Collectivités locales

Le député de Paris et vice-président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, Sylvain Maillard, annonce vouloir déposer une proposition de loi d'ici au printemps 2023 pour permettre aux habitants des trois principales villes de France « d’élire plus directement leur maire ».

Le JDD - 21 décembre 2022 - Par Marceau Taburet

En politique comme dans la vie, tout est affaire d'anticipation. Des élus de la majorité regardent très loin. Alors que les prochaines élections municipales sont dans plus de trois ans, certains s'activent dès aujourd'hui pour en changer le mode de scrutin dans les trois principales villes de France. Sylvain Maillard, député Renaissance de Paris et conseiller du 9e arrondissement de la capitale, explique que l'objectif est de « redonner envie aux citoyens de voter ».

Pourquoi vouloir modifier le mode de scrutin aux élections municipales à Paris, Lyon et Marseille ?
Nous voulons redonner le goût aux citoyens concernés d’aller voter. Quand vous êtes électeur de droite dans le XXe arrondissement de Paris, vous n’avez aucune raison d’aller voter puisqu’il n’y a aucune chance que votre candidat l’emporte. C’est pareil quand vous êtes électeur LFI et que vous habitez dans le XVIe arrondissement. Plus globalement, il faut redonner envie de voter aux Parisiens qui, pour diverses raison, s’en vont habiter ailleurs. Beaucoup votent dans la commune de leur maison de campagne quand ils en ont une. On croise trop de Parisiens qui n’ont plus envie d’aller voter aux municipales.

 
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Un nouveau système plus lisible qui permet aux habitants concernés d’élire plus directement leur maire

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Que proposez-vous donc concrètement ?
Nous voulons instaurer à Paris, Lyon et Marseille le même mode de scrutin que dans n’importe quelle autre commune de France. C’est plus lisible et ça permet aux habitants d’élire plus directement leur maire. La complexité c’est qu’il y a des mairies d’arrondissement dans ces trois villes. Nous proposons donc un système avec deux listes. Une première dont le but serait d’élire les conseillers d’arrondissement qui se choisiront une tête de liste (le maire d'arrondissement). Et une autre liste pour les conseillers de Paris qui éliront eux-mêmes le maire. Le fonctionnement sera le même que partout ailleurs dans le pays. N’oublions pas que c’est le conseil municipal qui élit le maire.

 

Voyez-vous cette évolution comme une manière de redonner de la légitimité au maire élu ?
Je ne rentre pas là-dedans, la mairie de Paris est légitime, elle a été élue, il n’y a aucun souci. On pense à l’avenir. Il faut actualiser ce mode d’élection. Le système actuel n’a plus de raison d’exister, il est en vigueur depuis 1982. Le système dans les communes fonctionne bien, étendons-le.

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Je ne peux pas dire si ça changera quoi que ce soit au résultat final. Je sais juste que ça redonnera envie aux Parisiens de voter. 

À Paris, l'équipe municipale de gauche dénonce un tripatouillage...
Ils ont tout à perdre dans un système plus démocratique. Ils n’ont qu’une peur : qu’on change le système qui leur convient parfaitement. En réalité, ça doit dépasser tous les clivages. Des LR, des LFI disent que oui, on doit organiser autrement les élections. Je ne peux pas dire si ça changera quoi que ce soit au résultat final. Je sais juste que ça redonnera envie aux Parisiens de voter. Leur bulletin doit compter autant quelque soit l’endroit où ils habitent dans la ville. C’est un rafraîchissement démocratique. Aujourd’hui, Paris est découpée en deux. Il faut désormais permettre au maire de dire qu’il est maire de toute la ville.

Quel calendrier vous fixez-vous ?
Nous déposerons une proposition de loi à l'Assemblée, j’en serai cosignataire, c'est certain. L’objectif étant que notre proposition soit adoptée avant les Jeux olympiques de Paris 2024. Il n’y a pas d’enjeux municipaux avant. On a encore le temps, les municipales sont dans plus de trois ans. Bien sûr, nous allons travailler sur ce dossier avec les élus lyonnais et marseillais et espérons déposer la proposition d’ici à la fin du printemps.

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Je pense qu’on va avoir une très large majorité à l’Assemblée et au Sénat. 

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Espérez-vous convaincre au-delà des rangs de la majorité ?
Je pense qu’on va avoir une très large majorité à l’Assemblée et au Sénat. Qui peut remettre en cause le mode de scrutin qui existe partout ailleurs en France ? Quel intérêt de garder un système assez injuste, daté, qui coupe les villes en morceaux et qui affaiblit les mairies d’arrondissement ?

Pourriez-vous compter sur le soutien des élus de la Nupes ?
Oui, je pense. J’ai le sentiment que c’est assez largement accepté.