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Climat

Après avoir chuté en 2020 du fait de la pandémie, la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère connaît de nouveau une progression record. Alors que s'ouvre la COP 27, quels sont les Etats qui ont fait le plus d'efforts pour réduire leurs émissions depuis les Accords de Paris ?

Les Echos - 5 novembre 2022 - Par Pauline Verge

Le chemin est encore long. Alors que les Accords de Paris visent à limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré en 2100, les derniers engagements nationaux transmis par les Etats à l'ONU laissent présager une hausse de 2,6 degrés pour la fin du siècle. Pire : si l'on s'en tient aux actions d'ores et déjà mises en oeuvre, la trajectoire actuelle mène la Terre vers un réchauffement de 2,8 degrés, estime le Programme des nations Unies pour le développement.

L'élan pour réduire les émissions mondiales est certes sur la bonne voie, mais loin d'être suffisant. Les plans nationaux permettent d'espérer en 2030 une augmentation de 10,6 % de ces émissions par rapport à leur niveau de 2010, contre 13,7 % l'année dernière. Il faudrait néanmoins les faire baisser de 43 % au même horizon pour espérer atteindre l'objectif des Accords de Paris. Alors que s'ouvre la COP 27, « Les Echos » font le point sur les avancées de chaque pays.

Les gouvernements peinent à tenir leurs engagements et à les accompagner de financements suffisants. Selon l'organisation Climate Action tracker, qui note chaque année la cohérence des objectifs et des actions gouvernementales avec les Accords de Paris, aucune d'entre elles n'est aujourd'hui qualifiée de « suffisante ».

Seules les politiques de neuf Etats sont jugées « presque suffisantes », dont celles de la Norvège. Au Royaume-Uni, l'organisation salue des « objectifs ambitieux, soutenus par des politiques claires et crédibles », notamment pour atteindre une production d'électricité décarbonée d'ici 2035.

Hausse des investissements dans les énergies durables

L'ensemble de l'Union européenne, dont la politique est jugée « insuffisante », est quant à elle épinglée pour l'augmentation des investissements dans le gaz et la tentation d'un recours accru au charbon à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Le plan européen RePowerEU constitue toutefois bien « un pas dans la bonne direction » et pourrait aboutir à une baisse de 57 % des émissions de gaz à effet de serre de l'UE par rapport à 1990.

Une hausse des investissements dans les énergies renouvelables qui ne touche pas que l'Europe : dans son dernier rapport, l'Agence internationale de l'énergie note une « réorientation profonde » des marchés mondiaux de l'énergie, qui pourrait se traduire par un plafonnement des émissions mondiales de CO2 liées à l'énergie à 37 milliards de tonnes en 2025, avant de redescendre à 32 milliards de tonnes en 2050.

Toujours selon le Climate Action tracker, La Russie, la Thaïlande, la Turquie et le Vietnam sont les plus mauvais élèves en matière d'efforts pour réduire leurs émissions. Un problème de taille, lorsqu'on sait que ces quatre pays font partie des 30 plus gros émetteurs de gaz à effet de serre du monde. Les émissions de gaz à effet de serre de l'Asie ont continué à augmenter depuis les Accords de Paris : de 6,7 % entre 2015 et 2020. Elles sont en grande partie tirées par la Chine et l'Inde, qui ont également augmenté leurs émissions et sont respectivement responsables de 32 % et 7 % des émissions mondiales.

A titre de comparaison, les Etats-Unis, deuxième plus gros émetteur de CO2 derrière la Chine et devant l'Inde, avec 13 % des émissions mondiales, les ont réduites de 12 % par rapport à leur niveau de 2015. Sur la même période, l'Europe a elle aussi réduit ses émissions de plus de 11 %. Une performance en partie due à l'Allemagne et au Royaume-Uni qui, malgré une baisse de 19 et 20 % de leurs émissions, sont les deux plus gros émetteurs européens.

La palme de la région qui a fait le plus d'efforts depuis les Accords de Paris revient à l'Amérique du Sud : elles ont globalement chuté de 17,5 %, dont une part importante grâce au Mexique et au Brésil, bien que ces deux pays figurent eux aussi parmi les 20 plus gros émetteurs de CO2 du monde.

Dans toutes les régions du monde, il faudra néanmoins poursuivre et accélérer les efforts. Après la chute globale des émissions de CO2 observée en 2020 - notamment en raison de la pandémie -, celles-ci connaissent à nouveau une progression record en 2021. Les concentrations de dioxyde de carbone, de méthane et de protoxyde d'azote ont respectivement augmenté de 149 %, 262 % et 124 % par rapport à l'ère préindustrielle, selon l'Organisation météorologique mondiale

Autre mauvaise nouvelle : alors que les objectifs de neutralité carbone misent en grande partie sur la compensation de nos émissions grâce aux capacités d'absorption des écosystèmes terrestres et des océans, ces derniers pourraient être de moins en moins efficaces dans leur fonction de puits, alerte l'organisation. Une détérioration qui se traduirait par une élévation plus marquée de la température.

Par rapport à quelle période sont fixés les objectifs de réchauffement climatiques ?

En signant les Accords de Paris, les Etats se sont donnés pour objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré par rapport aux niveaux de l'ère-préindustrielle. Cette période de référence fait référence aux températures enregistrées entre 1850 et 1900, soit l'époque la plus ancienne pour laquelle on dispose d'observations quasi mondiales. Selon les scientifiques, il s'agit surtout de la dernière période durant laquelle la température moyenne n'a pas été influencée par l'activité humaine. ainsi, le réchauffement dû aux activités humaines se situe aujourd'hui à 1,25°C par rapport à la période pré-industrielle.

Pauline Verge