Michel Barnier entend « revoir » les allégements de cotisations pour les entreprises afin de « retirer » 4 milliards d’aides supplémentaires. Sarah Meyssonnier / REUTERS

Dépenses publiques

Les 40 milliards d’euros d’économies en 2025 promis par le gouvernement sont calculés par rapport à une tendance initiale de forte augmentation des dépenses.

Le Figaro - 6 octobre 2024 - Par Julie Ruiz

Pour comprendre l’insoluble équation budgétaire, il faut avoir la bosse des mathématiques. Alors que le projet de loi de finances (PLF) doit être présenté jeudi prochain en Conseil des ministres, le gouvernement annonce près de 40 milliards d’euros d’économies, auxquels s’ajouteront environ 20 milliards d’euros de hausses d’impôts, pour réaliser un « effort budgétaire » total de 60 milliards dans le budget 2025. Ce chiffre de 40 milliards de baisses des dépenses ne doit pas être pris au sens littéral. 

En effet, malgré ces « économies » prévues, la dépense publique augmentera en réalité l’année prochaine, d’environ 2,1 %, selon des prévisions gouvernementales citées par La Tribune du dimanche. À titre de comparaison, cette hausse devrait être de + 4,2 % cette année. Ce coup de frein de 60 milliards vise à éviter le scénario catastrophe d’un dérapage du déficit public à près de 7 % du PIB, qui pourrait se produire « si rien n’est fait », selon les analyses de Bercy.

La dépense publique se compose de trois grands budgets. Le plus important, celui de la Sécurité sociale (qui représente environ la moitié des dépenses), progressera tout de même l’an prochain, mais à un rythme moins soutenu que cette année. Pour freiner cette augmentation, le gouvernement a déjà annoncé plusieurs mesures qui suscitent des polémiques. Le report de la revalorisation des retraites du 1er janvier au 1er juillet (près de 4 milliards d’euros d’économies) par exemple, aura du mal à passer les fourches caudines d’une Assemblée morcelée. 

De même, les allégements de cotisations pour les entreprises, que Michel Barnier entend « revoir », permettront de « retirer » 4 milliards d’aides. D’autres pistes sont évoquées dans le domaine social, comme « le coût des arrêts de travail » ou les « effets d’aubaine » de l’apprentissage, sans objectif chiffré à ce stade. Au total, Éric Coquerel, président LFI de la commission des finances, a affirmé dimanche dans l’émission « Le Grand Jury RTL-Le Figaro-M6-Public Sénat » que le gouvernement prévoirait jusqu’à 15 milliards d’euros « d’économies » sur le budget de la Sécurité sociale.

Recul du budget de l’État

Les dépenses locales représentent la plus petite composante de la dépense publique (environ 20 % du total). Toutefois, les collectivités territoriales ont été accusées par Bruno Le Maire d’avoir contribué au dérapage du déficit en 2024 – qui devrait dépasser les 6 % du PIB – par une augmentation drastique de leurs dépenses. « Lissage des dépenses », « mécanismes de résilience », selon les mots de Bercy, ou réduction progressive de 100.000 emplois dans la fonction publique territoriale, comme le préconise la Cour des comptes : sur les 60 milliards d’euros d’économies prévus dans le PLF 2025, au moins 5 milliards devraient incomber aux communes, départements et régions. Malgré ces coupes, les dépenses des collectivités locales devraient tout de même légèrement augmenter l’an prochain.

"Les arbitrages sont en cours et le Parlement tranchera in fine"

Agnès Pannier-Runacher

Reste enfin le budget de l’État, qui représente le tiers restant. Lui devrait connaître une nette réduction. En quittant son poste à Matignon, Gabriel Attal avait prévu un budget égal à celui de 2024 sur ce périmètre (492 milliards d’euros), ce qui représentait déjà une « économie » de 15 milliards d’euros par rapport à l’augmentation tendancielle des dépenses. Le gouvernement Barnier souhaite ajouter 5 milliards d’euros d’économies supplémentaires en « demandant un effort à tous les ministres », y compris ceux de l’Intérieur, de la Justice et de la Défense, pourtant protégés par des lois de programmation, et en regroupant certains opérateurs de l’État.

Du côté des recettes, en plus des impôts sur les grandes entreprises et les plus fortunés, le gouvernement devrait augmenter la taxe sur l’électricité, abaissée à son minimum pendant la crise énergétique. Sera-t-elle ramenée à son niveau d’avant-crise (32 euros par mégawattheure) ou augmentée ? « Les arbitrages sont en cours et le Parlement tranchera in fine », a déclaré dimanche sur France 3 la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, en mettant en garde sur le « risque » de trop relever la taxe.