Tribune

Face à la situation financière très grave que traverse notre pays, les parlementaires sont face à leur responsabilité.

Par Valérie Pecresse, Présidente de la région Ile de France -  18 octobre 2024

Face à la situation financière très grave que traverse notre pays, les parlementaires sont face à leur responsabilité : celle de voter un budget pour la France, sans quoi nous ne pourrons éviter une crise financière et une hausse massive des taux d’intérêt, avec des conséquences désastreuses. Les Français ne pourront plus emprunter et les entreprises ne seront plus en mesure d’investir.

Toutefois, il est impératif que nos députés et nos sénateurs infléchissent ce projet gouvernemental au Parlement. Dans ce budget en effet, il y a trop de hausses d'impôts et pas suffisamment de baisse des dépenses, en particulier celles de l’État.

Oui, je déplore le recours à l’argent facile, aux petites hausses de taxes et d’impôts, et au rabot aveugle et injustifié des dépenses, en l’absence de réformes structurelles.

La désindexation des retraites est injuste, parce que nous avons beaucoup de retraités qui vivent à l’euro près. En revanche, il est nécessaire de promulguer la réforme de l’assurance-chômage pour un montant d'économies équivalent, et pour remettre la France au travail. J'appelle l'État à lancer un vaste plan de baisse des dépenses.

Des économies peuvent être faites à tous les étages, y compris à l’Élysée et au Parlement !

Il y a quelques jours j’avais alerté sur la hausse du budget de l’Élysée et du Parlement, alors même qu’on a demandé aux collectivités locales de baisser de 5% leurs dépenses, et que les Français vont voir leurs impôts et leurs taxes augmenter. Qui peut comprendre dans ces conditions que l’État ne soit pas lui-même exemplaire ?

Je constate que mes arguments ont été reçus cinq sur cinq et que ces augmentations ubuesques n’auront pas lieu. Néanmoins, ce n’est pas suffisant : l’Élysée et le Parlement doivent aussi appliquer la même règle de sobriété et d'économie que celle qu'ils exigent des collectivités locales.

Ma Région est celle qui est censée contribuer le plus aux efforts des collectivités locales. Et pourtant, quelle injustice de ne pas moduler les efforts en fonction de la qualité de la gestion.

À la tête de ma Région, j'ai baissé de 20 % nos dépenses de fonctionnement en 8 ans et j'ai fermé 15 structures para-régionales. Le Parlement doit envoyer un signal, en accordant une prime à la bonne gestion, en différenciant les efforts demandés.

À l’État obèse et impotent, je préfère celui qui se concentre sur ses trois missions essentielles : éduquer, protéger et soigner, et qui lâche prise sur le reste. Ayons enfin le courage de débureaucratiser. Il est temps pour les parlementaires d’identifier les structures qui alourdissent le millefeuille administratif, y compris en Île-de-France.

En effet, pourquoi tarde-t-on encore à supprimer la Métropole du Grand Paris, comme l’a proposé Éric Woerth dans son rapport sur la décentralisation, en transférant ses compétences à la Région.

Les décisions courageuses se prennent maintenant. L'État doit fermer le maximum d'organismes para-étatiques et d'agences qui coûtent si chers en frais de structures et démultiplient les contraintes bureaucratiques. Il est temps car la suppression des doublons, la fermeture de structures prennent du temps. Elles doivent être socialement et juridiquement accompagnées, et ne produisent leur effet sur la baisse de la dépense qu’après 15 ou 18 mois.

La chasse au gaspillage et à la suradministration, allons-y, courage !