Laurent Wauquiez, chef de file des députés La Droite républicaine. Sarah Meyssonnier / REUTERS

Politique

Selon le président des députés de droite, qui détaille ses ambitions au Figaro, un projet sera construit avec les sénateurs LR pour «débloquer la France dans les 100 jours».

Le Figaro - 15 juillet 2024 - Par Claire Conruyt et Emmanuel Galiero

Laurent Wauquiez ne veut pas perdre de temps. Lundi matin, cinq jours après avoir pris la tête du groupe La Droite républicaine, le député de Haute-Loire a retrouvé ses collègues en visioconférence pour plancher sur le contenu d'un pacte législatif visant à répondre aux urgences du pays. «J'assume mes responsabilités : nous ne laisserons pas la France insoumise prendre le pouvoir», confie-t-il au Figaro.

Ce projet LR, reposant sur une dizaine de textes jugés prioritaires, met l'exécutif sous pression : soit un chemin législatif s'ouvre pour permettre les réformes proposées par la droite, soit Emmanuel Macron devra les engager par voie référendaire. Le nouveau président du groupe souhaite aussi poursuivre ces travaux en coopération «étroite» avec le Sénat. La version finale sera actée conjointement par les députés et les sénateurs, lesquels ont prévu de s'y mettre dès jeudi. Il annonce aussi que «quatre propositions prioritaires» seront extraites de ce pacte législatif pour «débloquer la France dans les 100 jours». Une fois que cette offre sera posée sur la table de l'exécutif, peut-être dès la semaine prochaine, il s'agira de trouver les partenaires pour faire passer toutes les lois dont la France a «cruellement besoin».

Laurent Wauquiez assume cette volonté de pousser le pouvoir à réagir face aux urgences. «Nous voulons poser les choses clairement et montrer que la majorité du pays est autour de ces idées, contrairement à ce que le Nouveau Front populaire voudrait faire croire sur la base d'une supercherie électorale, poursuit le patron des députés LR. La majorité de la France est pour la restauration de l'ordre, la défense des valeurs de la laïcité et pour la revalorisation du travail.»

Le député de Haute-Loire part d'un constat critique : le spectacle offert par la politique française depuis les résultats des législatives n'est pas digne. «L'image projetée par les différents partis politiques est lamentable aussi bien côté Renaissance, que NFP ou RN. Alors même que les Français ont exprimé des choses fortes sur la dévalorisation du travail, l'insécurité, l'immigration ou le ras-le-bol des normes, les seules réponses apportées par les responsables politiques portent la manière d'échafauder des petits accords de partis pour prendre le pouvoir. Nous, notre conviction, c'est que l'Assemblée a besoin d'un pôle de responsabilité et de travail. C'est ce que nous voulons incarner». C'est pourquoi le chef de file des députés LR préconise la recherche de «solutions sur le fond» pour répondre aux attentes des Français.

Nous sommes prêts à travailler avec tous ceux qui seront capables de nous rejoindre pour faire avancer ces réformes législatives

Laurent Wauquiez, chef de file des députés La Droite républicaine

Se disant «très préoccupé» par la situation actuelle des institutions, Laurent Wauquiez estime que le pays ne peut pas se payer le luxe de rester bloqué compte tenu de l'ampleur des difficultés. «Notre objectif, précise-t-il, est de mettre des propositions de bon sens sur la table qui correspondent aux valeurs qui sont les nôtres, en précisant que nous sommes prêts à travailler avec tous ceux qui seront capables de nous rejoindre pour faire avancer ces réformes législatives». Pour la droite, les problèmes de la France sont le résultat d'une accumulation de difficultés non réglées. Au cœur de son pacte législatif, elle pose deux axes prioritaires.

Le premier est la revalorisation du travail. En limitant les dérives de l'assistanat, les LR entendent revaloriser les salaires nets. «La première injustice est que ceux qui travaillent ne gagnent pas plus que ceux qui ne travaillent pas», insiste Laurent Wauquiez. L'autre pilier du pacte est la restauration de l'autorité. «Ce sont les deux principaux problèmes du pays».

Les Républicains assument également deux lignes rouges «très importantes ». Plaidant d'abord pour le retour du sérieux budgétaire, Laurent Wauquiez prévient : «On ne cautionnera pas un gouvernement qui continue dans le quoi qu'il en coûte et le laxisme budgétaire. Et l'on ne cautionnera pas un gouvernement qui achètera la restauration des finances publiques par l'augmentation des impôts. Il faut sortir de cette spirale». Ensuite, les LR s'opposeront aussi au «sacrifice des retraités». «C'est la France qui a travaillé toute sa vie», juge Laurent Wauquiez.

Alors que certains, à droite, plaident pour diverses formes de participation gouvernementale, le nouveau patron du groupe LR assure que la ligne est tranchée. «Cette question ne fait pas débat. Elle fait partie de la constitution initiale de notre groupe. Nous voulons offrir aux Français la parole d'une droite républicaine et indépendante. C'est tout ce que nous cherchons à construire. C'est le début de la reconstruction du discours de la droite que nous faisons en réaffirmant d'emblée. Il y a eu trop d'ambiguïtés par le passé. Ce pacte exprime les valeurs d'une famille politique au clair avec ce qu'elle veut proposer au pays. Et cela ne se construit pas dans le en même temps. Les petits accords partisans ne sont pas à la hauteur du sujet. Nous ne sommes pas là pour négocier des postes».

«Tout faire pour éviter un gouvernement Nouveau Front populaire »

Le cap est donc de travailler, proposer, ne pas bloquer, assumer ses responsabilités, empêcher LFI d'arriver aux affaires et dire à toutes les bonnes volontés qu'elles seront bienvenues si elles sont en accord avec les solutions législatives portées par la droite. «La méthode Wauquiez a calmé les tentations de certains», glisse un cadre, en référence aux quelques députés LR réticents. «Objectivement, on a tous fait un pas l’un envers l’autre», reconnaît Philippe Juvin, l’un de ceux qui prônent depuis longtemps un «contrat de gouvernement» avec Emmanuel Macron - une position «minoritaire», assume le député des Hauts-de-Seine. «L’idée d’un pacte parlementaire va dans le bon sens.»

Cette première réunion de groupe, à entendre les députés, est la bienvenue. «Nos échanges sont très constructifs et l’ambiance, excellente», jure Annie Genevard (Doubs). Véronique Louwagie (Orne) juge «important d'apporter des réponses aux préoccupations des Français de manière collégiale. Et nous sommes tous d'accord pour faire barrage à l'extrême gauche.» Les députés LR veulent aussi répondre aux attentes des électeurs qui, dans leurs circonscriptions, leur demandent de « tout faire pour éviter un gouvernement Nouveau Front populaire ». Conscients de ne pas avoir plus de majorité que leurs rivaux à l'Assemblée, ils veulent être perçus comme une force de « proposition », tout en défendant leur « colonne vertébrale ».

Un parlementaire, pas franchement wauquiéziste, ajoute : «Franchement, ça fait du bien. Laurent sait y faire, il faut bien lui reconnaître cette intelligence : il veille à ce que chacun prenne la parole, que personne ne puisse le soupçonner de vouloir brider le groupe. Certains ont peur que ce groupe devienne une écurie présidentielle mais je ne vois aucun “red-flag”... pour l’instant.» Vincent Jeanbrun (Val-de-Marne) ajoute : «La team Wauquiez est très efficace, il y a un côté machine de guerre, on n’est pas dans le bla-bla. Quand d’autres, au NFP, cherchent des postes, nous, on travaille et on refuse de bloquer le pays.» Julien Dive, député de l’Aisne, renchérit : «On est les seuls à mettre les mains dans le cambouis.»