
Politique
Dans son discours au soir du second des législatives, Gabriel Attal a taclé Emmanuel Macron et s’est posé ouvertement en successeur. Non pas en 2027 mais dès demain, au parlement.
Challenges - 8 juillet 2024 - Par Maurice Szafran
Sur le perron de l’hôtel de Matignon, commentant les résultats de ce second tour des élections législatives anticipées, Gabriel Attal a d’abord rappelé qu’il avait été hostile à cette dissolution. Un premier coup porté d’emblée à Emmanuel Macron. Ce désaccord n’a pas empêché le Premier ministre de relever un défi qui semblait pourtant perdu – empêcher le Rassemblement national d’accéder au pouvoir – de prendre la tête d’une campagne annoncée « désespérée ».
Mais le bientôt ex-Premier ministre ne s’en est pas tenu là. Il a osé. Il s’est en effet ouvertement posé, non pas en héritier, mais en successeur. En 2027 pour la prochaine élection présidentielle ? Non, maintenant, demain au parlement, dans la construction minutieuse d’une coalition en mesure de gouverner. Comment « ouvrir » à droite ? Comment « ouvrir » à gauche ? Gabriel Attal ne sera pas le Premier ministre de ces alliances parlementaires d’un nouveau genre. Mais il pourrait en être le mécanicien, celui qui sert de point nodal, celui qui permet d’aboutir, même vaille que vaille, à un projet de gouvernement.
Et, au passage, un ultime coup de patte décoché au chef de l’État puisque le Premier ministre explique que la vie politique va se déplacer de l’Élysée au palais Bourbon. Un tacle à la gorge !
Le tour de force de Gabriel Attal
En rupture sans équivoque avec le président de la République, Attal, leader en campagne, leader de campagne, a réussi un remarquable second tour. Parmi les premiers, sans hésiter, sans barguigner à l’inverse d’Emmanuel Macron, il a appelé à un désistement républicain qui inclurait les candidats LFI. Sans pour autant dissimuler en quoi que ce soit ses divergences fondamentales avec le parti mélenchoniste qui empêchent à jamais toute entente politique ou quelque coalition que ce soit.
C’est cela le tour de force qu’a réussi Gabriel Attal qui a su profiter pour s’imposer d’une dissolution dont il ne voulait à aucun prix : s’imposer comme l’un des pivots majeurs d’une construction qui sera par définition baroque.
« Ouvrir des brèches »
C’est à gauche, au Parti socialiste, que Gabriel Attal a fait ses débuts en politique. Ses racines vont lui être utiles pour « discuter », « ouvrir des brèches », « trouver des compromis » avec trois des leaders du Nouveau Front populaire, le député européen Raphaël Glucksmann, l’élu de la Somme François Ruffin qui vient, lui, de rompre net avec Jean-Luc Mélenchon, et la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier, l’autre révélation de cette campagne. Avec ces trois-là, Attal trouvera sans doute un langage commun et des points convergences.
Ce serait un progrès considérable.
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