché ses mots. Glucksmann a été pris de rage et n’a plus rien dit de compréhensible. Transformé en « idiot utile », le malheureux n’a pas su se dépêtrer d’une attaque qui ne manquait pas de fondement.
D’après France 24 : "Pas du tout au niveau "
"c'était pas du tout au niveau, il balbutiait, c'était pas clair", rétorque un député PS, tandis qu'un autre évoque "un naufrage". "C'est la difficulté à laquelle il va être confrontée. À un moment il faut se confronter au réel", abonde un responsable socialiste, alors que l'eurodéputé est souvent accusé par ses détracteurs d'être déconnecté de la société. D'autres cadres socialistes relativisent : "Il y a eu des insuffisances, mais je ne sais si elles sont propres à Glucksmann ou à l'ensemble de la gauche", remarque un partisan du patron du PS Olivier Faure, tout en concédant qu'il n'"a pas donné l'image de quelqu'un qui sera chef de l’État dans un an et demi".
Il faut dire qu’un récent sondage le voit à 42 % contre 58 % à Jordan Bardella en cas de présence au second tour des Présidentielles. Dur, dur !
Après tout, les fusées lancées par Musk explosent aussi. Mais la belle opération de communication a tourné court. Il va falloir, pour Emmanuel Macron et son poulain, tout remettre sur l’établi. Attendons les nouvelles opérations de communication. LFI, en attendant, a du bien rire, même si Mélenchon ne fait qu’un petit 23 % au second tour, selon le même sondage Odoxa contre le même Bardella. M. Glucksmann continue sa tournée en enchaînant les thèmes « de droite », la nécessité de l’industrie, mais en fraternité avec l’écologie, naturellement ; la défense des thèmes sécuritaires mais en se concentrant sur le terreau qui l’alimente… Le « en même temps » habituel. On en vient au PS à qualifier Gluksmann de « hologram ».
LR n’a pas cru devoir réagir à une opération qui démontre tout de même une soumission contestable de certains médias aux manipulations de M. Macron et l’exploitation sans limite des médias publics. Rassurez-vous : l’Arcom ne dira rien ! Face à la Commission parlementaire sur l’audiovisuel public les hauts fonctionnaires n’auront jamais rien à dire et pratiqueront toujours l’Omerta. Surtout quand ils ont fait n’importe quoi, dans l’obéissance au grand maître.
Notons tout de même que M. Glucksmann, qui a réussi à obtenir 50 % d’opinion favorable à gauche, et qui n’est pas sot, fait une campagne municipale sur des thèmes… nationaux. M. Mélenchon a décidé également d’utiliser les élections municipales comme un « galop d’essai pour les présidentielles ».
Il n’y avait aucun LR dans la partie publiée du sondage présidentielle évoqué. Seraient-ils considérés comme hors-jeu ? Nous verrons qu’en refusant jusqu’ici de transformer les élections municipales en première étape d’un plan national de redressement que nous suggérons inlassablement, les dirigeants de LR laissent ses ennemis en faire une arme nationale qui les renforcera dans les combats essentiels qui viennent, et leur abandonnent le terrain.
Il ne suffit pas de contempler les erreurs tactiques des adversaires, il faut éviter d’accumuler soi-même les erreurs stratégiques magistrales.
- L’opération « la guerre arrive, envisageons d’enterrer nos enfants pour rester crédibles »
Faut-il ajouter un mot sur cette nouvelle manipulation de notre « madone des aéroports » qui fait sauter le budget Voyages de l’Élysée et toutes les limites de la décence ?
On pourrait se contenter de penser que Michel Audiard y aurait trouvé l’occasion de justifier un de ses meilleurs adages, celui qui évoque ceux qui osent tout.
Mais il faut aussi rappeler pourquoi le service militaire national a été suspendu au profit d’une armée professionnelle. Ce n’est principalement ni pour des raisons économiques et l’opportunité de profiter des « dividendes de la paix » ni pour des raisons techniques de rationalisation et d’efficacité des méthodes militaires, même si ces deux arguments ont eu leur poids dans la décision de 1997.
On fait semblant d’oublier l’agitation de gauche post 1968, avec des militants trotskistes genre Edwy Plenel qui voulaient créer des comités de soldats comme ils l’avaient fait pour les élèves des lycées, les CAL. Ils cherchaient à mettre en cause systématiquement les commandements militaires en ajoutant des comités de mères de famille, des comités de soldats, des comités antimilitaristes dans les usines d’armement etc. Le gauchisme autodestructeur qui visait à déshonorer les patrons et les bourgeois (affaire LIP, affaire du notaire de Bruay, affaire des Poupées Bella…) voulait aussi s’attaquer à l’école, à la justice et à l’armée, en même temps qu’ils s’attaquaient via le PC et la CGT aux industries militaires.
« Tandis que la Ligue communiste dispose depuis 1972 d’une organisation clandestine, le Front des soldats, marins et aviateurs révolutionnaires (FSMAR), destinée à développer des actions collectives au sein même des unités militaires, ainsi qu’un Comité de défense des appelés (CDA) conçu comme un appui civil à cette lutte dans les casernes, les trotskistes-libertaires du groupe Révolution ! ont créé une organisation similaire intitulée le Comité antimilitariste (CAM). Du côté des états-majors, les militaires redoutent une difficile incorporation de ces jeunes contestataires, voués à servir prochainement sous les drapeaux » (étude de Max Launay pour la fondation Jean-Jaurès).
Le haut commandement ne pouvait pas laisser ce mouvement prendre de l’ampleur. Pour le contrer, il fallait cesser d’avoir une armée de masse, basée sur l’obligation, mais un format réduit basé sur le contrat. En faisant disparaître le terreau, on éliminait les mauvaises herbes.
L’Éducation nationale, la Santé, la Justice, les Ports, la natalité, la structure de la population, la souveraineté, tout a été ravagé par les différentes formes de gauchisme radical. Tout le monde en voit l’état lamentable après avoir laissé l’emprise gauchiste tout infecter. L’armée a dit : pas nous ! Et elle a obtenu que les politiques suivent.
La contrepartie : nous avons une armée « échantillonesque » qui pourrait tenir dans le Stade de France, permettant de projeter rapidement des forces légères (avec l’aide d’avion de transport américain), de déployer une force navale solide autour d’un unique porte avion (dont les catapultes sont américaines) et de tenir le ciel avec une poignée de Rafale, qui a toutes les qualités sauf d’être suffisamment furtif. Le commandement n’a rien compris au drone. Il a fallu l’invasion du Haut Karabach et l’effondrement en trois jours de l’Arménie pour réaliser le potentiel militaire nouveau. On a cru qu’il s’agissait d’une arme secondaire, d’observation disaient les généraux, pour l’armée de l’air. Ils devaient accompagner les Rafale. En fait c’est une arme d’infanterie, un fusil à tirer dans les coins, qui remet en cause toutes les tactiques divisionnaires et qui met la production de masse à bas coût au centre du jeu. Une révolution, une vraie !
Il est intéressant de voir que les généraux de média qui pullulent désormais sur la TNT ont été les responsables de cette énorme erreur d’appréciation…
Il était prévisible qu’un Macron qui n’a pas connu le service militaire et qui a déclenché une crise narcissique d’autorité ridicule vis-à-vis du chef d’État-Major, lors de sa prise de pouvoir, serait une catastrophe dans le domaine comme dans les autres. Il a aussitôt promu des femmes comme ministre de la Défense nationale. Mme Goulard ou Mme Parly, dite Parly 2 ou Mme Vautrin, étaient vierges de toute connaissance et d’expérience en la matière, mais il fallait montrer son féminisme actif et que les femmes avaient leur place partout. On dira que les Énarques qui ont été mis naguère à la tête du ministère comme Alain Juppé et Bruno Lemaire n’avaient guère plus de compétences militaires ! On sait qu’un Énarque est apte à tout, de la gestion des entreprises de bus et de métro à la gestion des armées, en passant par la banque et l’assurance et le petit poste de Premier ministre.
Difficile d’oublier que la France s’est fait virer honteusement d’Afrique à coups de pied dans le derrière sous la gouvernance du couple Macron-Parly !
Entre les récessions périodiques, la dénatalité, la surreprésentation musulmane dans la jeunesse qui ne veut pas jouer les harkis mais souhaite avoir une formation militaire au nom de l’Oumma et pose quelques problèmes de commandement, l’effondrement de l’industrie, l’étouffement budgétaire par des choix sociaux dispendieux, les contraintes de l’Union Européenne, les outrances Wokistes, l’effondrement de l’enseignement et le développement d’une société hédoniste et vacancière virant à l’assistanat généralisé offert au monde entier, l’idée d’une défense nationale impérieuse a un peu de mal à s’installer. Ajoutons l’espace, le cybermonde, et les leçons de la guerre de masse en Ukraine, et constatons notre fragilité militaire. Ce fatras de contraintes se cumule avec l’incertitude sur la stratégie européenne des États-Unis et les manigances européistes pour annexer le champ militaire. Nous obtenons l’exemple même d’un magnifique capharnaüm.
Sur ce terrain meurtri, Macron croit se refaire misérablement la cerise en jouant avec les peurs, ce qui nous vaut la comédie médiatique actuelle (la pseudo-vente de 100 Rafale à l’Ukraine, les kits de survie, l’inquiétude semée sur la volonté des Russes d’attaquer l’Europe dans les trois ans, présentée comme une certitude, la déclaration hors-sol du chef d’état-major des armées, l’annonce avec grande mise en scène d’un nouveau service militaire…). Au-delà de la médiocre manipulation de l’opinion, montée de toutes pièces pour recrédibiliser un Président toxique et durablement condamné par l’opinion, ne regrettons pas que la question de la sécurité nationale ait retrouvé le haut des préoccupations médiatiques. Il était temps que l’idée de nation revienne en grâce et que la fonction régalienne de sécurité retrouve des couleurs.
Pour LR, des leçons doivent être tirées et une vision militaire mériterait d’être construite. Pour le moment, constatons le néant, comme sur tous les thèmes programmatiques cruciaux. Normal pour un parti héritier du gaullisme qui avait pris de l’avance décisive sur ce sujet ? Notons que la décision personnelle non annoncée dans son projet présidentiel de Nicolas Sarkozy de revenir dans les organes de direction de l’Otan n’a rien aidé.
- Le grand théâtre de la nullité et de l’affichage nombriliste
Pour ceux qui ne sauraient pas encore ce qu’est une « opération-image » : « exister par les autres quand on n’est rien ». Quand un faux acteur totalement dévalué s’aménage des tréteaux en forme de miroir de Narcisse, il ne se moque pas seulement du monde. Il salit le théâtre d’ombres.
L’ennui, c’est que ce président manipulateur qui a réussi sa percée initiale grâce à une opération médiatique gigantesque qui a mobilisé quasiment la totalité des médias écrits et télévisés cherche maintenant à museler le seul groupe d’information qui résiste à sa « séduction » par la « labellisation » des médias dont il parle et reparle depuis sa première élection. Il nous a offert un exemple de mensonge d’Etat absolument dérisoire et, disons-le, fou, de la part d’un président de la République dans la situation actuelle des institutions qu’il a désorganisées par une dissolution également reconnue comme psychologiquement problématique, notamment par Alain Minc.
M. Dupont-Aignan, aussi faible que soit le rôle politique de ce dissident de l’ex RPR, a expliqué avec un argumentaire solide, lors d’une émission télévisée récente, que la destitution s’imposait, rejoignant l’avis d’Edouard Philippe, autre dissident plus récent.
Tout observateur un peu lucide voit qu’à chaque fois, première et seconde élection présidentielle, crise du Covid, crise institutionnelle an cours, crise budgtaire l’équipe Macron crée des faux dilemmes où leur chef est un terme de l’alternative et l’autre une forme particulière de l’horreur et du chaos. Alors que l’horreur et le chaos, c’est lui du fait d’une incapacité manifeste à gouverner pour le bien du pays en faisant abstraction de sa petite personne.
A quelques jours du vote des budgets de la SS et de l’Etat, ne voit-on pas qu’on a choisi de ne rien faire et de laisser filer « en même temps » les dépenses et les impôts, en suggérant le faux dilemme : la stabilité (pour moi) ou le chaos, sachant que le résultat sera un chaos encore plus fort dans un an (pour tous). De désastre en désastre jusqu’à la victoire (fantasmée) finale !
N’appartient-il pas à LR de dénoncer ces manipulations médiatiques constantes, massives et de plus en plus tortueuses, qui transforment notre démocratie dans un sens médiocre et surtout dangereux. Laisser faire sans réagir n’est pas la solution. D’autant qu’un des actes de cette pièce de théâtre odieuse a été de piéger Bruno Retailleau avec l’aide cynique d’un premier Ministre peu scrupuleux qui, après s’être désarmé en refusant d’user du 49.3, croit qu’un vote contraint cautionnant le délire qui explose à l’Assemblée nationale le mettra sur le piédestal du génie politicien, alors qu’il n’aura conduit le pays qu’à de nouvelles épreuves et ne mérite que le mépris public.
Le Président de la République et le Premier Ministre ne respectent ni l’esprit ni la lettre de la Constitution. Le silence s’impose-t-il vraiment, sachant que tout ce cirque artificiel et purement nombriliste risque de continuer pendant deux ans et qu’il vaudrait mieux l’entraver dès maintenant ?
- LR : un parti ou un haras ?
Qu’est-ce qu’un parti de gouvernement aujourd’hui en France, après le travail de pulvérisation des institutions réalisé par Emmanuel Macron ?
Pour un observateur dépassionné, l’institution la plus proche est un haras ! Qu’est-ce qu’un haras ? Un lieu où prospèrent des écuries, chargées de faire naître de futurs vainqueurs, en éliminant harins et haridelles. Le mouvement issu du gaullisme et du RPR est devenu un haras très productif. On ne compte plus les écuries. Sur la gauche, écurie sociale Bertrand, écurie bavarde Guaino, minuscule écurie Pradié, écurie sautillante Juvin. Au centre, écurie Barnier. Du côté libéral, écurie Lisnard. Sur la droite écurie Ciotti, écurie Retailleau. Les écuries énarchiques se sont démultipliées : écurie Pécresse, qui vivote après une course désastreuse, écurie Wauquiez, qui cravache en tapant sur le cheval d’à côté, écurie Copé, retour du diable Vauvert, écurie Larrivé qui ne la voit pas encore, écurie d’Aubert entravé par un accident électoral pénible. L’écurie nombrilo-frico-arabophile de Villepin est assez difficile à classer. L’écurie havraise d’Edouard Philippe a vaincu l’alopécie de son étalon qui souffre momentanément d’avoir envoyé une ruade sur son naisseur-éleveur. Ajoutons l’écurie Zemmour qui a fait son trou et a trouvé une femme jockey de qualité mais ne peut rien gagner en courant loin du peloton.
On dira : 16 écuries, en attendant mieux, c’est la marque d’un grand réservoir de personnalités !
Certaines écuries ont fait sécession. D’autres menacent de le faire, un pied dedans un pied dehors. Toutes prétendent avoir conservé les reliques de la vraie croix, celle de Lorraine.
La somme des divisions n’a pas multiplié l’impact électoral. La mathématique électorale reste euclidienne.
La direction du haras LR où s’agitent les écuries non dissidentes n’a apparemment aucun pouvoir. Dès qu’elle envisage de prendre une orientation, les petits chevaux se rebellent et montent sur leurs grands chevaux. L’électorat est censé décrypter l’image. Il reste généralement perplexe quand il ne rue pas dans les brancards. L’écurie dominante à l’Assemblée nationale, s’oppose à l’écurie dominante au Sénat. Des députés LR ont même menacé de ne pas payer leur obole au Parti. Les écuries provinciales s’acharnent sur les écuries parisiennes.
Aucune écurie n’a véritablement de projet. Au mieux doit-on s’attendre à quelques éléments de langage, sauf sans doute du côté du maire de Cannes qui essaie, dans la limite de ses moyens, de donner au libéralisme un peu d’épaisseur programmatique et d’exposition médiatique.
Le parti LR ne peut même pas envisager d’avoir une identité, un projet, un programme, un ennemi déclaré. Les écuries en furie s’acharnent sur toute amorce de tentative. Pour une élection donnée, le programme sera celui du candidat choisi. On choisit l’étalon de l’écurie, pas le programme de l’écurie, en général inconnu. Tous répètent : « On ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment ». Alors on affirmera bravement des rodomontades, mais surtout pas de programmes. « Cela ne peut que se retourner contre vous », disent les communicants. Les sélections ne sont donc que des jeux de pouvoirs internes ou des concours de beauté vis-à-vis des militants et de l’opinion. Au gagnant de faire sa tambouille, qu’on découvre au dernier moment. Elle est généralement d’un simplisme désarmant. Souvent on constate une grande complaisance au « moi je ». Seul le candidat parle, avec ses séides. Les autres se taisent. La plupart du temps ils ne sont pas au courant des options défendues par l’impétrant.
Chaque écurie a son propre petit parti avec ses financements, alors que le porte écuries est à sec et court constamment après 100 balles.
Vu de Sirius, le courant politique issu des créateurs de la Ve République ressemble à un tableau pointilliste, mais la cote est moins flatteuse. Ou au delta du Rhône, la Camargue en moins.
On dira : LR n’est pas le seul dans les tourments. Le macronisme est mortellement touché. LFI n’est pas un parti. Juste l’instrument poisseux d’un vieux Trotsko, résidu douteux des années soixante-dix, sans scrupule et qui joue le chaos et l’abjection pour tirer ce qu’il peut des décombres. Le RN fait florès sur sa virginité gouvernementale, sur fond de récupération des malaises, mais préfère rester silencieux sur les grandes difficultés de l’époque… et de Marine Le Pen. Les Verts ont tellement prouvé leur nocivité là où ils ont été élus lors de vague verte du début 2020 qu’ils constatent un rejet historique dans les sondages. Ils savent que le retour de bâton sera sévère. Nous avons vu ce qu’il en était du PS.
Il serait donc injuste de penser que LR soit le seul parti à avoir développé sa vocation de haras, refusé d’avoir un vrai projet et renoncé jusqu’ici à élaborer un vrai programme. Il suffit de constater le concours Lépine du n’importe quoi débile à l’Assemblée nationale pour comprendre à quel point le brouillard avait été épais lors des élections législatives. S’ils avaient su que l’action de leur élu serait aussi moche, les électeurs auraient-ils vraiment fait les mêmes choix ? Ils ont un peu de mal à se trouver responsables des débordements actuels, alors qu’ils n’ont eu à trancher que de questions de personnes associées à des combinaisons politiciennes, des images et des narratifs, sans jamais savoir ce qui allait être réellement proposé.
Dans un tel contexte, la question reste posée aux responsables de LR : faut-il continuer à voir le parti comme un haras dévolu à arbitrer le choc des écuries, et tout programme unitaire comme un danger, au risque de finir sur le radeau de la Méduse ? Ou faut-il changer radicalement de méthode en affirmant haut, fort et dans le détail, contre qui il lutte, pour quelles raisons et ce qu’il compte faire pour le pays, avec le concours de tous et l’appui de la majorité de ses militants, consacré par des votes ?
Un parti sans chef incontesté et respecté depuis l’échec de la réélection de Nicolas Sarkozy, sans dénomination significative, sans ennemi commun déclaré, sans projet unitaire soutenu par tous, et sans programme municipal et national, peut-il convaincre ?
Notre avis :
On tente l’impossible !
Il nous semble que pour maximiser ses chances, chaque candidat investi, du plus humble poste élu jusqu’à la Présidentielle aurait intérêt à s’insérer dans un projet global connu et voté et en être le principal défenseur, appuyé par tous les autres.
La seule chose qui intéresse actuellement les instances de LR est l’organisation de primaires devant mener à une candidature unique de la droite et du centre permettant d’éviter un second tour RN-LFI. On est dans le pur calcul électoraliste sur fond d’éparpillement tragique et d’absence de réflexion de fond sur ce qu’il faut faire pour redresser le pays.
Avant de réaliser une « union des droites », il faut s’assurer de l’union des LR.
Pour se faire, il est absolument indispensable d’éviter les « primaires ». Tout ambitieux a certes bien peu d’occasions nationales de se mettre en valeur médiatiquement et de faire apprécier son originalité, la richesse de sa pensée et l’audace de son action future. On voit les difficultés de l’ami Juvin obligé à des déclarations baroques pour faire vivre ses ambitions ! Une primaire permet d’exister et, pour tous, de humer les désirs de la base. Mais, dès qu’il est choisi, le candidat présélectionné se retrouve seul, les autres l’abandonnant à son triste sort. À lui de jouer ! Il n’est plus que lui-même, avec la responsabilité de définir son programme détaillé. Un vide se crée pendant deux, trois, six mois, laissant filer l’intérêt des électeurs. Des modalités programmatiques nouvelles apparaissent au fur et à mesure que le programme se précise. Elles nourrissent les critiques de la part des collègues qu’il a vaincus, mais qui sont loin d’être convaincus. La campagne devient un calvaire. L’amertume de Mme Pécresse n’est pas totalement infondée… presque à la hauteur de son impréparation.
Si des primaires ont lieu avec des candidats de partis voisins, alors que personne n’a de programme et que tout le monde y va avec des « éléments de langage », la confusion devient totale. Quelle suite si le candidat retenu est hors de LR et qu’il se plante ? Un parti croupion de quelques élus résiduels, façon rad-soc de la grande époque, arc-boutés sur leur poste ?
La seule solution gagnante est de définir préalablement à la campagne proprement dite un projet unitaire déjà au sein de LR, travaillé en profondeur. Il doit avoir un nom qui permet de le citer sans avoir constamment à le détailler. Il doit préciser qui est l’adversaire principal qu’il faut vaincre et que l’on va vaincre, en expliquant pourquoi. Les grandes difficultés nationales doivent être clairement ciblées avec un corpus de mesures correctives claires et nettes. On sait qu’elles vont être attaquées. Alors il faut élaborer une défense de fer et des contre-attaques puissantes. Il faut que les choix de l’adversaire soient tellement dévalorisés par notre critique que ses défenseurs perdent jusqu’à l’espoir de la victoire.
Vous ne pouvez pas toujours espérer une victoire significative avec uniquement l’appui des circonstances, des éléments de langage et des opérations image. Même si cela a pu marcher à l’occasion. On ne gagne jamais deux fois à l’Euromillion.
Mme Pécresse s’est retrouvée bien seule lors des dernières présidentielles. Aucun programme de LR sur lequel s’appuyer. Une organisation de campagne défaillante. Ce sera un désastre avec moins de 5 % des voix.
M. Bellamy fera techniquement et personnellement une excellente campagne européenne. Mais comment convaincre quand son parti n’a défini ni sa politique européenne, ni sa politique écologique, ni sa politique agricole, ni sa politique énergétique, ni sa politique industrielle, ni sa réflexion sur le moyen d’influencer la Commission, ni ses relations avec les grands pays comme l’Allemagne, ni les grandes orientations diplomatiques ? Il lui faudra improviser à tout moment, sur tous les sujets. Et il finira à 7 %, ce qui est mieux que 5 % mais si loin de l’objectif !
Rappelons-le : traditionnellement pour gagner les Présidentielles il faut peser au minimum 17 % des futurs votants et disposer d’une dynamique qui permet de capitaliser les ralliements de partis potentiellement compatibles. Les analystes les plus savants avancent qu’avec un RN à 35 % et une gauche globale à 30 %, mais divisée en trois groupes irréconciliables et portés à se faire la guerre au premier tour, il ne reste que 35 % à se partager par les candidats des autres mouvances. S’il y en a quatre, cela va être difficile d’aller au second tour. C’est vrai ! Le bloc central se divisera mécaniquement en deux, avec Attal et Philippe. Ils sont actuellement donnés devant tout candidat LR. Bayrou n’a pas dit son dernier mot. Reconquête n’a aucune raison de ne pas profiter de la tribune des Présidentielles. Il se peut certes qu’on puisse atteindre le second tour avec moins de 15 % des voix, sauf si les électeurs montrent une volonté de se concentrer sur un vote utile.
Dans un tel charivari, LR doit trouver la force de s’imposer par un programme de redressement décisif, et attractif pour les dissidents, pour justement susciter le vote utile. Sinon, son rôle dans la compétition risque d’être inexistant.
Répétons-le : si on n’a défini aucun programme et refusé de créer une dynamique autour de ses propositions, il est parfaitement grotesque de se lier les mains et la parole dans un cadre à trouver pour des primaires visant une candidature unique de mouvements épars n’ayant par ailleurs aucun programme commun à proposer.
Lors des dernières élections municipales, personne n’a voulu se pencher sur l’état de l’opinion. Elle était assez mal comprise par les instituts spécialisés. Elle était traumatisée par la crainte du virus Sars-Cov-2, nourrie par le spectacle délirant chinois, et l’énorme propagande en faveur des thèses du Giec qui lui-même annonçait la mort de la terre si on n’agissait pas tout de suite et massivement. La grave menace Verte qui pesait sur les grandes villes n’a même pas été imaginée et n’a pas suscité de contre-feu global. Que chaque ville se débrouille ! La défaite a été au rendez-vous : à Paris, à Marseille, à Nantes, à Bordeaux, à Lyon, à Grenoble, à Strasbourg, à Rennes… Et même à Toulouse ou Moudenc a décidé de quitter LR après avoir été élu ! Et même à Nice où le maire a rallié aussitôt le macronisme. Aller au combat seulement sur un nom et une étiquette peut parfois suffire. Mais là, le macronisme ajoutait un facteur de division supplémentaire. Ce sera donc un massacre dans les grandes villes, la résistance étant plus forte dans les campagnes.
Si on regarde les victoires de Chirac et Sarkozy, elles tiennent, c’est vrai, beaucoup aux circonstances. Le grand Jacques a capitalisé sur les rancœurs de la crise de 1992-1993. Les récessions périodiques ont été un levier fort d’alternance depuis 50 ans ! L’ennui, c’est que sans programme et malgré un Parlement à sa botte, il n’a pas su quoi faire une fois à la tête de l’État au point de se convaincre de la nécessité d’une dissolution absurde qui a laissé cinq ans le pouvoir au sinistre Jospin. Pour finir il sera qualifié de roi fainéant par le petit Nicolas qui lui a bénéficié d’un élan militant considérable et d’un adversaire faible, sur fond de croissance financière explosive mais rapide. L’ennui, c’est que sans programme et sans anticipation de la crise qui s’annonçait, il a trahi ses électeurs en passant un pacte non annoncé avec des socialistes, et pris des mesures totalement contradictoires avec ses prises de position électorales. On annonce le karcher et on appelle Kouchner ! On annonce une accélération de la croissance et une récession terrible ravage l’économie. On annonce une répression de la délinquance et on met fin à la « double peine ». À force de ne pas vouloir réfléchir aux causes des récessions périodiques extrêmes qui se succèdent depuis 1971, on les prend en pleine figure sans pouvoir répondre. À force de ne pas vouloir toucher aux mesures chocs des socialistes comme les 35 heures, on finit par affirmer qu’on les a contournées alors qu’il n’en est rien. Le livre de Dufourcq montre bien le refus de Sarkozy de prendre toute mesure contre l’envolée de la dette sociale : « Je n’ai pas été élu pour cela ».
Il ne sera pas réélu et ce ne sont pas ses contorsions médiatiques qui le feront redevenir président de la République avec un formidable programme, après la séquence déprimante pour les Français que son conflit avec les juges et certaines dérives de sa gouvernance ont fait vivre à la France.
Leçon : la force de LR sera d’avoir compris comment agir pour redresser le pays ou ne sera pas.
LR doit convaincre le pays de la justesse du diagnostic qu’il a établi et de la solution qu’il a collectivement élaborée. Il doit garantir que la recette du redressement sera mise en œuvre sans faiblesse en cas de victoire. Ne pas gagner pour obtenir des postes mais pour mettre en œuvre des résultats cruciaux pour la France et les Français ! Si on n’a pas précisé lesquels et les moyens qu’on envisage de mettre en œuvre, on retombe dans le vide macroniste avec uniquement des mesures de circonstances, de la com’ infantile ou cynique, des querelles d’écuries et du « en même temps » délétère.
Est-ce vraiment si difficile à comprendre ?
LR doit changer de nom, cesser d’être un haras, et devenir une machine de guerre pour redresser le pays. Tout le reste n’a aucun intérêt.
- Municipales : en faire le premier acte national du grand redressement
Les élections municipales de 2026 se présentent dans une ambiance beaucoup plus favorable à LR que les précédentes, c’est vrai. L’écologie anticapitaliste et régressive a provoqué de tels dégâts, sans aucun effet sur le climat, qu’un retour de bâton est en cours. Tout le monde a compris que les Verts n’étaient pas principalement motivés par la nature et les petits oiseaux. Leur wokisme est caricatural dans les mots et dans les actes. Leur indifférence à l’insécurité a provoqué des drames. Leur irresponsabilité financière a grevé de dettes de nombreuses villes malgré des hausses démentes d’impôts.
LFI a décidé de casser du Rose aux Municipales, en vue d’obliger le PS à revenir à un Front de gauche pour les élections présidentielles et législatives à suivre. PS et Verts sont en tension, comme toujours.
On peut croire qu’il suffira de constater les dégâts pour gagner facilement et qu’une équipe locale peut s’en occuper quitte à aller chercher un candidat extérieur notoire comme à Lyon avec Michel Aulas.
Pour le moment les choix de candidats sont faits mais il n’y a toujours pas de vision globale ni de campagne nationale. Les comités locaux commencent leur campagne et bénéficient du ralliement actif de tout le monde au sein de LR (en dépit de tensions initiales souvent intenses). C’est très bien. Croire que cela suffira serait une grande erreur. Tout observateur un peu attentif sait qu’une victoire facile est une illusion.
Quels sont les points de résistance ?
La prime au sortant est très forte dans les élections municipales. Les socialistes notamment savent depuis longtemps quadriller le terrain avec des subventions massives aux associations, avec l’intégration dans les effectifs municipaux de beaucoup d’affidés ou de personnes dont on attend de la reconnaissance, avec des mesures ciblées. Les problèmes climatiques restent prégnants dans la population avec un désir de verdure et d’élimination des pollutions, notamment issues de la voiture. La population s’est fractionnée et est devenue plus violente. Elle attend toujours plus d’argent magique. Dépenser sans compter et vivre avec des dettes ou l’argent des autres, ce n’est plus vu comme problématique. La haine sociale est forte contre les propriétaires, hypertaxés et vilipendés. Les locataires n’ont pas envie de voir les loyers revenir à leur vérité économique. « La rue maghrébine et africaine » a proliféré et s’est concentrée dans les grandes villes et leurs banlieues. Des clientèles ont été gavées pendant des années et entendent conserver leurs prébendes. La question musulmane se pose de plus en plus avec l’entrisme subversif des Frères musulmans. Dans la classe moyenne le dégoût pour les partis a grandi avec une tentation de voter pour des personnalités de la société civile hors du cadre des partis. Il n’y a plus trop de jeunesse et ce qu’il en reste est tourneboulé par le vide qui s’offre à leur dynamisme. Les salaires sont bas. Les perspectives peu claires. La période du Covid a marqué un grand nombre de jeunes. Trop de familles de la classe moyenne ont dû quitter les grandes villes, où elles ont été remplacées par des étrangers qui ne votent pas et des migrants. Le vieillissement a provoqué une migration des retraités aisés vers les bords de mer (et l’étranger), privant le vote de droite de support démographique. L’attente de logement social est littéralement effarante et touche près de la moitié de l’électorat qui y aurait juridiquement droit, soit près de 40 % de la population des villes. Les villes universitaires sont devenues des foyers gauchistes et antisémites, avec un surprenant retour en force des idées communistes !
Les municipalités de villes comme Rennes, Nantes ou Grenoble se pensent inexpugnables, à cause des légions sectaires violentes qu’elles y ont laissées prospérer et que l’on retrouve dans des combats violents contre des aménagements nécessaires et décidés démocratiquement.
Toutes les associations vertes ne cessent d’affirmer que la végétalisation et la suppression de la circulation automobile est irréversible, que tout le monde aime les arbres et les plantes vertes, que la santé publique s’est améliorée. On sort des sondages tous les jours pour montrer la révérence énamourée des habitants pour la transformation écologique des villes.
On masque l’instrumentalisation de la verdure pour nuire à telle ou telle catégorie de la population, les conséquences des mesures d’étranglement sur la vitesse des bus, l’accès aux services médicaux à domicile, les concerts de klaxons, les piétons risquant mille abus, l’impossibilité pour la police, les ambulances et les pompiers d’intervenir rapidement. Là, jamais de sondage ! Pas plus que d’analyses sur la fuite de nombreuses familles et entreprises, devant les contraintes insensées qui les accablent. On montre une école dont la rue bordière a été interdite à la circulation, sans dire combien ont dû fermer du fait de la disparition des familles avec enfants. On trouve toujours une force médiatique de communication qui persiste à croire qu’il faut inlassablement plaider la cause écologique quelles qu’en soit les modalités. Cette pression pousse certains politiques à vouloir accepter tous les oukases écologiques et à ne pas mettre en avant les conséquences néfastes d’actions détournées de leurs fins pour simplement nuire à des « adversaires » souvent fantasmés. La droite est coutumière du fait : toujours céder au politiquement correct « de gauche ». Ce réflexe est évidemment dangereux et doit être strictement évité par les candidats LR.
À droite et au centre, la pulvérisation des partis et l’absence de vision sur le développement de la ville et de son futur, ne rendent pas la situation facile. La disparition des commerces de centre-ville, les livraisons commandées par internet, les mouvements démographiques, la crise du logement, les effets des lois de type ZAN, l’évolution du banditisme, la faillite scolaire posent des problèmes très lourds pour lesquels il faut savoir proposer une réflexion construite et des solutions. La réflexion est active au sein de l’association des maires de France, comme en témoigne l’excellent rapport de l’ami Barouin. Les programmes électoraux, en revanche, sont aussi dépeuplés que les maternités ! Comme lors des deux dernières élections municipales ! Les échecs de NKM, remplaçant une vision pour la ville par des cœurs à foison, ou de LREM proposant de déplacer les gares du Nord et de l’Est pour prouver un minimum de réflexion, ont montré qu’on ne peut pas être élu si on n’a aucune vision pour l’avenir ou si on affiche des solutions frelatées destinées seulement à faire le buzz.
L’électorat non socialiste est en mouvement. Très longtemps le RN stagnait dans les grandes villes autour de 5 %. Si on ajoute au RN, le parti de Ciotti et celui de Zemmour, on tourne maintenant entre 15 et 20 %. À l’extrême gauche, le vote était anecdotique. Il ne l’est plus.
Croire, dans un tel contexte, que tout va se passer facilement pour LR, est de l’ordre de l’asphyxie mentale.
Pour gagner les élections municipales qui se présentent dans à peine 5 mois, il est indispensable de formuler un projet global unitaire, premier étage de la fusée du redressement Français, grâce auquel aucun des candidats, dans aucune ville, ne se retrouvera seul. Tous doivent bénéficier du « push » d’un mouvement massif et collectif d’ampleur nationale. Tout le monde comprend qu’il va falloir faire des alliances de second tour et parfois de premier tour. Une alliance se forge autour d’un programme, pas seulement dans la répartition des postes. Si le « deal » est clair pour les électeurs et leur permet de savoir ce que va être l’action à venir, il est efficace. Si ce n’est qu’une bataille pour des places, l’impact est incertain.
Autre avantage, le terrain est préparé pour les futures élections nationales.
Imaginons que LR crée ce programme unitaire et une structure de promotion à l’échelle nationale rassemblant tous nos candidats à la reconquête des grandes villes pourries par les coalitions arc-en-ciel. L’actualité, tous les jours, montrent des faits lamentables qui engagent la responsabilité, un jour du maire de Nantes, un autre du maire de ennes, un autre encore du maire de Strasbourg avec sa mosquées démesurée avec minarets, un autre toujours qui, maire de Lyon, qui fait insulter la « police qui tue », un autre, du maire de Bordeaux, qui a prononcé à nouveau une bordée de sottises odieuses. A chaque dénonciation, c’est l’ensemble des candidats LR, unis autour d’une volonté et d’un programme commun qui en bénéficierait. Alors qu’aujourd’hui c’est le silence des agneaux. De même tous nos candidats feraient attention à différencier leur volonté écologique du détournement odieux qu’en ont fait nos adversaires. Arborer, végétaliser : oui mais pas comme eux et pas n’importe comment, dans la laideur, le mépris, l’asphyxie. Ni à n’importe quel prix ! Chaque suggestion verte doit s’accompagner d’une condamnation des excès précédents.
Non, disent certains esprits forts d’arrière-cour : tout est une question de personne. Aux candidats locaux les mieux placés de se débrouiller pour gagner. Après la victoire on verra bien. Criez : « On va gagner ! Cela suffit si c’est dit avec dynamisme par le bon candidat ! Les électeurs ne se posent que des questions de personnes, comme au catch ». « Un programme ? Vous avez déjà vu un catcheur avec un programme ? » Plouf !!!
On pourrait s’inquiéter de voir cette approche caricaturale se manifester dans les différentes campagnes menées dans chaque ville par des candidats LR retenus.
À Paris, par exemple le réflexe unitaire derrière la candidate retenue a été remarquable et le comité qui soutient la candidate est indiscutablement dynamique. Dans tous les quartiers les militants agissent. La candidate elle-même multiplie les sorties et les déclarations en se concentrant successivement sur tous les grands thèmes, alternant critiques vis-à-vis des sortants et propositions. Bravo !
Est-il néanmoins nécessaire de remettre les rats en première ligne comme lors de la précédente campagne ratée ! Une belle photo sur un camion poubelle est annoncée. Formidable ? Avoir également centré le narratif sur l’objectif principal de la candidate qui serait de se mettre au service du piéton est un peu court. Les quais, apprend-on, seront formidablement aménagés, végétalisés, arborés, ludiques. C’est qu’on est positif pour la nature et qu’on aime tous les Parisiens qui regrettent la « minéralité toxique » de cette vieille cité bétonnée. Hidalgo n’a qu’à bien se tenir. On ajoutera la sécurité et la rigueur de gestion en temps voulu et l’affaire sera dans le sac. Que demander de plus ?
Agents électoraux LR au travail à Paris ?
Le problème de développement de Paris, ville capitale et ville monde, qui voit sa jeunesse disparaître, sa population fondre, et ses activités économiques s’étouffer, sauf un tourisme de masse qui devient problématique, ne semble pas devoir intervenir dans la campagne. Comment restaurer la possibilité d’y travailler efficacement, de s’y loger, d’y élever des enfants ? Comment valoriser Paris-Capitale ? Ces questions se posent et violemment. LR ne peut pas résumer son message à une question de dératisation (en cours, avec un petit succès, depuis des années), de valorisation du piéton (déjà défendue comme priorité par Hidalgo avec les résultats que l’on sait), et de stimulation de la belle vie ludique dans les jardins des bords de Seine. Bien sûr la campagne commence et on est encore dans un tempo lent marqué par les éléments de langage et la fixation du décor. Cela va s’accélérer brutalement. Déjà, les déclarations les plus récentes touchent des sujets moins sommaires. Attention néanmoins aux faux pas : la presse est vacharde. Marianne cite la déclaration de Rachida Dati sur la réorganisation de la rue de Rivoli : « Des trottoirs élargis, une piste cyclable bidirectionnelle, une voie pour les bus, une voie pour la desserte locale, voilà mon projet pour la rue de Rivoli ». Le journal souligne que cette déclaration aurait pu être « celle d’Emmanuel Grégoire, le candidat PS, et que c’était bien la peine d’insulter Hidalgo pendant dix ans ». Le massacre de la circulation rue de Rivoli a eu des conséquences dramatiques pour les hôtels, les commerces, les médecins, et la circulation dans toute la rive droite : la vitesse moyenne y est tombée à 8 km/h pour les voitures et 4 km/h pour les bus. Associé au blocage de la circulation générale sur les ponts, il est responsable du blocage du centre de Paris, côté nord. L’accès aux hôpitaux comme Rothschild ou Lariboisière est devenu problématique. On ne peut pas dire : « c’est chouette et on continue comme cela dans la joie et le bonheur ».
La liste Dati doit dorénavant faire face à une liste commune des ralliés ex-UMP au macronisme autour d’un autre ex-UMP rallié, Pierre Yves Bournazel. Suscitée par Edouard Philippe, elle serait soutenue par Attal et Renaissance malgré la rupture du maire du Havre avec le « guignol de l’Elysée ». La candidature Dati devait raccommoder cette fracture totalement artificielle et opportuniste du mouvement créateur de la Ve République. C’est raté ! Donc attention !
L’argumentaire de Bournazel est d’une indigence rare. Il s’adresse aux « Parisiens qui en ont ras le bol » pour souligner qu’il va s’attaquer… aux privilèges des élus municipaux, et multiplier les audits pour éviter les passe-droits ! Pour lui, l’avenir de la Capitale impose de supprimer les voitures avec chauffeur, le financement public de l’épargne retraite des élus, et les jetons de présence. Il faut aussi réduire les frais de représentation. Sa cible est donc l’élu municipal en général, politiquement indifférencié à qui il va falloir imposer la visite répétée du déontologue. Un programme de proctologue chargé de nettoyer les sales habitudes des élus de la ville de Paris. Tous pourris ! Le débat s’élève vers les sommets. Bournazel partage cette volonté purificatrice avec l’effarant Delogu à Marseille qui, armé d’un intellect reconnu par tous comme tout à fait hors normes, veut « nettoyer au karcher ce système corrompu ». Le tract de Bournazel renvoie vers son site tout entier consacré à lui-même, une belle personne exclusivement soucieuse d’esthétique, d’éthique, de nature, de culture. « Moi-je, le chevalier blanc » qui va nettoyer les écuries d’Augias ! Gabriel Attal et Edouard Philippe croient-ils vraiment à ces orientations objectivement déplacées et ridicules ? Ils voulaient prouver qu’il fallait compter avec eux. Une optique purement politicienne et sans bénéfice pour les Parisiens ni pour l’avenir de Paris.
Reste à savoir ce que vont faire le Modem, le mouvement de Ciotti, et celui de Zemmour. Si tout le monde y va de sa liste, dans la mesure où LFI, les Verts, le PS, le PC ajoutés au RN doivent ensemble atteindre autour de 45 % de l’électorat, le spectacle risque d’être assez sinistre et le résultat plutôt glauque.
La vraie stratégie de LR, doit impérativement se concentrer sur la construction d’un projet national puissant, transformant les Municipales en premier étage de la grande fusée du redressement et mettant l’ensemble des forces opposées aux désastres de l’action des municipalités Arc en Ciel en position de s’unir sur une plateforme programmatique sérieuse (au premier ou au second tour selon les circonstances). Le changement de cap doit évidemment être radical.
La carte est encore jouable.
La direction de LR en a-t-elle la capacité et l’envie ? Il n’est pas trop difficile de comprendre qu’elle est la seule force ayant actuellement un potentiel fédérateur suffisant pour renvoyer à leurs lubies déplorables les Belliard, les Piolle, les Hurmic, les Doucet, les Barseghian, les Appéré, les Rolland, les Payan etc., tous unis dans les mêmes désastres municipaux pour les mêmes raisons et par les mêmes actions déplorables.
C’est à la défaite collective de ces naufrageurs qu’il faut s’attaquer.
Ni Edouard Philippe, ni François Bayrou, ni Gabriel Attal n’ont la capacité de fédérer un tel mouvement, surtout avec des candidats d’une indigence aussi extrême que celle affichée par Pierre Yves Bournazel, alors qu’ils travaillent tous à rallier le PS dans le bloc central. On pouvait en douter un temps, mais maintenant les faits sont là !
C’est à ce genre de décisions qu’on pourra juger de la pertinence de la nouvelle direction de LR. Si on fuit les champs de bataille, la probabilité d’engranger de grandes victoires devient faible.
Rater l’occasion d’une victoire massive aux Municipales, anticipant sur les combats à venir au bon niveau, n’est pas acceptable. Si la dynamique est enclenchée, on ne voit pas comment les mouvements de Ciotti, de Zemmour et même le gros des bataillons RN pourraient éviter de s’y agréger volens nolens. On voit notamment que l’équipe Zemmour cherche à corriger les erreurs qui avaient placé Éric à la droite du FN. Animée par Sarah Knafo, elle tente de revenir à la place visée initialement entre le RN et son programme économique socialiste et un LR ayant trop glissé vers le centrisme moi. LR doit évidemment aider à la manœuvre afin de préparer une alliance nécessaire.
Comme il ne faut jamais critiquer sans proposer, nous avons défini un tel plan nommé Équilibre. Il fournit un modèle pratique pour enclencher le processus et dépasser le simple constat de nécessité et le convertir en plan stratégique et tactique global.
Cela fait près d’un an que nous pressons inlassablement LR à épouser cette approche.
Cher Bruno Retailleau, la décision est entre vos mains et pour tout de suite. Attendre janvier 2026 serait, comme ne rien faire, plus que légèrement aléatoire. Disons : traumatique ! Comme l’éparpillement des voix LR sur les budgets.
Un élément rassurant vient de François-Xavier Bellamy qui a l’esprit clair et sait convaincre. Dans une récente interview sur Public Sénat, il a évoqué le sort lamentable des grandes villes françaises livrées à la régression économique, à l’insécurité et au Wokisme. Il faut les sauver, a-t-il affirmé. « Il faut se donner l’occasion de gagner dans ces villes, avant de gagner en France ».
Il faut aller plus loin que cette simple injonction à agir et la traduire dans les actes, un programme nommé et une organisation spécifique. Tout de suite.
Il est certain que la crise parlementaire cannibalise l’emploi des dirigeants de LR et suscite bien des débats, presque toujours minables et odieux, qui occultent la nécessité d’une réponse programmatique unique et centralisée, alors que l’ombre portée de la présidentielle stimule les ambitions personnelles. Le côté Mission Impossible de la situation est évident.
Disons que cette mission, cher Bruno, si vous l’acceptez, engagera une belle lutte nécessaire. Sinon quelque chose s’autodétruira. Probablement la confiance. Définitivement. On ne peut pas simplement enjamber ces élections municipales.
Mission impossible ?
Conclusions
Nous croyons plus que jamais qu’il faut rebâtir totalement le parti et se préparer pour le nouveau cycle de 15 ans qui s’annonce. Il faut pour cela changer le nom, le logo et la devise de LR, dont l’image est devenue invertébrée et même légèrement repoussante.
Le nom : Force Française ; Le slogan : Libres ; Le logo : 
La base militante crie au futur président du mouvement : tout est là pour agir ! Il faut y aller sans faiblesse. Le pays a besoin de nous. Nous savons exactement ce qu’il faut faire. Alors courage et on fonce !
Et on frappe avec la dureté nécessaire tous les naufrageurs de la cinquième République, notamment les socialistes slumdogs millionnaires, roses, rouges ou verts, et tentés à nouveau par des options quasi communistes, avec qui il serait suicidaire de s’associer sous la houlette d’un Président déconsidéré par ses manigances narcissiques, antinationales et folles au nom de la « stabilité ».
Passons à la contre-attaque ! Avec force.
Vive la nouvelle Force Française et restons Libres !
Nota bene : les notes politiques publiées ces deux dernières années sont disponibles gratuitement sur le Dazibao organisé sur le site : Librairie-e-toile.fr
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