Les enjeux de puissance et de sécurité́ et la définition d’un « partenariat » stratégique.

La prise en compte de toutes les intelligences – économique, juridique et artificielle – dans la transformation numérique pour l’autonomie stratégique

muller Feuga PhilippePar Philippe Muller Feuga - Janvier 2019

La Revue stratégique de défense et de sécurité nationale (octobre 2017) analyse le contexte stratégique de la France, et définit son niveau d'ambition en matière de politique de défense et de sécurité nationale.
Complétée par la Revue stratégique de cyberdéfense (février 2018) officialisant le volet offensif de la doctrine cyber-militaire ou LIO (lutte informatique offensive, janvier 2019) faisant suite à la LIDéfensive.

« La maîtrise des ressources et des flux, qu’ils soient matériels ou immatériels, constitue le ferment de nouvelles stratégies de puissance. La haute mer, les espaces aériens et exo- atmosphériques, le numérique, ces espaces communs qui s’interpénètrent et complexifient notre compréhension des enjeux, deviennent ou redeviennent des terrains de rapports de force et parfois de confrontation. » (février 2020, discours du Président Macron, École de guerre). Avec un oubli majeur qui souligne le paradoxe contemporain du supposé chaos ou de l’instabilité des rapports de force post 1991 conduisant à une nouvelle guerre froide 2.0 (Cold World War II)1 en vue d’un rééquilibrage mondial grâce à la data supremacy : l’impératif industriel conforme à la nouvelle économie data driven assurant d’une part la maîtrise absolue de l’information comme valeur déterminante dans le processus de la prise de décision, d’autre part la construction d’écosystèmes interopérables de multi-acteurs souverains2.
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Avec les succès de la reconstruction et de l’expansion économiques, marquées par une forte croissance industrielle et démographique et par la construction européenne s’ouvrant au marché́ (1945-1974), la France a su concilier la puissance, le rang et donc la grandeur dans un monde bipolaire. Il en est tout autre après les chocs ou contre-choc pétroliers (1975-1986), et surtout avec les bouleversements intervenus post 1991-2001, davantage subis que la France n’a su peser selon ses intérêts.
En tant que membre permanent du Conseil de sécurité́ (ONU), et puissance nucléaire reconnue, les changements qui affectent son environnement immédiat (européen) et les menaces sur un ordre mondial incertain la conduisent à une quête vers l’autonomie, voire l’indépendance stratégique. Ils peuvent se décliner en six étapes autour de la question de l’européanisation – limitée ou non – du concept de sécurité́ nationale tant classique que dans l’option numérique, avant de s’interroger, en raison du constat actuel d’abandon industriel en France, sur l’existence ou non d’une volonté́ de puissance déterminante pour établir (ou restaurer) une économie souveraine.

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