Dans l'industrie, 64 % des chefs d'entreprise estiment que la situation énergétique aura un impact sur leur marge. (ISA HARSIN/SIPA)

Économie

L'activité a progressé dans l'industrie, les services et le bâtiment au premier trimestre, selon l'enquête de conjoncture de la Banque de France publiée ce mardi. Mais la détente sur les prix de l'énergie ne lève pas les inquiétudes.

Les Echos - 12 avril 2023 - Par Nathalie Silbert

« La croissance française est là, elle est solide », s'est félicité mardi matin sur Europe 1 Bruno Le Maire. Alors qu'il doit transmettre le programme de stabilité à la Commission européenne avant la fin du mois, plusieurs indicateurs sont venus dans la journée conforter les propos de l'hôte de Bercy.

Le Fonds monétaire international (FMI) a confirmé s'attendre à une progression de 0,7 % du PIB dans l'Hexagone en 2023, quand l'Allemagne serait en légère récession. Un peu plus tard, la Banque de France a, quant à elle, revu à la hausse sa prévision de croissance au premier trimestre d'un petit 0,1 point, à 0,2 %, malgré le léger repli enregistré au mois de mars, des secteurs comme le commerce, les transports ou l'énergie étant affectés par les manifestions contre la réforme des retraites.

La banque centrale estime toujours que l'économie française devrait croître au rythme de 0,6 % cette année, quand d'autres instituts sont plus pessimistes. Rexecode table, par exemple, sur une hausse du PIB de 0,2 % seulement.

Recul des difficultés d'approvisionnement

La dernière enquête de conjoncture réalisée par l'institution monétaire auprès de 8.500 chefs d'entreprise entre le 29 mars et le 5 avril 2023 confirme de fait la solidité de l'activité économique dans l'Hexagone. « Elle a progressé dans l'industrie, les services et le bâtiment au premier trimestre », a indiqué Hélène Tanguy, directrice des enquêtes et statistiques sectorielles à la Banque de France.

Dans un contexte toujours incertain, elle devrait de nouveau progresser au mois d'avril sauf dans le bâtiment confronté au net ralentissement de la construction de maisons individuelles . Dans des secteurs tels que l'aéronautique, l'automobile, l'électronique-optique, les carnets de commandes sont même bien garnis. La chimie, l'industrie du bois-papier sont, en revanche, moins bien lotis.

Autre bonne nouvelle : les difficultés d'approvisionnement continuent de se résorber. Dans l'industrie, seuls 30 % des dirigeants indiquent y être encore confrontés contre 48 % en septembre dernier. Dans les services, le taux atteint tout juste 20 % (contre 40 %).

Les cours des matières premières évoluent encore de façon contrastée. In fine, dans l'industrie comme dans le bâtiment, les hausses de prix de produits finis ont ralenti en mars. Et « les perspectives pour avril suggèrent globalement une nouvelle détente dans l'industrie et les services marchands, et une stabilité dans le bâtiment », indique la Banque de France. De quoi rassurer Bercy qui mise sur un reflux de l'inflation à partir de mi-2023.

Selon l'enquête, pour le deuxième mois d'affilée, la situation de trésorerie se redresse dans l'industrie. A contrario, elle se dégrade dans les services. Malgré la détente des prix du gaz et de l'électricité, l'énergie reste un sujet de préoccupation . Un quart des dirigeants interrogés jugent ainsi que leur activité a subi l'impact de la situation énergétique en mars et 29 % s'attendent à ce qu'elle soit affectée au cours des trois mois à venir. Plus d'une entreprise sur deux (52 %) estiment que leur marge en pâtira. Dans l'industrie, la proportion est même encore plus forte (64 %).