Fiscalité

Selon un sondage, une majorité des personnes interrogées considère que taxer les entreprises n’est pas la solution pour réduire le déficit

L'Opinion - 6 février 2025 - Par Muriel Motte

François Bayrou a peut-être réussi à faire voter son budget, mais cette prouesse politique n’a pas du tout rassuré les Français : 71 % d’entre eux ne font pas confiance au Premier ministre pour réduire la dette et le déficit public du pays, révèle le dernier sondage Odoxa. Il s’agit d’un score de défiance inédit sur un sujet qui préoccupe de plus en plus la population. Ses prédécesseurs à Matignon, Gabriel Attal et Michel Barnier, bénéficiaient encore de 36 % de confiance...

Entre reculades, petits accords partisans et alliances de circonstance, tout le monde a compris au fil des semaines que rien n'était réglé et que le plus dur restait probablement devant nous pour assainir les comptes publics. D’ailleurs, comment y parvenir ? Ce n’est pas surprenant, les Français s’opposent massivement (83 %) à une augmentation générale des impôts, qu’ils aimeraient en revanche voir appliquée aux plus riches (76 %).

La vraie nouveauté concerne la taxation des entreprises, majoritairement rejetée (51 %) par les sondés, ce qui n'était pas le cas en septembre dernier encore. N’en déplaise à Sophie Binet, la patronne de la CGT pour qui « les grands patrons et les multinationales coulent le pays », il semble plutôt que la pédagogie dans laquelle se sont lancées les têtes d’affiche du CAC 40 commence à porter ses fruits. « Leur lobbying est un succès, les Français semblent avoir pris leurs menaces très au sérieux », analyse Odoxa.

Tout le monde peut comprendre Florent Menegaux lorsqu’il explique que si Michelin est « deux fois plus cher maintenant en Europe qu’en Asie (...) nous ne sommes plus en capacité d’exporter à partir de l’Europe ». Ce qui menace l’emploi. Ou qu’une hausse de l’impôt sur les sociétés frappant les groupes réalisant plus d’un milliard de chiffre d’affaires dans l’Hexagone revient à « taxer le made in France ». « Les propos de Bernard Arnault ne sont que du bon sens », approuve le patron de TotalEnergies Patrick Pouyanné. Les Français aussi.